Les Travaux à Haute Intensité de Main d’œuvre (THIMO) deviennent, tout d’un coup, un moyen de combattre le chômage au milieu jeune en République centrafricaine. Ce programme qui exécuté depuis plus de dix mois d’action dans la capitale Bangui, a créé 61 emplois qui bénéficient aux jeunes et aux femmes désœuvrés. Ce projet d’assistance post-conflit destiné à l’utilisation optimale de la main d’œuvre pour réduire au maximum la pauvreté, atteint sa première phase d’action sociale à Bangui.
Lancé officiellement le 22 janvier 2015 à Bangui par la présidente de la transition, les THIMO sont financés par la Banque mondiale sur le fonds du projet de Facilitation des Transports et de Transit en zone-CEMAC, à hauteur 4 milliards de Franc CFA. Les THIMO consistent à travailler au curage des canaux de drainage, à la salubrité du cadre de vie, à la construction de canaux maçonnés et autres travaux de voirie urbaine. Le programme THIMO permet la réduction de la vulnérabilité des jeunes démunis en période post-conflit. Il est dédié à un large éventail de jeunes désœuvrés quels que soient leurs qualifications et leurs niveaux d’instruction. Il s’agit de créer un grand nombre d’emplois dans le but de résorber le chômage des jeunes en proie à la hantise de violence en période de conflit.
Le programme THIMO a déjà fait ses preuves dans de nombreux pays africains jadis frappés par la crise militaro-politique. C’est le cas de la Cote d’Ivoire, du Burundi où le projet THIMO a été expérimenté par la Banque mondiale et certaines institutions internationales. « L’expérience de notre institution, dans d’autres situations similaires y compris en Côte d’Ivoire, a montré que les activités THIMO constituent une stratégie efficace pour atténuer la vulnérabilité des jeunes en proie à la violence et au conflit. Ces travaux contribuent à la réinsertion économique et sociale dans ce pays » a déclaré Ibrahim Bidou, Représentant résidant de la Banque mondiale à Bangui, qui a précisé que les autorités centrafricaines de la transition et la Banque mondiale ont décidé de conjuguer leurs efforts pour mettre en œuvre les activités THIMO, avec des approches, à la fois, économiques et sociales et donc, avec un impact direct sur la population.
Le Gouvernement centrafricain s’est inspiré de cette approche, c’est pourquoi, il a initié le programme THIMO-Bangui financé par la Banque Mondiale. Dix mois après son lancement officiel, ce programme a eu des impacts socio-économiques indéniables à plusieurs niveaux. Au niveau des entreprises nationales, les THIMO sont exclusivement mis en œuvre par des entreprises nationales. Cela permet de contribuer à la survie de ces structures économiques vis-à-vis des effets collatéraux de la crise enfin de leur permettre de protéger les emplois.
Les impacts des THIMO sur la population
Au niveau des ex combattants dans le 4ème arrondissement par exemple, beaucoup des ex-combattants ont abandonné la rapine, grâce aux emplois. Ils préfèrent désormais renouer avec des activités qui leur permettre de gagner dignement leur vie avec les salaires perçus. Au niveau des jeunes désœuvrés. Chaque bénéficiaire perçoit en termes de revenu financier 2500 FCFA par jour, cela pour deux (2) semaines minimum de contrat et deux (2) mois maximum. Les résultats montrent que le projet a effectivement contribué à réduire la pauvreté et à ramener la cohésion sociale au sein des communautés. Car il a favorisé la réinsertion des jeunes, des femmes démunis et des ex-combattants dans le tissu professionnel. Comme le témoigne Justin Nganamokoé « mon salaire me permet de payer le loyer, d’assurer les frais de scolarité de mes enfants et de prendre soin de ma famille ». Outre au niveau des jeunes désœuvrés, beaucoup de jeunes naguère démunis ont dorénavant droit à un emploi rémunéré à la faveur duquel ils peuvent s’organiser.
Par ailleurs au niveau des femmes, les THIMO donnent également d’opportunités aux femmes dépossédées de leur patrimoine de relancer leurs activités génératrices de revenus (AGR). Certaines d’entre elles, ont accru leur capital grâce aux travaux THIMO. « Avec un bénéfice journalier de 2500 FCFA obtenu grâce à la vente de spaghetti, je constitue des provisions qui nous permettent de survivre, moi et ma petite famille. Une partie du bénéfice me permet d’assurer la scolarité de mes deux enfants » a confié Carine Ngoussa, l’un des bénéficiaires des activités THIMO. Au niveau communautaire, le cadre de vie s’est amélioré dans les arrondissements bénéficiaires, par le truchement des travaux THIMO. Grace à ce projet, la jeunesse naguère encline au pillage, au vandalisme et à la violence, s’est reconvertie en acteurs de développement curant les canaux de drainage et des fossés maçonnés, participant ainsi à la salubrité du milieu et aux travaux de voirie.
Les armes de guerre ne sont qu’un souvenir
Les THIMO ont changé le mode de vie des ex combattants. Comme de nombreux jeunes du 4ème arrondissement de la ville de Bangui, Justin Nganamokoé a décidé d’abandonner les armes de guerre au profit des THIMO dont il tire l’essentiel de ses revenus. Il a troqué son arme de guerre contre la pioche, jadis élément des Antibalaka. Il est aujourd’hui manœuvre de l’entrprise DDN-Construction chargée d’exécuter les Travaux à Haute Intensité de Main d’œuvre (THIMO) dans le 4ème arrondissement de la ville de Bangui. Comme de nombreux manœuvres qui travaillent sur le site de Boy-Rabe, Justin s’adonne beaucoup aux activités des THIMO qu’il considère comme un moyen d’amener les jeunes à disposer de revenus afin d’assurer leur prise en charge et d’abandonner les mauvaises pratiques préjudiciables au développement de la République centrafricaine. Il se réjouit de ce que le gouvernement de la transition et les partenaires aient pris la décision de donner des emplois aux jeunes du 4ème arrondissement à travers les THIMO. Le projet est divisé en deux phases. Mais la première phase a eu quelques difficultés au cours de sa mise en œuvre. « Cette première phase qui a démarré en janvier 2015 devait durer normalement 6 mois. Malheureusement les récents évènements ont perturbé le déroulement des activités THIMO. C’est pourquoi les travaux de cette première phase continuent encore dans certains Arrondissements de la ville de Bangui », a expliqué dans une conférence presse relative au bilan à mi-parcours des THIMO, Jules YANGANDA, Expert en communication de ce projet.
La 2ème phase des THIMO a été lancée le 4 décembre dernier dans le 2ème Arrondissement de la ville de Bangui. Les travaux seront axés sur la réhabilitation de route et la création des fossés maçonnés. L’avènement des THIMO dans le 2ème arrondissement de Bangui a suscité le satisfecit des autorités locales. Elles se réjouissent de l’avènement de ce projet qui va permettre, selon elles, aux jeunes et femmes de la localité d’accéder aux sources de revenus afin d’améliorer leurs conditions de vie. Les résultats montrent que le projet THIMO a effectivement contribué à réduire la pauvreté et à ramener la cohésion sociale au sein des communautés. Car il a favorisé la réinsertion des jeunes, des femmes démunis et des ex-combattants dans le tissu professionnel.
Bangui, Eric NGABA Pour CNC