Une responsable de l’ONU en Centrafrique a réclamé l’ouverture d’enquêtes sur les violences qui ont secoué Bangui ces derniers jours, faisant une vingtaine de morts dont un casque bleu, dans un communiqué publié vendredi.
“Les attaques contre les officiers de maintien de la paix, le personnel des Nations Unies et la population civile constituent un manquement grave au droit international humanitaire dont les auteurs et les instigateurs, ne doivent pas rester impunis”, a déclaré l’experte indépendante de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Centrafrique, Marie-Thérèse Keita-Bocoum.
“De telles violences à l’encontre de ceux qui sont venus aider le gouvernement et le peuple centrafricains ne peuvent être orchestrées et perpétrées que par ceux-là qui tirent et qui ont toujours tiré profit de la souffrance de ce peuple”, a-t-elle ajouté, en référence aux groupes armés qui ont mis le pays à feu et à sang depuis un an et demi.
“J’exhorte donc le gouvernement, en collaboration avec la Minusca, (force onusienne) à ouvrir des enquêtes afin d’identifier les coupables, de les arrêter et de les traduire devant la justice”, a affirmé Mme Keita-Bocoum.
Après plusieurs semaines d’accalmie, Bangui a été le théâtre de nouvelles violences qui ont fait une vingtaine de morts, dont un casque bleu pakistanais et plusieurs dizaines de blessés depuis le 8 octobre.
Six anti-balaka –milices majoritairement chrétiennes– qui refusaient d’être désarmés ont été tués mercredi à Bangui lors d’échanges de tirs avec les forces internationales.
Ce sont ces milices qui ont paralysé la capitale la semaine dernière, érigeant des barricades sur les grandes avenues, pillant et tuant des civils.
Depuis les affrontements de mercredi, le retour au calme se poursuivait vendredi, même si des tirs sporadiques étaient encore signalés ça et là. Les barricades érigées dans les quartiers nord, fiefs des anti-balaka, ont été démontées par les forces internationales (européenne et onusienne), permettant la réouverture de la sortie nord de Bangui.
Ainsi, 300 camions et 150 véhicules transportant des marchandises et des voyageurs en provenance du Cameroun, ont pu entrer vendredi dans Bangui, alors qu’ils étaient bloqués à Boali (95 km au nord) depuis le début de la semaine dernière.
La Centrafrique, ancienne colonie française à l’histoire jalonnée de rébellions et de coups d’Etat, a plongé dans un chaos sans précédent en 2013 lorsque la rébellion majoritairement musulmane Séléka a pris le pouvoir, plaçant le pays en coupe réglée jusqu’à son départ en janvier 2014.
Les troubles intercommunautaires se sont poursuivis ensuite, les anti-balaka commettant à leur tour d’innombrables exactions contre la population civile, notamment les musulmans qui ont dû fuir Bangui.
Avec AFP