Karim Meckassoua Candidat à la Présidence de la République centrafricaine
Mes chers compatriotes,
Chers amis de Kaga-Bandoro et de la préfecture de Nana-Grébizi,
Il fut une époque où Kaga-Bandoro donnait le meilleur d’elle-même. Il fut une époque où la sève du Chari nourrissait les rangs des hommes libres. Il fut une époque où son combattant le plus valeureux devenait le premier officier africain.
En venant vous rencontrer ici, à Kaga-Bandoro, j’entends l’appel à la résistance de Georges Koudoukou. J’entends la fureur au combat de nos ancêtres, des soldats armés contre la barbarie.
J’entends les victoires du régiment de marche du Tchad.
Je revois la fierté africaine et le chemin vers l’indépendance.
Je reviens à Kaga-Bandoro et j’aspire à la Paix.
A la Paix pour nous tous. A la Paix pour toute la Centrafrique.
Car j’entends aussi votre appel à l’unité.
La gloire n’est pas réservée qu’au passé. Mes chers compatriotes, ici, vous avez relevé la tête. Ici, lundi et mardi, vous avez voté. Vous n’avez craint ni les menaces ni les intimidations. Confiants dans l’avenir de notre pays, vous vous êtes levés et vous avez décidé de donner une nouvelle Constitution à la République centrafricaine. Vous avez parlé.
Vous avez dit : ça suffit.
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Vous avez prononcé les mots qui fâchent les extrémistes : tranquillité publique, développement harmonieux, dialogue entre les communautés.
Partout, mes chers compatriotes, on vous a vus. A Bangui, on vous a vus voter. Chez nos frères africains, on a entendu votre message et reconnu votre courage.
Moi, Karim Meckassoua, je sais ce qui s’est passé ici !
Il y a onze jours, j’ai annoncé ma candidature à la Présidence de la République centrafricaine. Président, pour quoi faire ? D’abord pour nous réconcilier. Depuis trop longtemps j’entends les défaitistes et les peureux annoncer le pire à la Centrafrique. Depuis trop longtemps, je constate avec tristesse que notre État s’effondre, que notre âme n’est plus défendue, qu’on laisse nos frontières flotter, qu’on abandonne nos concitoyens à leur sort, qu’on n’emmène plus les enfants à l’école, qu’on ne laisse pas les artisans et les commerçants travailler en paix.
Depuis trop longtemps, j’entends dire qu’il faut diviser la Centrafrique, qu’il faut séparer les familles, qu’il faut rappeler à chacun d’où il vient plutôt que de construire avec lui un avenir à notre patrie.
Alors à mon tour, je le dis : ça suffit !
Les armes aux extrémistes, ça suffit !
Les privations de liberté, ça suffit !
Nos compatriotes jetés sur les routes et parfois au-delà de nos frontières, ça suffit !
L’aumône à la communauté internationale, ça suffit !
La corruption, le vol et l’irresponsabilité publique, ça suffit !
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Je suis venu à vous aujourd’hui pour entendre votre appel à l’unité. Oui, mes chers compatriotes, nous affirmons ici qu’il n’y a qu’une Centrafrique !
Une seule Centrafrique !
La partition de notre pays serait notre disparition à jamais de la carte d’Afrique.
La partition, c’est le coup de hache au cœur des familles.
La partition, c’est le règne des armes et du sang.
La partition, c’est l’abandon de la patrie pour l’errance de nos villageois, de nos paysans, de nos éleveurs, de nos commerçants.
Mes chers compatriotes, bientôt nous nous lèverons pour dire « oui » à la Centrafrique unie, indivisible, fière et renaissante !
Ce jour-là, nous choisirons un nouveau Président pour guider la Centrafrique sur le chemin de l’espérance et du renouveau.
Ce jour-là, nous choisirons de soigner notre patrie, malade et victime depuis trop longtemps de nombreux malheurs.
Ces malheurs s’appellent violences, coups d’État, insécurité, instabilité, tribalisme, mauvaise gouvernance, prédation, gabegies, vols et détournements de biens publics, corruption, impunité. L’énumération serait trop longue.
Il existe pourtant un remède. Un remède en chacun de nous. Un remède qui naît de notre union. Un remède qui peut guérir la Centrafrique. Un remède qui a commencé à Bangui avec déclaration de ma candidature.
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Ce remède, c’est notre volonté.
J’ai la volonté de nous réconcilier, de rassembler notre peuple face aux défis qui sont les nôtres.
J’ai la volonté de dépasser les clivages, les différences et les tranchées que des barbares ont creusées pour livrer la Centrafrique à la guerre civile. J’ai la volonté d’unir les forces de notre pays pour tirer le meilleur de ses ressources, les femmes et les hommes de Centrafrique.
Pour tirer le meilleur de ses richesses, si nombreuses mais inexploitées.
Oui, je veux nous réconcilier et c’est pourquoi j’ai besoin de vous, de votre unité, de votre courage, de votre force et de votre tolérance pour passer un coup de balai sur les erreurs d’hier, sur la peur, sur les crimes, sur la vengeance qui a animé les pires esprits ces dernières années.
L’État de Centrafrique est à terre.
Il a déserté, abattu par des bandes armées sans foi ni loi qui sèment la terreur, la mort et la misère.
Ensemble, notre premier devoir sera de remettre l’État en place et de rétablir son autorité car sans État fort, il n’est pas de République debout.
Je m’y engage aujourd’hui devant vous : élu demain votre Président, je rétablirai l’autorité de l’État partout où il manque, partout où on l’attend, partout où les familles, les commerçants, les éleveurs, les paysans, les élèves et les professeurs en ont besoin.
VIVE l’UNITE NATIONALE POUR QUE VIVE
LA CENTRAFRIQUE !