La présidente centrafricaine, Catherine Samba-Panza, a exprimé devant le Conseil national de transition(CNT), son exaspération et sa colère face à la situation en république Centrafricaine. Le moins que l’on puisse dire, c’est que par sa sortie, dame Panza a sonné le glas de l’impunité en RCA. Elle a décidé d’aller en guerre contre la situation délétère du pays, par le biais d’un vaste plan qui inclut la création d’une unité rapide d’intervention, capable de sécuriser efficacement les populations. Instruction a été également donnée aux magistrats, afin qu’ils jouent leur partition pour l’instauration de la Justice en Centrafrique et un appel a été lancé à la CPI pour compléter la Justice interne du pays. Celle qui paraissait jusque-là amorphe dans la gestion de la crise centrafricaine, a décidé de hausser le ton. Et c’est heureux en ce sens que la chienlit centrafricaine n’a que trop duré ; la paix est à tout moment compromise par la violence récurrente. Si dame Panza a fait cette sortie énergique, c’est qu’elle a dû comprendre qu’elle était en train de perdre la main. Avec la nomination d’un Premier ministre contesté, en la personne de Mahamat Kamoun, elle s’était quasiment retrouvée abandonnée de toute la classe politique centrafricaine. Aussi, l’épisode noir de la manne angolaise a contribué à ternir l’image de celle qui s’était donné quelques mois pour remettre la Centrafrique sur le droit chemin. Pour restaurer son autorité affaiblie, ce coup de gueule de dame Panza s’imposait donc. La présidente de transition veut secouer le cocotier centrafricain, mais pour cela, elle aura du pain sur la planche.
L’accompagnement de tous les partenaires de la RCA est indispensable
En effet, une chose est de prendre des engagements, et une autre est de les traduire en actes concrets. Pour que ce vaste programme soit appliqué, le premier défi à relever est celui de la sécurité. Les magistrats l’avaient dit, le climat d’insécurité en Centrafrique ne leur permet pas de travailler à restaurer la Justice dans le pays. Avec les menaces réelles qui pèsent sur leur vie, comment juger les criminels ? Certes, une unité d’intervention rapide est annoncée. Mais, encore faut-il qu’elle ait les moyens humains et matériels de sécuriser effectivement le pays ; toute chose indispensable pour un retour à la normale.
Somme toute, au regard des nombreux soutiens qui lui ont été accordés récemment, et de la fermeté dont a fait montre dame Panza dans son discours, on peut être amené à croire que les moyens matériels ne lui feront pas défaut. Mais qu’en sera-t-il des moyens humains ? Autrement dit, comment disposer d’hommes compétents et sans parti pris, dans un contexte profondément marqué par des ségrégations d’ordres politico-religieux ?
Cela dit, les Centrafricains doivent se rendre à l’évidence que personne ne viendra résoudre les problèmes du pays à leur place. C’est dire qu’ils ont intérêt à travailler de concert avec la présidente et non à lutter contre elle.
Par ailleurs, l’accompagnement de tous les partenaires de la RCA est indispensable à la réussite de cette grande manœuvre. Mais il faudrait également que dame Panza se donne les moyens d’arriver à ses fins, par une gouvernance irréprochable. Si comme elle l’a dit, elle n’a aucune appétence du pouvoir, elle aura les coudées franches pour avancer dans le chantier centrafricain. Libérée de tout esprit électoraliste, elle pourra mieux nouer son pagne afin de s’attaquer à son programme et de s’inscrire positivement dans l’histoire centrafricaine. Et tout le mal qu’on peut lui souhaiter est qu’elle réussisse, d’autant plus qu’étant la seule femme présidente de la sous-région, elle a une image à défendre. C’est même une obligation morale pour elle, de mettre la RCA sur les rails de la démocratie.
Thierry Sami SOU