LIBREVILLE — De Libreville le 25 Novembre dernier, à la demande des autorités de transition de la Centrafrique, la transition politique menée par Catherine Samba-Panza devait se prolonger, et les élections repoussées, pour raisons sécuritaires et financières.
La CEEAC a agréé à cette demande. Ajoutant dans un premier temps qu’il valait mieux repousser les élections au mois de mars 2016, pour ensuite ne rien préciser dans son communiqué final.
Ce fut d’ailleurs le bilan tenu à la presse à l’issue de ce sommet extraordinaire sur la Centrafrique.
Cependant, le communiqué final de la CEEAC, entretenant le flou, déclare soutenir le chronogramme électoral déjà promulgué par l’A.N.E, la structure d’organisation de ces élections, tout en estimant que les conditions n’étaient pas requises pour son exécution.
De même, pour le président congolais Denis Sassou N’Guesso, ces élections doivent être repoussées.
La presse à Libreville n’a fait que diffuser ce qui fut énoncé lors des séances.
Point que de retour à Bangui, le Premier ministre Mahamat Kamoun qualifie de “rumeurs circulant à Libreville jusqu’à Bangui.”
LE FLOU ARTISTIQUE
Car si la transition est prolongée, quel est donc l’utilité des élections en Décembre ?
En pratique, au plus tard fin Janvier 2016, un chef de l’état sera élu, en suivant ce programme.
Mais la transition elle, perdurera jusqu’au mois de Mars 2016.
QUE FERA ENTRE TEMPS LE NOUVEAU PRESIDENT ELU ?
SE CROISER LES BRAS ET ATTENDRE ?
A Bangui, Julius Rufin Ngoadebaba, le rapporteur général de l’A.N.E, de déclarer : « La prolongation de la transition jusqu’au 31 mars, n’a aucun effet sur le calendrier électoral. Par conséquent, le referendum aura bel et bien lieu 13 décembre. Ensuite le premier tour des élections présidentielles et législatives le 27 décembre et le deuxième tour le 31 janvier 2016 ».
Argument avancé, “il faudra du temps pour préparer la passation de pouvoir”. Il faut deux mois pour cela ?
En vérité, à Libreville, l’idée au final de maintenir les dates des élections générales a fait irruption lors de la promesse gabonaise d’offrir 1 milliard de F CFA pour le financement de ces élections.
Or 1 milliard de F CFA, soit environ 1.6 million de $, cela ne couvre pas la déficit de 4 millions de $ de l’A.N.E.
Les représentants des chefs d’état de la CEEAC se sont néanmoins engagés à combler le déficit.
Soit, mais quand ? Nous sommes déjà fin Novembre.
Par ailleurs, si les autorités se félicitent des 2 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales, il conviendrait d’y regarder de plus près, car les conditions de recensement furent tout simplement déplorables.
Des milliers de personnes se sont inscrites sous plusieurs faux noms, de fait, les contrôles d’identité ne purent être menés à bien, faute d’administration en place pour les vérifications.
Y ajouter près de 80% des recenseurs qui n’ont pas été payés pour leur travail.
Le danger évident, est une course inévitable vers des fraudes massives.
ILS N’ONT PAS LU LE CHRONOGRAMME
Pour un diplomate européen à Libreville, témoignant sous anonymat :
“Manifestement, les états voisins de la Centrafrique sont lassés de sa crise sans fin, raison pour laquelle, à part le chef de l’état congolais, les autres ne sont pas venus. Ce fut une rencontre plus qu’à minima, mais assez inquiétante pour la suite.
Et les représentants des Etats, manifestement n’ont pas dû lire le chronogramme électoral centrafricain, autrement, il n’y aurait pas eu cette contradiction voulant la prolongation de la transition, et le maintien des dates des élections en même temps. C’est incompatible. Cela créerait une première, soit deux gouvernements à la tête du pays, celui de la transition, et celui nouvellement constitué par l’élu à la magistrature suprême. Ceci est intenable.
A notre sens pour eux, tout est repoussé à Mars 2016.
Et il serait difficile de procéder autrement, les fonds d’action faisant défaut.
Et on ne se lance pas dans des opérations aussi lourdes que des élections, sur uniquement des promesses. Ce serait de l’amateurisme.
Il appartient au gouvernement de transition de tout simplement se mettre en conformité sur les dates. Si transition prolongée, élections reportées de même. La fin de la transition doit coïncider avec la mise en place du futur pouvoir élu. Ceci devrait être une évidence.”