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Recrudescence de la violence en RCA: quand le pays de Catherine-Panza touche le fond
Publié le jeudi 10 juillet 2014   |  Le pays


Le
© Autre presse par DR
Le Chef de l`Etat de la transition, Mme Catherine Samba-Panza


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Certains Centrafricains n’aiment pas vraiment leur pays. En ce début de ramadan, ils le montrent en intensifiant les hostilités alors qu’on tente désespérément de ramener la paix. Comment comprendre autrement ce regain de violences, qui tend à annihiler les efforts conjugués d’autres concitoyens, des voisins et de la communauté internationale ?

Les Centrafricains persistent à refuser le dialogue et à faire la paix

Pour le ministre français de la Défense : «Il n’y a pas d’avenir pour la Centrafrique s’il n’y a pas de cessez-le-feu» entre les différents groupes armés. Jean-Yves Le Drian a fait cette déclaration, hier mardi, à la radio nationale centrafricaine. En séjour de 48 heures en RCA, il a dû renoncer à l’escale deBambari dans le centre du pays. Il devait pourtant se rendre au chevet de plusieurs soldats français blessés dans des accrochages, la semaine dernière. La visite à Bambari a été annulée, probablement en raison du contexte particulièrement tendu dans cette ville et ses environnants.

Les Centrafricains persistent à refuser le dialogue et à faire la paix. Sinon, comment justifier ces agressions à répétition ? En tout cas, les actions menées sur le terrain sont contraires à la paix. Le gouvernement de Catherine Samba-Panza a sérieusement du mal à assurer la protection des civils, notamment les musulmans. Ceux-ci sont très frustrés et donc très remontés contre les autorités. L’impuissance de l’équipe gouvernementale à agir, donne des prétextes d’intervention aux forces de « l’ex-Séléka ».

Un certain temps, l’on s’était félicité des initiatives prises par les partisans de l’ex-« Séléka » et ceux des « anti-balaka » en faveur de la paix. Aujourd’hui, l’on semble revenu en arrière. Les frères centrafricains seraient-ils incapables de se parler et de trouver remède à leur mal ? Si oui, les forces internationales devront s’assurer que les sites religieux soient vraiment bien protégés. Ceux qui poussent les populations à fuir pour se réfugier dans les camps et les sites religieux n’ont qu’une idée : piller les domiciles une fois désertés. Ils ne sauraient donc être considérés comme des patriotes qui luttent dans l’intérêt de leur pays. Des dispositions doivent être prises pour les neutraliser.

D’où vient-il qu’en ce début de mois de jeûne, après avoir pris l’engagement de faire la paix, les forces combattantes se livrent encore à des exactions, et de surcroît dans des lieux de culte ? La paix tarde à revenir parce qu’entre Centrafricains, peu d’efforts sont investis pour rétablir la confiance. Avec le semblant d’accalmie consécutive aux pourparlers de paix, l’on avait tendance à oublier cette crise centrafricaine. Les belligérants semblent vouloir nous convaincre qu’ils n’aspirent point à la paix ! Mettre en place un gouvernement ouvert à toutes les sensibilités ne semble point convenir à tous. Il faudra pourtant agir vite, afin d’éviter que la RCA ne sombre dans l’abîme ! Le risque de partition de ce pays est réel. Consciemment ou inconsciemment, les antagonistes tendent à imposer la carte d’un pays à disloquer, avec des entités distinctes au nord et au sud. Selon certaines informations, il ne faudrait pas écarter un éventuel retour de Michel Djotodia. A quelles fins, si cela s’avère exact ? Négocier une possible partition de la RCA, ou aider à résoudre la crise ?

La mobilisation des énergies peine à émouvoir le cœur de ceux qui ont choisi la voie des armes

L’on constate qu’en dépit d’une bonne volonté, le gouvernement de Catherine Samba-Panza peine sérieusement à régler les problèmes. Une preuve que les racines du mal sont très profondes. Elles puisent en effet leur énergie à la source de la mal gouvernance qui, depuis les premières années de l’indépendance, a caractérisé la gestion de ce pays. En effet, tous régimes confondus, la classe politique centrafricaine aura énormément contribué à égarer le pays, à le dépouiller sans vergogne de ses ressources, et à abandonner sans aucun état d’âme le peuple à la misère.

Il appartient aux Centrafricains eux-mêmes de se montrer capables de transcender leurs différences et leurs divergences, pour trouver une solution durable à la crise actuelle. Elle exige de la bonne volonté, le dépassement de soi, le renoncement et l’ouverture d’esprit. A défaut de pouvoir y parvenir, on conduira inévitablement ce pays à la partition, condamnant de ce fait son peuple à l’errance.

Ce qui se passe actuellement en RCA n’est vraiment pas digne d’un pays africain. L’éthique africaine recommande qu’on fasse preuve de retenue lorsqu’une médiation entre en scène suite à un litige. A Bangui et à travers le pays, les choses se passent autrement. Des troupes françaises aux autres forces multinationales, des réunions au sommet entre dirigeants de pays de la sous-région et même des émissaires de l’Union africaine (UA), on aura tout essayé. La mobilisation des énergies, la synergie des actions, peinent toujours à émouvoir le cœur de ceux qui ont choisi la voie des armes pour régler leurs comptes. Le peuple centrafricain ne doit pas continuellement souffrir du manque de patriotisme et de l’amateurisme de sa classe politique. Trop, c’est trop ! Si la classe politique centrafricaine n’est pas capable de s’assumer, il conviendrait de mettre officiellement ce pays sous la tutelle des Nations unies. Dans un tel scénario, il faudrait traduire les dirigeants responsables des exactions devant la Cour pénale internationale (CPI).

Une chose est sûre : tous ceux qui profitent de cette guerre doivent pavoiser dans leur coin. Après son éviction, l’ex-président Bozizé avait vite crié « au loup ! », faisant ainsi allusion à une invasion de présumés « djihadistes ». C’est un fait aujourd’hui : il aura, en tout cas, réussi à imposer une guerre religieuse à son pays, ses compatriotes et la communauté internationale. Des « anti-balaka » s’étant réclamés de lui, la question se pose de savoir, jusqu’à quand le peuple centrafricain devra-t-il continuer de souffrir ?

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