Le premier ministre actuel, Mahamat Kamoun est certainement le plus combattu de l’histoire de la politique centrafricaine. Cette situation est due à la manière dont ce dernier a été nommé par une cheffe de l’Etat qui a foulé au pied les résultats des concertations politiques à un moment où la gestion de l’Etat se trouve fondée sur le consensus. Aujourd’hui, la présidente de transition est obligée de laisser le consensus décider du sort de son protégé.
L’un des succès qu’on aura retenu du passage de Mme Catherine Samba-Panza, sera son entêtement sur la nomination de Mahamat Kamoun. La cheffe de l’Etat s’est officiellement opposée à la communauté internationale qui voulait à se poste, Karim Méckassoua connu sur le plan international comme un bon gestionnaire. Lors du forum de Brazzaville qui sonnait la fin du règne de André Nzapayeke, Catherine Samba-Panza avait donné son accord.
De retour, poussé par ses proches qui lui ont présenté Méckassoua comme un danger, la présidente change de position et nommé contre toute attente, Mahamat Kamoun qui l’avait proposée à son parent Djotodia pour la mairie de Bangui. L’opinion sait que Mahamat Kamoun avait joué un rôle assez important pour l’élection de Catherine Samba-Panza. Lorsqu’il s’est agi de se trouver un homme de confiance, c’est Kamoun que Catherine Samba-Panza a trouvé face à Méckassoua. Après la nomination ultra contestée de Kamoun, plusieurs évènements ont fragilisé la détermination de la cheffe de l’Etat.
Aujourd’hui, le consensus est revenu à la mémoire de la cheffe de l’Etat qui après les derniers évènements s’est remise au dialogue politique qu’elle a souhaité de tous ses vœux. Selon nos sources bien informées, le cas Kamoun sera remis sur la table. Un diplomate a expliqué qu’après les derniers évènements, il était question de discuter de la situation de Kamoun « la cheffe de l’Etat n’a pas voulu remettre en discussion la décision qu’elle a prise mais lors du dialogue, il faudra nécessairement remettre sur la table cette nomination parce qu’au sortir, il faudra un homme plus consensuel qui puisse piloter le gouvernement qui devra mettre le cap sur les élections ».
Il faut dire qu’en cas de discussion, Kamoun ne pourra pas rester en poste car, cette personnalité n’a jamais fait le consensus. Plusieurs partis politiques et des forces de la société civile sont hostiles au maintien de Kamoun parce qu’il est réputé très lié à la cheffe de l’Etat à qui, dit-on, il est très docile « il ne refuse rien à la présidente à qui il doit tout. Dans ces conditions, c’est la plus mauvaise personne qu’il faudra pour les élections futures. S’il est là, ce sont les résultats voulus par Catherine qui vont être publiés, donc il faut qu’il parte » nous a confié un politique centrafricain.
Il parait certain que l’actuel premier ministre de transition en Centrafrique n’est pas celui qui parachèvera le processus. Déjà dans le milieu politique, il est ciblé. Beaucoup sont ceux qui réclament depuis la minute de sa nomination, son départ. Si Mahamat Kamoun est là, c’est essentiellement parce que la cheffe de l’Etat de transition ne veut pas se déjuger. Elle sait être contre la volonté de tous mais elle y tient parce que quelque part, il y va de son honneur en tant que cheffe de l’Etat. Ce qui est certain, Mme Catherine Samba-panza ne pourra pas résister à la coalition contre son premier ministre qu’elle finira par sacrifier au sortir du dialogue politique qui ouvrira la voie aux élections. Diane
Diane LIGANGUE