Bangui (Centrafrique) - L’ambassadeur de France en Centrafrique, Charles Malinas, a appelé la communauté musulmane et les éléments des forces Sangaris à vivre en paix en se faisant mutuellement confiance et à compter sur Paris qui va les aider dans cette voie.
''Vraiment la France est à vos côtés même si vous avez parfois de rancœur, même si vous avez parfois des mots durs. Cela n'est pas grave. Moi, je comprends vos frustrations. Je suis avec vous. Je travaille pour vous » a déclaré, le mercredi 22 octobre, l'ambassadeur de France, M Charles Malinas.
Il s'exprimait lords d'une réunion de réconciliation entre les forces de l'opération Sangaris et les musulmans de l'enclave du quartier KM5 dans le 3è arrondissement de Bangui, en présence des responsables des forces internationales et quelques membres du gouvernement.
Au terme de la réunion, on a procédé à l'effacement sur les murs des graffitis du genre : ‘'non à la France'', ‘'Sangaris dehors !'', ‘'nous ne voulons pas des Sangaris : Traitres''.
Se disant contre la campagne de dénigrement des forces internationales entretenue par les musulmans de KM5, il a déclaré : ‘'Il faut qu'on se fasse confiance mutuellement et on y arrivera''.
Ainsi, le diplomate a exhorté les uns et les autres à tourner ‘'la page sombre'' de la relation entre les forces internationales et les musulmans.
Exprimant ses regrets quant aux attentes exprimées par la communauté musulmane de KM5 à l'endroit des forces internationales en présence, le diplomate a déclaré : ‘'je comprends vos frustrations. Je comprends le ressentiment que vous pouvez avoir parce qu'il y a des situations où vous pensez que les forces internationales auraient dû faire quelque chose et elles ne l'ont pas fait. Et si elles ne l'ont pas fait peut-être qu'elles n'étaient pas en situation de le faire''.
Cette rencontre a permis par la communauté musulmane de KM5 de présenter ses récriminations vis-à-vis des forces internationales particulièrement les troupes de l'opération Sangaris.
‘'Comment comprendre le comportement de ces forces internationales qui auraient pu éviter les évènements du 19 et 20 août 2014 et le blocage répété sur le pont Jackson et qui ont plutôt opté pour l'escalade de violence avec la communauté musulmane du KM5 et l'isolement cyclique du KM5 ?'', s'est interrogé le président de l'organisation des jeunes musulmans de Centrafrique, Youssouf Mahamat, déplorant le blocus de leur enclave par des bandits armés qui'' ont pris en otage toute une communauté à cause de leur appartenance religieuse pendant onze mois''.
‘'Comment voulez-vous que la communauté musulmane de KM5 ne puisse pas exprimer son ras-le-bol et son hostilité à l'égard de ces forces?'', a-t-il insisté.
Selon M. Youssouf, l'espoir qu'espérait la communauté musulmane de Centrafrique au lendemain des déploiements des forces internationales a cédé la place ‘'au désespoir, au désaveu et à la méfiance à l'égard des forces internationales''.
Pendant onze mois de crise inter communautaire les musulmans ont vécu dans trois enclaves : Boda, Yaloke et Bangui. Ces crises ont occasionné dix mille tués, cinq cent mutilés, deux cent femmes réduites en esclaves sexuelles à Guin, cent convertis par la force dans le christianisme à Ngotto, six cent trente peuls cloitrés à Yaloké et vingt mille musulmans de Bangui persécutés.