En Centrafrique, la course contre la montre nécessite une parfaite maîtrise du processus électoral par tous les candidats à la députation ou à la présidentielle. Il est inconcevable qu’un candidat qui se présente à une élection ne connaisse pas le chiffre exact de tous les bureaux de vote ainsi que le nombre total des personnes inscrites dans la liste électorale. Il est encore très regrettable qu’il n’ait aucune idée sur les circonscriptions à forte densité électorale. Quand un candidat au scrutin présidentiel ne dispose que des données erronées sur le nombre total des bureaux de vote et des électeurs, il risque avec certitude de faire une mauvaise projection électorale. Que ces présidentiables, qui ne cessent de retenir notre attention, sachent que la particularité du scrutin à venir réside dans la socialisation politique des électeurs.
Socialisation politique des électeurs
Les multiples événements fâcheux du pays ont fait de nombreux déplacés, provoqué une vague migratoire vers le nord et causé un nombre incalculable des réfugiés Centrafricains à l’extérieur. Il va sans dire que cette mutation sociopolitique ne peut qu’avoir une incidence majeure sur l’habitude électorale de tous les Centrafricains sans exception. Même si personne n’ose en parler, il faut avouer que la majorité des électeurs voteront par affinité. Il se pourrait que les Centrafricains musulmans votent massivement un des leurs lors du prochain scrutin présidentiel. Cela s’explique par la simple raison qu’ils misent plutôt sur la sécurité de leur communauté plutôt que tout autre débat politique. Si la plupart des Centrafricains d’ethnie yakoma choisissent Bilal Désiré Zanga Kolingba, c’est parce qu’ils croient que l’ombre de son défunt père, qui incarnait la sécurité, la paix et la cohésion sociale d’antan, plane encore sur le parti RDC. Je précise que ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres.
Au delà de cette approche nostalgique, de nombreux électeurs estiment qu’un président de la même ethnie qu’eux contribuerait davantage à leur émancipation. Il suffit juste de faire une analyse par extension pour comprendre que la socialisation politique des électeurs est un véritable fait de société.
Seuls les candidats qui rassembleront au delà des clivages, des aspirations ethniques et partisanes, pourront prétendre sérieusement au fauteuil du président de la Centrafrique. Encore faut-il que les prétendants à la présidence prennent conscience de cette socialisation politique des électeurs qui risque de leur jouer un mauvais tour pendant le prochain scrutin groupé.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE