Quasiment tous les candidats à la députation ne se privent guère de faire des promesses fallacieuses aux électeurs de leur circonscription. Ceux-ci promettent monts et merveilles à leurs électeurs alors que le rôle d’un député est de voter les lois et de contrôler l’action du Gouvernement. En effet, les lois votées par les Députés émanent des projets de loi du Gouvernement ou des propositions de loi qui ne sont que les initiatives des autres parlementaires.
En revanche, le contrôle sur l’action gouvernementale s’effectue à travers 4 procédures : Dans un premier temps les questions orales, dans un second temps les questions écrites, dans un troisième temps l’interpellation et pour terminer la motion de censure. Par dessus tout, les Députés peuvent également mener des enquêtes spécifiques ou engager des audits parlementaires. Chose curieuse, de nombreux prétendants à l’Assemblée Nationale promettent à leur électorat de nouvelles infrastructures routières, des édifices publics, des ponts complètement rénovés, des logements sociaux etc… A entendre tous ces pratiquants de l’art du « mentir vrai », la campagne électorale se serait érigée en un championnat national de propos démagogiques. Il est peut-être temps que chaque état major politique explique réellement le rôle d’un parlementaire à tous ses militants qui ambitionnent le fauteuil législatif. Il est surtout grand temps que la vague déferlante des candidats indépendants à la députation évitent de polluer la campagne électorale avec des promesses grotesques comme si un député dispose un budget spécifique à l’Assemblée Nationale. En clair, la parole politique devra être professionnalisée de peur que le « mentir vrai » soit établi au burin et au fusain par la politicaillerie centrafricaine comme une méthode appropriée de persuasion électorale.
A quelques heures du prochain scrutin groupé, il est aisé que chaque candidat à l’élection législative sache le rôle qu’il est désormais appelé à jouer si jamais les électeurs de sa circonscription lui accordent leur suffrage. Puisqu’un Député peut également initier une proposition de loi à l’Assemblée Nationale, il serait souhaitable que ces candidats, qui passent la majeure partie de leur campagne électorale à produire un tissu de mensonge aux électeurs, puissent proposer à ceux-ci une initiative de loi Anti-casseur ou une autre loi contre l’ingérence abusive des enfants des hautes personnalités du pays dans la gestion de la chose publique. Puisque c’est devenu un modèle de vie en Centrafrique, les Députés pourraient au moins mettre fin à cette chienlit qui n’a que trop duré. Mots contre maux.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE