Des dizaines de civils ont été massacrés ces dernières semaines dans le centre de la Centrafrique, affirme jeudi Amnesty International, qui demande à la force onusienne de prendre des "mesures plus fermes" pour protéger la population.
"Malgré le déploiement d'une nouvelle mission de maintien de la paix des Nations unies (Minusca) le 15 septembre, des dizaines de civils, dont plusieurs enfants, ont été tués et des milliers ont été déplacés ces dernières semaines", a déclaré l'ONG dans un communiqué.
Dans le centre du pays, les populations "paient un tribut particulièrement lourd (lié) à l'intensification du conflit entre différents groupes armés", selon Amnesty.
Evoquant les affrontements entre l'ex-rébellion Séléka majoritairement musulmane (au pouvoir de mars 2013 à janvier 2014), les milices à dominante chrétienne anti-balaka et des combattants peuls armés, Amnesty estime que "la situation est extrêmement explosive et dangereuse".
"Tous les camps (...) prennent systématiquement pour cibles les civils qu'ils soupçonnent de soutenir leurs adversaires", explique Amnesty.
De nombreux témoignages recueillis par Amnesty font état d'attaques d'une extrême violence contre les civils dans le centre.
Ainsi le 10 octobre à Dekoa (260 km au nord-est de Bangui), une attaque menée par la Séléka a fait 14 morts, dont trois femmes et quatre enfants. Certains ont été directement visés alors qu'ils tentaient de se cacher.
Autre exemple: à Bambari (380 km au nord-est de Bangui) début octobre, sept musulmans à bord d'un véhicule ont été tués dans une embuscade tendue par des anti-balaka.
Après avoir laissé partir les passagers chrétiens, "tous les hommes musulmans qu'ils ont capturés ont été tués. Ils les ont déshabillés afin de les humilier, et les ont taillés en pièces, leur tranchant les mains et les pieds", a raconté à Amnesty le propriétaire du véhicule, Saidu Daouda.
Des milliers de personnes, terrorisées par ces violences, ont fui vers d'autres localités.
"Bambari et Dekoa sont désormais deux villes fantômes, pleines de maisons vides, de magasins fermés et de bâtiments abandonnés", assure Stephen Cockburn, directeur régional adjoint pour l'Afrique de l'Ouest et centrale à Amnesty.
"Si l'on veut qu'elle soit un tant soit peu crédible", la Minusca "doit prendre des mesures plus fermes pour véritablement protéger les civils" et ce "de toute urgence", conclut Amnesty.
La Centrafrique a sombré dans le chaos après le renversement en mars 2013 du régime de François Bozizé par les Séléka, ce qui a plongé le pays dans une spirale de violences intercommunautaires ayant entraîné l'envoi de forces française, européenne et de l'ONU dans le pays.