Des centaines d'habitants du quartier musulman du PK5 de Bangui ont marché mercredi jusqu'au siège de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) pour demander aux Casques bleus de chasser "les ennemis de la paix" de leur quartier, a constaté un journaliste de l'AFP.
Pendant le référendum constitutionnel de dimanche, cinq personnes avaient été tuées et une vingtaine blessées par des tirs à l'arme lourde dans une école servant de bureau de vote dans l'enclave musulmane de Bangui, une attaque attribuée aux extrémistes de l'ex-rébellion Séléka (en majorité musulmane), opposés au processus électoral en cours censé sortir le pays de trois ans de violences intercommunautaires.
Sur des dizaines de motos, dans des taxis ou bien à pied, les habitants ont marché, scandant "Liberté, liberté", brandissant des banderoles proclamant "Nous voulons la paix et la liberté" ou réclamant le départ des extrémistes de l'ex-rébellion Séléka, qualifiés d'"ennemis de la paix".
Une fois devant la Minusca, les manifestants ont entonné l'hymne de la Centrafrique, "la Renaissance", avant qu'un de leurs représentants lise un texte demandant à la Minusca de les aider à "déloger" les extrémistes du PK5.
La marche s'est déroulée sans incident et les manifestants sont tous repartis sous escorte des Casques bleus.
Le référendum sur l'adoption d'une nouvelle Constitution représentait un test avant les élections présidentielle et législatives prévues le 27 décembre, sous forte pression de la communauté internationale, notamment de la France.
La participation au scrutin a divisé l'ex-rébellion musulmane Séléka et les rangs des milices chrétiennes anti-balaka, dont certaines factions opposées au processus électoral ont tenté de dissuader la population de participer au vote.
Le scrutin référendaire a été perturbé dans le nord-est musulman par les hommes de Nourredine Adam, l'ex-numéro 2 de la Séléka.
Les factions extrémistes des milices anti-balaka (majoritairement chrétiens) ont perturbé également le référendum dans leur zones d'influence, à Bangui et dans l'ouest.
En raison de ces perturbations, les résultats du référendum n'ont pas encore été publiés.
La Centrafrique, un des pays les plus pauvres au monde, est plongée dans le chaos depuis le renversement du président François Bozizé en mars 2013 par l'ex-rébellion Séléka, elle-même chassée du pouvoir par une intervention internationale début 2014.