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Les Centrafricains "pas surpris" par l’exclusion de l’ex-président Bozizé
Publié le jeudi 10 decembre 2015  |  AFP
François
© AFP par DR
François Bozizé, ancien président
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L'exclusion de l'ancien président François Bozizé de la liste pléthorique des 30 candidats à la présidentielle du 27 décembre en Centrafrique a provoqué le mécontentement de ses partisans qui ont érigé des barricades et tiré dans leurs quartiers, mais elle "n'a pas surpris" grand monde à Bangui.

Sur 44 candidats, a décidé la Cour constitutionnelle centrafricaine, 14 ne pourront concourir à la présidentielle, dont François Bozizé, renversé en mars 2013 par la rébellion Séléka à dominante musulmane et sous le coup de sanctions internationales.

François Bozizé, impliqué dans deux tentatives de coup d'Etat ratées et un troisième réussi en 2003 avec l'appui du Tchad, est sous le coup de sanctions internationales. Il est fortement soupçonné, après son renversement, d'avoir instrumentalisé les milices anti-balakas qui ont mené une violente chasse aux musulmans dans Bangui et le reste du pays. Actuellement en exil, il fait également l'objet d'un mandat d'arrêt émis par le gouvernement de transition centrafricain.

L'annonce de son éviction, bien qu'attendue, et celle de Patrice-Edouard Ngaïssona, chef d'une frange des anti-balaka, a vite circulé mardi dans la petite capitale: en fin d'après-midi, des tirs étaient entendus et de jeunes partisans de Bozizé et de Ngaïssona en colère, érigeaient des barricades dans huit quartiers. Plusieurs cas de braquages de véhicules ont également été signalés. Avant de retrouver un semblant de calme à la tombée de nuit.

Le porte-parole du candidat anti-balaka, Igor Lamaka, dit vouloir faire appel et dénonce une "décision politique" contre Patrice-Edouard Ngaïssona. En cas de nouveau refus, "nous prendrons nos responsabilités", menace-t-il.

"Si c'est au peuple de décider, pourquoi on n'a pas laissé tout le monde concourir plutôt que de faire une pré-sélection?", demande Joseph Kouango, un commerçant agacé. "Demandez aux gens, beaucoup veulent que Bozizé revienne!".

Mais Olive, serveuse, se dit "soulagée" par le choix des juges.

"Des criminels qui mériteraient d'être en prison, on les laisse se balader comme ça et en plus ils pourraient se présenter pour devenir présidents? La Centrafrique n'est pas une poubelle!", proteste la jeune femme en riant.

Dans les milieux politiques et sécuritaires, la cause était entendue depuis longtemps, et personne ne s'est dit "surpris" par l'éviction des deux hommes.

- 'Trouver un Ouattara centrafricain' -

"Nous nous attendions à peu près à cette liste. Maintenant, on sait de façon certaine qui on a en face de nous et on peut se lancer dans la campagne", indique-t-on simplement dans l'entourage d'un des favoris, Karim Meckassoua.

D'autres poids lourds de la classe politique centrafricaine comme Martin Ziguelé et Anicet-Georges Dologuélé ont également vu leurs candidatures validées, tout comme les fils de deux anciens chefs de l'Etat, Désiré Kolingba Nzanga et Sylvain Patassé-Ngakoutou.

"Il faut que la RCA soit en mesure de nous trouver un Ouattara centrafricain: la Côte d'Ivoire est revenue de loin parce qu'il est visionnaire", confie un ministre sous couvert d'anonymat, en référence au chef de l'Etat ivoirien. "Nous devons en finir avec les élections basées sur le régionalisme et l'ethnicisme (...) il faut un fin diplomate capable de négocier avec les bailleurs de fonds et de remettre le pays sur les rails".

Le premier tour de la présidentielle et des législatives est prévu le 27 décembre, après un référendum constitutionnel dimanche.

L'organisation du vote s'annonce toutefois complexe dans les régions contrôlées par des chefs rebelles, dont Nourredine Adam, ex-numéro 2 de la Séléka, qui a prévenu qu'il s'opposerait à la tenue des élections dans sa région du nord.

Mais pour Lewis Mudge, chercheur à Human Rights Watch (HRW), les absents du processus électoral devront répondre devant la justice: "il est aujourd'hui temps" de poursuivre les responsables présumés des atrocités, notamment grâce à la mise en place d'une Cour pénale spéciale chargée de juger les crimes les plus graves.

"Bozizé va devoir rendre des comptes pour les crimes commis sous sa présidence (2003-2013), tout comme les membres des différents groupes armés, qu'il s'agisse des anti-balaka ou des Séléka", estime-t-il.
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