La Mission des Nations unies en Centrafrique, la Minusca, est en cours de déploiement depuis le 15 septembre. Objectif : aider les autorités à stabiliser le pays. Une tâche colossale car beaucoup doit être reconstruit : justice, forces de sécurité, infrastructures… mais aussi confiance. Depuis fin 2012, ce pays connaît une nouvelle crise qui a emporté son administration, son économie et qui a créé des tensions interreligieuses inconnues jusqu’alors.
Notre Dame de Fatima. Les enfants jouent sur le parvis de l’Eglise, au milieu d’une opération de distribution d’aide alimentaire. Des habitants des quartiers environnants vivent toujours là. Ils ne se sentent pas en sécurité chez eux. La paroisse a été traumatisée par les violences. Fin mai 2014, alors que des milliers de déplacés étaient venus chercher refuge sur le site, des combattants qui pourchassaient les anti-balaka sont arrivés et ont jeté des grenades. Il y a eu au moins 15 morts, dont un prêtre. Qui sont ces combattants « Des musulmans », selon les déplacés.
Dans une salle paroissiale qui accueille les familles en fuite, deux femmes expliquent qu’elles ressentent toujours de la méfiance. « Les gens restent à Fatima parce qu’il n’y a pas de sécurité », dit l’une. « C’est à cause des musulmans qui n’ont pas été désarmés que nous restons ici, poursuit l’autre. Il y a trop
Peur partagée par les chrétiens et les musulmans
La peur chez les chrétiens, mais aussi chez les musulmans. Des déplacés continuent également à vivre à la mosquée centrale. Un homme raconte qu’il est arrivé là le 25 janvier et que depuis, il vit sous une bâche. « Les déplacés qui sont ici à la mosquée centrale ne peuvent pas circuler, déplore-t-il. Aller dans les quartiers, non, non, non… Si on va dans les quartiers, directement les anti-balaka vont nous attaquer. »
Au marché du kilomètre 5, l’enclave musulmane de Bangui, on peut encore rencontrer Mohamed Zene, l’imam adjoint de la mosquée du quartier de Fouh, l’une des nombreuses mosquées détruites dans la fureur de décembre. Lui non plus ne pense pas encore pouvoir rentrer chez lui : « Là, pratiquement, il n’y a pas un musulman de l’autre côté [à Fouh]. Si un musulman se présente là-bas, ce sera difficile pour lui. Les musulmans du quartier sont partis vers le Cameroun, le Tchad, ils sont venus vers le kilomètre 5. »
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