L’archevêque de Bangui revient du synode sur la famille qui a eu lieu à Rome. Dieudonné Nzapalainga explique à la Voix de l’Amérique les débats qui ont eu lieu au Vatican.
Dans quel état d'esprit s'est tenu ce synode ?
Dieudonné Nzapalainga : "Ce synode de Rome s'est déroulé dans un état de fraternité et de sérénité. Je peux même dire de convivialité. Le Saint-Père était avec nous. Il a posé une question existentielle qui concerne la famille. Chaque évêque, de chaque continent, a présenté son expérience. L'Evangile a un message, c'est-à-dire que nous devons écouter le message du Christ. C’est ce que nous avons fait pendant deux semaines, sereinement, même s’il y a pu avoir des différends. "
Y a-t-il des divisions continentales sur la question du mariage homosexuel ?
Dieudonné Nzapalainga : "Aujourd’hui, d’un continent à l’autre, les problèmes ne sont pas les mêmes. Si vous venez en Centrafrique, je peux vous dire que le problème numéro un n’est pas le mariage homosexuel. C’est plutôt la question de la réconciliation et du pardon. Ici, notre problématique est différente. C’est la même chose en Europe ou ailleurs. L’essentiel est de nous écouter les uns et les autres. Nous partons au synode avec des convictions. A la fin, malgré ces différences, il faut aboutir à un esprit de communion."
En clair, vous dîtes que le mariage homosexuel ou l’ordination des femmes ne sont pas la priorité des Africains.
Dieudonné Nzapalainga : "Je dis que, pour le moment, si vous demandez cela aux Chrétiens, ce n’est pas la priorité. En revanche, dans une autre église, ailleurs, cela peut être la priorité et je dois l’entendre."
De nombreux Africains ont été choqués par la publication de ce document intermédiaire, publie avant la fin du synode. Ce texte affirmait que les homosexuels ont "des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne". Qu'en pensez-vous ?
Dieudonné Nzapalainga : "Je pense que tout homme, créé à l'image de Dieu, a des qualités et des compétences. Comme l'a dit le Pape : "qui suis-je pour le condamner ?" Par contre, les uns et les autres ne doivent pas nous obliger à rentrer dans la dynamique de ce que font ou pensent d'autres personnes. Il faut respecter l'anthropologie chrétienne qui dit que l'homme et la femme dans leur pratique de la communion, vivent ensemble, sans autre orientation. C'est la liberté des enfants de Dieu mais nous n'encourageons pas cette pratique."
En quoi le pontificat de François est-il diffèrent de celui de Benoit XVI ?
Dieudonné Nzapalainga : "François a su rassembler tout le monde avec son humilité et sa douceur. Ce sont des qualités qui lui sont propres. Il est habité par la joie et il veut que la joie de l'Evangile puisse advenir dans la vie de chaque croyant. Il a demandé que nous puissions parler avec franchise, sans peur ni tabou et nous avons apprécié."