Bangui - "On nous avait prédit l'Apocalypse" mais "il n'y a pas eu un coup de feu", s'est félicité l'archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, mardi sur Radio Vatican, au lendemain de la visite présentée comme très risquée du pape François en Centrafrique.
"Il n'y a pas eu un coup de feu au Kilomètre 5 (le quartier musulman) ou sur la place de la cathédrale. On nous avait prédit l'Apocalypse, elle n'a pas eu lieu", s'est félicité Mgr Nzapalainga après l'accueil triomphale réservé au pape dimanche et lundi à Bangui.
L'archevêque, qui est un des artisans de la réconciliation en Centrafrique, avait insisté pour que le pape maintienne sa visite dans ce pays déchiré par des violences inter-communautaires, en dépit des avertissements lancés en particulier par la France sur l'impossibilité de garantir la sécurité des foules.
Lundi dans l'avion du retour vers Rome, le commandant de la Gendarmerie vaticane, Domenico Gianni, s'était montré ravi du succès de la visite au plan sécuritaire à Bangui, où la force de l'ONU Minusca était omniprésente et lourdement armée sur tous les itinéraires de la visite.
"Nous sommes un peuple abandonné, un peuple meurtri, un peuple oublié (...). Le Saint père est venu délivrer un message d'espérance", a résumé Mgr Nzapalainga, qui anime avec un imam et un pasteur une "plateforme inter-religieuse" pour la réconciliation.
"Nous pensions qu'il était important qu'il y ait un message venu d'ailleurs", a-t-il expliqué. "François nous a dit qu'il faudrait qu'on accepte la pénitence et lui-même a donné l'exemple en confessant des jeunes à la cathédrale".
L'archevêque s'est dit particulièrement touché par la visite du pape à la mosquée centrale: "François a enlevé ses chaussures, allant se recueillir et se faisant proche des musulmans. Et il a dit: +Si je ne venais pas ici aujourd'hui, chez les musulmans, il me manquerait quelque chose. Une part de nous se trouve dans l'autre+".
Il a espéré "un sursaut patriotique" à l'élection présidentielle prévue ce mois-ci, alors que les candidats se multiplient: "Il va falloir faire des sacrifices, accepter que l'un ou l'autre en notre nom deviennent notre président", a-t-il prévenu.