Les élections à rebondissement en République centrafricaine continuent de faire couler de l’encre et de la salive. Nul ne doutait que ces scrutins centrafricains sont exceptionnels à bien des égards compte tenu des conditions qui ne sont pas du tout réunies.
Mais de l’avis général, l’Autorité Nationale des Elections (ANE) n’a pas été à la hauteur de sa mission. D’ailleurs, il n’est pas surprenant que les difficultés qu’éprouve l’ANE, cet organe chargé d’organiser les élections en Centrafrique n’ont jamais été aplanies. Ce qui a été à l’origine de la démission de son ancien président Dieudonné Kombo Yaya, suivie de celle de son vice président de l’époque, Godefroy Mokamanédé.
Ces démissions prouvaient à suffisance que le vers était déjà dans le fruit. Mais l’on nous faisait croire que c’était du aux diverses pressions exercées sur cette institution que les deux anciennes têtes ont fini par déposer leur tablier.
Cependant, il y a lieu de dire que l’ANE souffrait aussi des difficultés techniques. D’abord le recrutement des agents recenseurs ne s’était pas fait sur la base de compétence mais plutôt sur celle d’affinité. Ce qui a été à l’origine de nombreuses erreurs commises lors l’enregistrement sur la liste électorale, et donc une liste électorale truffées de fautes. En un mot, l’ANE s’est illustré par une incompétence notoire, une médiocrité criarde et décriée par tous.
Ensuite la gestion des fonds alloués à cet organe est sujet à caution. Pour preuve, les listings électoraux ont été confisqués plusieurs jours après le recensement faute de leur paiement qui a brillé par son irrégularité et qui a causé un certain nombre de soucis aux agents recenseurs et aux formateurs , chose qui a freiné à un moment donné le processus électoral.
Aujourd’hui le peuple centrafricain est en train de faire le frais de l’amateurisme dont fait montre l’ANE. Les témoignages font état de ce que des documents et de preuves d’un détournement du vote à Bangui comme en province. Des procès-verbaux ont disparu. Des urnes apparaissent étonnamment vides lorsque d’autres sont remplis.
Voilà qu’après le dépouillement des résultats de vote, l’ANE procède à la proclamation provisoire des résultats qui surprend plus d’un et dont personne ne peut se retrouver au point de soulever une vague de contestations.Au lieu de procéder circonscription par circonscription et bureau de vote par bureau de vote comme l’exige l’article 124 précité du Code Electoral, l’ANE a décidé de ne faire qu’à sa tête.
De ce qui précède, tout porte à croire qu’il y a anguille sous roche puisque selon certaines sources concordantes, un réseau de fraudes serait en marche sous la bénédiction de cette ANE afin de détourner ces élections tant attendues au profit d’un groupuscule de dirigeants actuels de la transition et leurs alliés tapis dans l’ombre.
Mais quoiqu’il arrive, les nombreuses preuves et les pièces à conviction seront prises en compte et la Cour constitutionnelle de transition est très bien placée pour gérer les questions liées aux irrégularités et aux dysfonctionnement constatés par les candidats.
Freddy MASSENGUE