ROME — Le pillage généralisé et l’insécurité en République centrafricaine (RCA) ont causé de lourdes pertes à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche et mis à rude épreuve la capacité de la population à se procurer de la nourriture en quantité suffisante, selon une nouvelle évaluation des agences alimentaires de l’ONU.
Un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM) fait état d’une chute importante de la production agricole en RCA à la suite de la crise qui a provoqué des déplacements massifs de population et forcé des centaines de milliers de personnes à trouver refuge au-delà des frontières.
La production des principales céréales de base et de manioc (en équivalent céréales) est estimée en 2014 à environ 763 000 tonnes métriques, selon le rapport d’une mission d’évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire mandatée par les deux agences. Bien que supérieur de 11 pour cent à la récolte médiocre de 2013, ce volume de production reste quand même inférieur de 58 pour cent à la moyenne de la période 2008-2012 d’avant la crise. Le secteur primaire de la RCA a régressé de 46 pour cent en 2013, précise le rapport.
Les effets négatifs de la crise sur la production alimentaire ont été atténués par l’aide de la FAO à environ 111 750 ménages qui ont reçu avant les semis des semences et des outils agricoles en soutien à la production agricole. De son côté, le PAM a livré des rations alimentaires de prévention pour éviter que les familles ne consomment les semences au lieu de les planter.
"Bien que ces efforts aient empêché une détérioration encore plus grave de la situation de l’alimentation et de l’agriculture, nous avons besoin de soutien supplémentaire pour stimuler la production alimentaire et le secteur agricole qui est à la fois le moyen principal de survie pour de nombreuses personnes et l’épine dorsale de l’économie nationale", affirme M. Jean-Alexandre Scaglia, Représentant de la FAO en RCA.
Les chiffres de l’élevage sont également en baisse. Ils ont régressé de 77 pour cent par rapport aux niveaux d’avant la crise du fait des razzias et des vols de bétail. Quant aux disponibilités de poisson, elles ont régressé d’environ 40 pour cent en raison de l’insécurité dans les zones de pêche le long des fleuves et des dégâts occasionnés aux équipements de pêche.
Les stocks de réserves alimentaires dans les zones rurales sont actuellement inférieurs d’environ 40 à 50 pour cent à leurs niveaux moyens du fait des razzias récurrentes. Les familles qui ont perdu la plupart de leurs revenus et biens productifs sont à présent contraintes de trouver d’autres moyens pour se procurer de quoi manger. En outre, des interruptions dans les échanges commerciaux du fait de l’insécurité routière ont provoqué des pénuries graves de denrées alimentaires de base, ce qui a entraîné des hausses de prix importantes dans beaucoup de zones.
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