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Moustapha SABOUNE veut changer le FPRC
Publié le mardi 22 decembre 2015  |  Corbeau News Centrafrique
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© Autre presse par DR
Le Directeur général de l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART) en République Centrafricaine, M. Moustapha Saboun
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Alors que le peuple centrafricain vient de montrer massivement son engouement pour le référendum et que la campagne pour les élections présidentielle et législatives bat son plein, tous les candidats tiennent des discours orientés vers le rassemblement, la réconciliation et l’unité nationale en Centrafrique. Seuls les radicaux du FPRC s’opposent à ce que des élections démocratiques aient lieu. Pour cela, leur leader Nourredine ADAM vient de proclamer l’autonomie du Nord-Est de notre pays. Dans ce contexte si particulier, nous avons choisi de nous intéresser à l’autre courant du FPRC, plus cohérent et moins brutal, incarné par Moustapha SABOUNE, auteur de récentes déclarations suite à la visite pontificale de fin novembre et sur la nécessité d’une constitution. Portrait d’un homme modéré et aux idées claires qui pourrait être l’instigateur d’un nouveau souffle politique pour son mouvement.
Mr SABOUNE, un homme méconnu…
Moustapha Saboune a longtemps vécu en RCA et y a obtenu un baccalauréat en économie. Arrivé au Québec avec un statut d’étudiant étranger afin de poursuivre ses études, il est depuis détenteur de deux maîtrises en gestion et administration. Résidant avec sa famille dans la ville de Sherbrooke au Canada, il mène des activités politiques locales. Même s’il est loin de notre terre centrafricaine, il a toujours ardemment participé à la vie institutionnelle et politique de notre république. En effet, outre avoir occupé la fonction de directeur général de l’agence de télécommunication de la Centrafrique en 2013, où il a fortement œuvré au développement des réseaux téléphonique dans fil à travers le pays, il a été le secrétaire général de l’ex-Séléka durant plusieurs années. C’est notamment à ce poste qu’il apprend son limogeage à la radio en 2014 ! Dès lors, il décide de prendre son autonomie qui le mène quelques mois plus tard à devenir le premier secrétaire général politique du Front Populaire de Renaissance pour la Centrafrique (FPRC). Aujourd’hui, Moustapha Saboune s’est éloigné des tendances radicales et n’a qu’un objectif: participer à la résolution de la crise centrafricaine afin de bâtir une république unie et indivisible !
Un vrai leader politique ?
Mais alors, tandis qu’il endosse l’habit de leader politique, que nous propose exactement ce centrafricain en exil ? Pour l’heure, pas un programme mais des idées et l’esquisse d’un projet cohérent et surtout moins radical pour son mouvement! En effet, en reprenant à son compte le message de paix et d’espoir lancé par le pape François, il exhorte à l’apaisement et la réconciliation nationale, notamment sur le plan confessionnel. Par son discours, Mr.Saboune se place radicalement à contre-courant avec l’aile dure du front, celle incarnée par l’ennemi public numéro 1, Nourredine Adam.

Fort de son expérience passé et disposant d’un potentiel politique avéré, il prétend œuvrer pour un avenir meilleur en RCA et avoir toujours délivré un message de paix. Ainsi, serait-il l’homme du renouveau politique de ce parti en pleine recherche de son identité ? Michel Djotodia n’en dirait pas tant tellement il brille par son absence à la tête du parti. Complètement transparent, il ne supervise plus les actions du FPRC depuis de nombreux mois et laisse toute liberté au général Adam pour fixer les orientations irresponsables qui ont conduit très récemment à une déclaration « farfelue » sur l’autonomie des régions du nord-est de notre pays. Imaginer la surprise de Moustapha à la lecture de cette déclaration ! Parfaitement rodé aux arcanes de la diplomatie et des institutions d’état, il n’a même pas été consulté sur ce projet irréalisable et fantaisiste, lui le plus expérimenté sur le plan politique…
Dans ce contexte, tant pour les branches politique que militaire, le FPRC peine à convaincre. Trop de divergence ! Et le mot est faible… D’un côté, des radicaux armés jusqu’aux dents qui accomplissent des actions de déstabilisation, comme nous avons pu le constater lors du référendum pour la nouvelle constitution, notamment dans les provinces de Bamingui-Bangoran, Vakaga et Haute-Kotto, et qui ne proposent que des options criminelles et corruptives. De l’autre, des leaders politiques qui changent d’étiquette comme on change de chemise. Même son propre frère, Abakar Saboune, a fait dissidence au FPRC et s’est tourné vers un mouvement plus modéré, le Mouvement Pour la Centrafrique (MPC). Tout cela n’a que trop duré ! Il est temps d’être crédible quitte à officialiser une scission entre les militaires et les diplomates.
Moustapha Saboune aime à le répéter :
« Je suis un homme politique avant tout ! »
Un avenir et des perspectives…
Très souvent dans ces communiqués, Mr.Saboune s’amuse à exposer les résultats du gouvernement notamment en matière d’économie et de développement. A ce titre, il dénonce le bilan amer de la politique menée depuis presque deux ans par les autorités en place. Présenté comme un personnage dynamique du développement, Mr.Saboune aime à le répéter : « je suis un homme politique avant tout ! ». Mais, sera-t-il en mesure de participer à la relance d’une économie à l’agonie ? Sa motivation et son expérience outre-Atlantique nous laisse à penser que oui…
Mais au-delà de son expérience, Moustapha est musulman modéré et, en cela, il se définit comme un homme de consensus. Il ne fait pas de distinction religieuse ou ethnique. De plus, il participe à modifier l’image des jeunes musulmans des quartiers délaissés et assure qu’ils sont capables du meilleur. En félicitant l’attitude de la jeunesse musulmane de Bangui lors de la visite du Pape, principalement du 3e arrondissement, il envoie un message fort. Il met également en avant de nombreuses questions notamment celle de l’extrême pauvreté de la population centrafricaine ou encore les problèmes irrésolus dans les domaines de la sécurité et de la justice. Enfin, dans son communiqué du 11 décembre, il rappelle qu’ « une constitution, cette loi fondamentale qui régule la gestion d’un pays et les rapports entre citoyens, doit être adoptée après référendum et que la campagne précédant son adoption est un autre moment fort de l’exercice de la démocratie participative ». Par ces propos, il approuve la tenue du scrutin référendaire et s’oppose aux idées incohérentes de l’ « autre » FPRC.
En reconnaissant publiquement vouloir respecter le processus démocratique en cours, spécialement le référendum sur la constitution mais aussi les élections et le futur président élu, Mr.Saboune propose à l’opinion publique d’identifier son parti comme un élément incontournable de l’échiquier politique centrafricain. Ainsi, selon ces engagements (et en annonçant un retour en terre centrafricaine), Moustapha Saboune serait-il le seul leader du FPRC à pouvoir conduire (ou pourquoi pas créer) un courant politique émergeant vers une direction assurément novatrice en effaçant le recours militaire ? Aujourd’hui, ma réponse est oui !


Bangui, Blanche Kere, Collaboratrice Especila Pour CNC
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