Les électeurs centrafricains se rendent aux urnes, ce mercredi 30 décembre 2015, pour le premier tour des scrutins législatifs et présidentiel. Dans la course à la Présidence, trente candidats se présentent sur la ligne de départ, mais seuls trois peuvent réellement prétendre la remporter.
Les trois favoris sont... Difficile de prédire l’ordre d’arrivée dans une Présidentielle à hauts risques qui se joue dans un climat de tension extrême, avivée de l’extérieur par d’anciens responsables politiques que leurs propres actes ont placé sur la touche... Mais il est clair déjà que 3 figures se détachent :
Martin Ziguélé
A 58 ans, il fait figure de favori. Son parti, le MLPC, de loin le plus structuré du pays, est le seul à disposer d’une assise à la fois ancienne et véritablement nationale. Premier ministre de feu Ange-Félix Patassé, il est le plus expérimenté des candidats et son programme est considéré par les observateurs avisés comme pointu et techniquement solide. Ses adversaires l’accusent parfois d’être le candidat "de la France" en raison de son appartenance à l’Internationale socialiste. Martin Ziguélé jouit, il est vrai, au sein de la communauté internationale, d’une solide réputation mais il est également très apprécié de nombreux chefs d’Etat africains qui le considèrent comme un dirigeant crédible.
Anicet-Georges Dologuélé
Âgé lui-aussi de 58 ans, il a été, à l’instar de Martin Ziguélé, Premier ministre d’Ange-Félix Patassé. Ancien banquier, il a vu son mandat de président de la BDEAC écourté en raison de soupçons pesant sur sa gestion à la tête de l’institution. Durant cette campagne, il a bénéficié du soutien financier de quelques hommes d’affaires du pays. Cependant, son jeune parti, l’URCA, créé à l’occasion de ces élections, souffre d’un manque d’assise et de notoriété, notamment en province. Pour tenter de combler son handicap, Anicet-Georges Dologuélé a noué une alliance politique hautement controversée avec François Bozizé afin de rallier à lui l’électorat Gbaya. Mais pour beaucoup d’observateurs, ce pari est très risqué : d’une part, l’électorat Gbaya n’est pas uniforme ; d’autre part, cette nouvelle proximité avec François Bozizé, à qui s’intéressent de près la justice centrafricaine et la CPI, pourrait lui mettre à dos une bonne partie des Centrafricains, qui considèrent l’ex-Président déchu comme l’un des principaux responsables de la terrible crise que vient de traverser ce pays d’Afrique Centrale.
Karim Meckassoua
Il pourrait créer la surprise et se retrouver au second tour, avancent ses partisans. Plusieurs fois ministre sous le régime Bozizé, cet ingénieur de formation, docteur en ergonomie, est réputé proche du Président congolais Denis Sassou N’Guesso. Il dispose également d’entrées au ministère français de la Défense. Auteur d’une campagne offensive, il dispose visiblement de moyens financiers importants. Mais dans une société encore profondément divisée et à majorité chrétienne, un musulman pourra-t-il s’imposer à la tête de l’Etat ? Rares sont ceux à en faire le pari.
Une seule chose est sûre à l’aube de cette élection présidentielle dont beaucoup redoutaient qu’elle ne puisse pas être organisée dans les temps : le respect des délais est déjà un succès, et un premier gage pour la paix. Et celui qui sera, à l’issue du scrutin, le premier des Centrafricains, aura comme première mission de construire la réconciliation nationale et l’autorité de l’Etat.