Si nous condamnons avec la plus grande fermeté les récents crimes odieux perpétrés contre la France par les criminels fous de Daesh, nous avons beaucoup de mal à comprendre la réaction de nos Chefs d’Etat et dirigeants face aux victimes africaines du terrorisme.
La souffrance des Kenyans, Camerounais, Tchadiens, Nigérians, victimes de plusieurs attaques de Boko Haram et des islamistes Shebab n’interpelle-t-elle pas nos Chefs d’état ?
Pour beaucoup de nos dirigeants et responsables politiques, un mort dans un attentat du groupe Daesh à Paris pèse plus lourd que 100 morts dans un attentat des islamistes Shebab à Garissa au Kenya ? Jugez-en vous-mêmes :
- 21/09/2013 : attaque terroriste des islamistes Shebab dans le centre commercial Westgate à Naïrobi au Kenya, bilan 68 morts. Aucun Chef d’état africain à Naïrobi.
- Janvier 2015 : attaques terroristes Charlie Hebdo et Hyper Cacher à Paris, bilan 17 morts. 4 chefs d’état africains ont fait le déplacement de Paris, Boni Yayi du Bénin (en pleurs), Ali Bongo Ondimba du Gabon, Macky Sall du Sénégal, Ibrahim Boubacar Keita du Mali.
- 02/04/2015 : attaque terroriste de l’université de Garissa au Kenya, 148 étudiants tués, aucun chef d’état africain présent.
- 13/11/2015 : attentats de Paris, 129 morts ; le Bénin décrète un jour de deuil national ; Au Congo Brazzaville, le groupe musical EXTRA MUSICA se déplace au consulat de France à Brazzaville (on sait que l’obtention du visa est dur, mais quand même…) ; En Centrafrique, nos « présidentiables » et les Autorités de Transition se sont déplacés en masse le dimanche 15 novembre à l’ambassade de France à Bangui pour présenter leurs condoléances à Monsieur l’ambassadeur (les élections arrivent à grands pas…).
Les forces du mal qui ont frappé la France les 07 janvier et 13 novembre 2015 sont les mêmes qui ont attaqué le Kenya les 21 septembre 2013 et 02 avril 2015. Alors pourquoi nos dirigeants n’ont-ils pas été à Garissa ? Pourquoi les 148 morts de Garissa n’ont-elles pas suscité la même émotion chez nos dirigeants que les 17 morts de janvier à Paris ?
Au 21ème siècle, avons-nous encore cette mentalité du « nègre de maison » dont parlait jadis MALCOM X ? Au point de pleurer les morts du « maître » plus que nos propres morts ?
A Montpellier Chibazo-Théophilus OKOYE