N’DJAMENA — Même si parler de la nation centrafricaine est aussi utopique que de parler de l’Italie du 19éme siècle, “expression géographique seulement” disait le chancelier autrichien Maeterlinck, force est de reconnaître cependant, que dans ce bout de terre qui est le coeur magnétique et géographique de l’Afrique, et il y a encore peu dénommé ‘Oubangui Chari”, et dont la puissance coloniale française de son bon droit auto-proclamé dessina les frontières selon son bon vouloir, il y a des gens qui vivent dedans.
Et ces gens, depuis, si on ne remonte qu’à la période coloniale, ne font que subir contre leur gré, les desiderata et diktats d’oppresseurs successifs.
De “terre économiquement exploitable jusqu’à épuisement”, pour reprendre une expression de Magloire Lamine, c’est devenu après l’impôt de capitat, une version à peine déguisée de l’esclavage inventée par les français, le lieu de toutes les folies.
FAUSSE INDEPENDANCE
Le mot est de De gaulle que les centrafricains par ignorance aiment tant :
“Les nègres veulent l’indépendance ? Ils ne savent même pas ce que c’est.
S’ils la veulent cette indépendance, qu’ils la prennent, donnons-leur, mais la France doit y conserver ses prérogatives.”
Décodé, le monsieur disait qu’il fallait toujours maintenir ces pays tropicaux sous contrôle – c’est-à-dire sous la main pour continuer à exploiter leurs richesses. Et c’est devenu la politique de la fameuse FRANCAFRIQUE, magistralement illustrée par l’arme absolue d’oppression, le Franc CFA, cette monnaie de singe qu’il y a une dizaine d’années, un économiste sénégalais, sans doute bien bourré, trouvait moyen de justifier.
Ce qui deviendra la RCA, avant même son indépendance était déjà dans la mouise.
Boganda eut le malheur de trop ouvrir sa noble bouche de Prince lobayen, les français l’ont occis derechef.
Et manifestation de leur pouvoir, depuis le 29 mars 1959, elle a bloqué toute enquête sur les circonstances de sa mort, et pour cause.
Nous avons actuellement une sorte de ditto avec des Sangaris violeurs d’enfants.
L’enquête est verrouillée et étouffée par Paris.
Que l’on ne se fasse pas d’illusion, il n’y aura pas de suite.
LE MARTYR SANS FIN
Dès la pseudo indépendance, David Dacko eut la très bonne idée de tout bloquer, en apprenti dictateur qu’il était, ouvrant la liste d’une longue chaîne, en imposant un parti unique, par le détournement du MESAN de BOGANDA.
Son cousin Bokassa qui le boutera dehors amplifiera le fait.
Et les centrafricains de vivre cela sans pouvoir s’y opposer.
La chape de plomb remontant à l’esclavagisme arabe et français d’encore perdurer.
Qui les a consulté pour subir des dictateurs auto-proclamés ?
Qui les a consulté pour subir les Accords de Libreville et ses suite depuis dans le pays ?
Les voilà à avoir sur leurs dos des guguss se disant “conseillers” et qui décident encore de leur destinée !
A subir les caprices et l’incompétence d’une diva “empagnée” sans expérience politique, totalement hors sol, et désignée par moins de 80 personnes comme présidente dite de transition du pays. Du jamais vu ! Même du temps du Soviet Suprême, on faisait semblant de voter en étant plus de 80.
On s”y fierait si on vivait dans l’univers déjanté de Tex Avery.
Conséquences….
Nous sommes dorénavant dans des imposés que critiquer deviendrait suspect.
IL FAUT DES ELECTIONS
IL FAUT UNE CONSTITUTION
Sauf que, ces crétins ont mis la charrue avant les boeufs.
L’approbation du texte constitutionnel conditionne la bonne régularité des élections à suivre.
Imprévoyance ? Amateurisme ?
Pas du tout.
TOUT CECI FUT SAVAMMENT CALCULE !
Pourquoi ? Pour ne pas laisser le temps aux centrafricains de se retourner.
Le texte du projet constitutionnel ne fut que livré au public il y a moins de 15 jours.
Dans quel intérêt ? Pour que des malins n’y regardent pas de trop près, et que les gens, à plus de 80% illettrés, le votent sans même savoir pourquoi.
Ainsi, dans la foulée de la précipitation, on votera sans problème, surtout si c’est vite dit.
La chienlit dans le pays est une aubaine pour les crocodiles de la politique. Ces mêmes que l’on voit depuis que l’on est tout petit.
Eux ont tout à gagner à des élections rapides et mal faites.
Pour faire quoi après du pouvoir ? Ca c’est une autre sucette !
PROJET CONSTITUTIONNEL LE PIEGE A CON ABSOLU
Le texte du projet constitutionnel est rempli de vices.
Magistralement analysé en détail par ma consoeur Sandra Martin-White (et elle s’y connaît, c’est une juriste de haut vol) recèle la pire des saloperies : l’institution, comme ça en douce, d’un SENAT EN CENTRAFRIQUE !!
Parbleu ! Quelle drôle d’idée !
En vérité, pas fous, le CNT a inventé cette usine à gaz pour se caser tranquille après la transition.
Leur sorte de maison de retraite en quelque sorte, aux frais de la princesse.
Car il est prévu que ces couillons auront le même train de vie que des députés.
Les Samba-Panza et autres N’Guendet, disqualifiés pour les élections, pourront là se caser sans problème.
Ainsi, une fois de plus, dans une précipitation orchestrée, les centrafricains voteront pour cela sans même savoir pourquoi.
Tout comme, et on s’en fout, ils voteront à vide pour un président qu’aura choisi la France en bout de rail. Seuls des naïfs peuvent faire semblant d’y croire à l’indépendance politique et la libre auto-détermination de la RCA.
L’ancienne puissance coloniale sait parfaitement que ces élections se passeront mal. Qu’il y’aura de la fraude massive, et alors ?
Elle n’en a cure, elle veut vite un goyo local bien docile et obéissant pour servir de transmetteur pour ses intérêts, sans que ça gêne dans les encoignures. C’est tout de même le pays des Droits de l’homme non ? Y a une image à entretenir.
Le business colonial doit continuer, qui est fou ?
Pour cela qu’après les élections, ce sera la bascule à la normalité de la FRANCAFRIQUE.
Les agitations militaro-chose, pas bon pour le climat des affaires.
Maintenant, tout mettre sur le dos des français, est tout aussi futile, puéril, irresponsable et autistique, car “quand il y a des enculeurs, c’est qu’il y a des gens à enculer non ?”
Ce ne sont pas les français qui quasi quotidiennement égorgent des gens en RCA, mais des bien des centrafricains.
Les français exploitent notre grosse bêtise, c’est tout. Pourquoi le leur reprocher ?
Et à ce jeu de con, ce n’est pas la descente aux enfers qui nous attend, on y est déjà, mais l’entrée directe dans la boîte de Pandore.
Et dans ce machin, ça ne rigole pas !!