Notables, représentants d’associations de femmes et de jeunes du Km 5, dans le troisième arrondissement de Bangui, étaient réunis mercredi. Avec eux se trouvaient également l’ambassadeur de France, Charles Malinas, et des représentants des forces internationales déployées en Centrafrique. Objectif ? Evaluer la situation sécuritaire dans ce secteur.
Youssouf Hamat, le président de l’Organisation des jeunes musulmans de Centrafrique (OJMC), n’a pas caché le sentiment de déception de sa communauté. « L’arrivée des Casques bleus, des soldats de l’opération Sangaris et ceux de la force européenne (Eufor-RCA) tant espérée par la minorité musulmane devait permettre d’éviter le pire. Malheureusement, ces forces internationales n’ont pas empêché les massacres et le nettoyage des Musulmans de Centrafrique », a-t-il déploré.
Charles Malinas, l’ambassadeur de France, lui a répondu qu’il comprenait son sentiment mais que les forces étrangères étaient animées de bonnes intentions.
« Je comprends votre frustration. Je comprends le ressentiment que vous pouvez avoir parce qu’il y a des situations où vous pensez que les forces internationales auraient dû faire quelque chose, puis ne l’ont fait », a indiqué le diplomate.
« Et peut-être, si elles ne l’ont pas fait, c’est parce qu’elles n’étaient pas en situation de le faire. Je pense que dans toutes les forces internationales qui sont là, il y a une vraie volonté d’aider la Centrafrique », a ajouté l’ambassadeur.
Même si le ressentiment persiste, la virulence contre les forces étrangères a diminué au Km 5. Le ton semble avoir changé. Preuve : toutes les inscriptions du genre « Non à la France ! Non à la Sangaris », sur le monument Koudoukou, ont été effacées.
La communauté musulmane du Km 5 s’était montrée hostile à l’égard de la force française Sangaris, depuis début décembre 2013.
Pendant que se tenaient ces échanges au Km 5, la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation de Centrafrique (MINUSCA) a annoncé avoir pris des mesures en vue d’arrêter et traduire en justice les auteurs des violences qui ont endeuillé Bangui au cours des deux dernières semaines.
La décision a été annoncée, lors de sa conférence de presse hebdomadaire, par le chef du bureau de la communication et de l’information publique à la MINUSCA, Myriam Dessables. « Des rencontres ont eu lieu avec les ministres de la Justice, de l’Intérieur et de la Défense nationale, le conseiller à la présidence, le procureur de la République de Bangui, le bâtonnier et la société civile pour préparer des jugements et des arrestations des auteurs confirmés des auteurs des violences des dernières semaines. Ces rencontres visent à renforcer la collaboration avec les autorités locales pour que les responsables des crimes, anciens et récents, soient déférés devant la justice et punis conformément à la loi », a indiqué Myriam Dessables. Elle a précisé que la division des droits de l’Homme de la mission des Nations unies avait enquêté, au cours de la dernière quinzaine de jours, sur plusieurs cas.