Mohamed Moussa Dhaffane n’aura pas réussi à imposer à Brazzaville l’idée de la partition de la République Centrafricaine selon la requête de l’aile militaire de la Séléka.
Ce qui dès le lendemain a soulevé la colère de Joseph Zoundeïko le Chef d’Etat Major de la Séléka, et annoncé le rejet du dit Accord de cessation des hostilités.
On savait cet Accord ‘à minima’ très fragile, parce que pas négocié sur le fond, et en final, ne recelant que, comme l’écrivait Sandra Martin-White : “des incantations laissées au libre bon vouloir des protagonistes.” Un document vide.
NORD, SUD, UNE VIEILLE HISTOIRE
La République Centrafricaine, pays né des hasards et des reliquats des découpages coloniaux n’a jamais réussi à être une Nation au sens juridique du mot.
Dès sa naissance, le Sud autour de Bangui, favorisé par l’ancienne puissance coloniale a toujours dominé les débats, laissant tout le vaste Nord à l’abandon.
Les Rounga et les Goula par exemple ne sont vus par les sudistes que comme des étrangers tchadiens ou soudanais.
L’administration centrale dans des zones comme N’Délé et Birao est inexistante, ce qui laisse les populations locales à la merci des milices armées qui pullulent dans ces zones.
Il n’y a jamais eu de fraternisation nationale entre toutes les ethnies du pays. Bien au contraire, les différents pouvoirs à la tête du pays, à l’exception de celui de Bokassa, n’auront fait qu’amplifier le phénomène de la ségrégation et du tribalisme.
Le “tango ti ë fade so ti tè ngô ni a ga awe” (c’est maintenant notre tour de bouffer”) fait la loi.
Grognes et frustrations, la pression montait déjà dans la cocotte. Et les troubles des 2008 auront été un puissant signe avant coureur de l’idée d’autonomie du Nord.
INCOHERENCE DES TENANTS DE L’UNITE
Le phénomène Séléka va changer très fortement les donnes.
Composée à plus de 80% de soldats de confession musulmane, leur identification à toute la communauté musulmane centrafricaine pour beaucoup allait de soi.
Et des exactions innombrables de ces Séléka, s’en suivra une haine farouche de tous les civils musulmans dans le pays.
La nébuleuse Anti-Balaka s’en fait son maître mot : “Nettoyer le pays de tous les musulmans nationaux”.
Méthodiquement, et devant le pouvoir et les forces internationales spectateurs, ils chassent les musulmans partout où ils en trouvent.
Poussant même l’aberration de les attaquer même quand ils quittaient le pays et les agressant dans leurs camps de fortune au Cameroun ou au Tchad voisins.
Dès lors, ce n’est plus le ‘On ne veut pas d’eux’, mais ‘On veut les tuer tous’. S’ils ne veulent plus d’eux, pourquoi les traquer dans des Guet-apens durant leur exil ? ABSURDE et démonstration que les Anti-Balaka ne sont que des groupes criminels de réaction sans consistance politique.
En conséquence, où ira vivre toute la population centrafricaine de confession islamique ?
L’idée de partition dès lors allait de soi.
Et qu’est-ce que cela changerait dans le pays ? La partition dans les faits existe depuis le début en RCA. La Centrafrique n’existe pas, ce n’est qu’une expression géographique.
La solution finalement pour garder une unité politique du pays tout en acceptant une partition, ce serait LA FEDERATION, comme au Nigéria.
Un Pouvoir central chapeautant deux administrations régionales.
Le texte de paix de Brazzaville étant déjà un papier inutile, les phases 2 et 3 des négociations devant se tenir à Bangui devraient très sérieusement se pencher sur cette idée.
Car autrement, on ira au devant de grandes agitations des Nordistes appuyés par les Séléka, trouvant là une occasion inespérée de se justifier politiquement.
Comme toujours en RCA, on ne négocie jamais, on passe en force.
Et ce ne seront ni Bangui n’ayant aucun poids ni pouvoir, ni les inexstantes forces internationales qui empêcheront l’inéluctable de se produire.
Car soit on discute de l’idée d’une FEDERATION afin de sauver ce qui peut l’être de l’unité nationale, soit le pays EXPLOSE.
Qu’ont fait jusque là pour l’unité du pays ceux qui ne cessent de crier maintenant UNE CENTRAFRIQUE INDIVISIBLE ?
Par Fabiana Álvarez