Bangui - Le Parlement centrafricain a renoncé à la mise en place d’une commission d’enquête sur la disparition présumée de plusieurs millions de dollars donnés par le gouvernement angolais, a indiqué un responsable parlementaire mercredi.
A la suite de l’intervention de la communauté internationale et plus particulièrement celle du médiateur international dans la crise centrafricaine (le président congolais Denis Sassou Nguesso, ndlr) et dans un souci d’apaisement, les conseillers nationaux de transition ont décidé de surseoir à la mise en place de la commission d’enquête parlementaire prévue sur la gestion du don angolais, a déclaré à la radio d’Etat Patrick-Thierry Akoloza, rapporteur du Conseil national de transition (CNT), le Parlement provisoire centrafricain.
Le CNT avait décidé le 16 octobre de la création de cette commission d’enquête après la disparition présumée de plusieurs millions de dollars donnés en liquide aux autorités par le gouvernement angolais.
Le magazine Jeune Afrique avait dévoilé fin septembre qu’un quart des 10 millions de dollars de Luanda avait disparu dans la nature, suscitant également l’inquiétude des bailleurs de fonds internationaux.
Interrogé sur l’utilisation de cette somme qui lui a été en partie remise personnellement, la présidente centrafricaine Catherine Samba Panza a promis des détails le moment venu.
Le CNT a exigé des explications, soumettant le gouvernement à la question pendant deux jours à la mi-octobre, mais celui-ci n’a pas vraiment répondu sur le fond.
Cette affaire met à mal la crédibilité de l’exécutif provisoire, qui a déjà bien du mal à faire régner l’ordre dans le pays où des élections sont censées être organisées en février 2015.
Une délégation de la médiation internationale --dirigée par le président Sassou Nguesso-- a appelé à l’apaisement lors d’une visite à Bangui le 18 octobre.
La Centrafrique, ancienne colonie française riche en diamants et en uranium, a plongé dans un chaos sans précédent début 2013 avec l’arrivée au pouvoir des rebelles Séléka --majoritairement musulmans--, qui ont pillé le pays et l’ont placé en coupe réglée jusqu’à leur départ, en janvier 2014.
Les troubles intercommunautaires se sont poursuivis ensuite, avec une impitoyable chasse aux musulmans menée au début de l’année par les milices anti-balaka, majoritairement chrétiennes.
La situation s’est nettement calmée avec l’arrivée au pouvoir du régime de transition et le déploiement de troupes françaises, africaines, européennes et onusiennes, mais des regains de violences ont encore ensanglanté Bangui au début du mois et la région de Bambari (centre) ces derniers jours.
Le pays, dont l’économie est à genoux, vit sous perfusion de l’aide internationale.