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Des soldats étrangers accusés des viols de mineurs
Publié le samedi 9 janvier 2016  |  Journal De Bangui
Centrafrique
© Autre presse par DR
Centrafrique : la MINUSCA assume la responsabilité du dispositif sécuritaire de l`Aéroport de Bangui
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Les éléments de la Minusca, la mission de maintien de la paix de l’ONU dans le pays, ainsi que les troupes françaises déployées dans l’opération Sangaris, ont été accusés de viols depuis le printemps

En particulier, le rôle de l’ONU est pointé du doigt: on l’accuse d’avoir manqué de zèle pour enquêter sur les soupçons pesant sur ses hommes. En novembre, un groupe d’experts indépendants avait dénoncé un «échec flagrant» de l’institution dans la gestion de ces accusations.

Les soldats français accusés de viol sur mineurs

Cette inaction des Nations unies a motivé Anders Kompass, un travailleur humanitaire œuvrant pour le compte de l’ONU, à faire fuiter au début de l’été 2014 aux autorités françaises un rapport des Nations unies révélant qu’une dizaine de soldats français de Sangaris étaient soupçonnés d’avoir abusé sexuellement d’enfants entre décembre 2013 et mai et juin 2014. Cinq soldats tchadiens et équato-guinéens de la Minusca sont également impliqués dans l’affaire.

L’affaire est révélée par le Guardian le 29 avril 2015. Les informations du quotidien britannique poussent l’ONU à demander une enquête pour faire la lumière sur la manière dont ses fonctionnaires ont procédé. Du côté de l’opération de «Sangaris», qui n’est pas sous commandement de l’ONU, c’est la France qui lance une enquête. Le parquet et la gendarmerie prévôtale – compétente auprès des forces armées françaises stationnées hors du territoire français – se sont saisis de l’affaire.

Les faits incriminés se seraient déroulés entre décembre 2013 et mai-juin 2014, lors des premiers mois de l’opération « Sangaris ». D’après les informations du Monde, quatre garçons, âgés de 9 à 13 ans, ont déclaré à une employée de l’ONU avoir été victimes de viols commis par des soldats français. Deux autres enfants ont affirmé avoir été témoins de ces abus sexuels.

Selon le Guardian, les soldats sont soupçonnés d’avoir abusé de ces jeunes garçons «affamés et sans abri» en échange «de nourriture ou d’argent». Les enfants situent ces abus sexuels dans un «abri» aux abords de la barrière d’accès à l’aéroport de Bangui, gardé par des soldats français.

Les autorités judiciaires françaises, qui avaient diligenté une enquête préliminaire suite aux allégations rapportées par le Guardian passent le 7 mai à la vitesse supérieure en ouvrant une information judiciaire contre X pour "des chefs de viols sur mineurs de 15 ans par personnes abusant de l’autorité conférée par leurs fonctions et complicité de ce crime" après avoir pu recueillir le témoignage de l’auteur du rapport de l’ONU. Au total, quatorze militaires français seraient concernés par ces accusations. Les premières auditions ont eu lieu le 8 décembre. Quatre soldats français, basés à Mulhouse, dans le Bas-Rhin, ont été entendus.

A cette affaire s’en ajoute une seconde: le 3 septembre, le haut commissaire aux droits humains de l’ONU, Zeid Ra’ad Al-Hussein, révèle que les Nations unies ont été informées d’un cas similaire mettant en cause un autre soldat français. Les autorités françaises ont ouvert le lendemain une enquête préliminaire pour viol.


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Scandales à répétition dans les rangs de la Minusca

Les accusations ne se limitent pas aux soldats français. Le 11 août, Amnesty International publiait un rapport étayant des soupçons de viol sur une fillette de 12 ans commis le 2 août par des casques bleus camerounais et rwandais.

Quinze jours plus tard, l’ONU informe la RDC que trois casques bleus issus de ses rangs sont accusés de viol à l’encontre de jeunes femmes, dont une mineure.

A peine un mois plus tard, le 11 septembre, de nouveaux casques bleus sont accusés d’avoir agressé sexuellement une jeune fille en RCA. On parle désormais dans les rangs de l’ONU de 17 affaires de viol.

Mais dès le 12 novembre, de nouvelles accusations sont avancées. Elles émanent de trois adolescentes, âgées de 14 à 17 ans, qui vivent dans des camps pour personnes déplacées non loin d’une base où stationnent plus de 500 casques bleus, originaires principalement de République démocratique du Congo, du Bangladesh et du Cameroun.

Enfin, la dernière affaire en date, signalée début janvier, concerne des soldats du Maroc, du Gabon et d’Egypte, selon des sources aux Nations unies. D’après le quotidien Les Dépêches de Brazzaville, citant le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, "les quatre fillettes présumées victimes de ces nouvelles agressions sexuelles ont été interrogées et placées sous la garde des enquêteurs de l’Unicef".


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L’ONU sous le feu des critiques

Devant la multiplication des affaires, l’ONU a relevé de ses fonctions dès le mois d’août son représentant spécial à Bangui. Mais la mesure semble bien faible comparé à l’ampleur du scandale.

Décidé à vaincre le «cancer» des violences sexuelles, Ban Ki-moon a menacé de «rapatrier des contingents entiers» si les Etats ne punissent pas les coupables. Mi-décembre, le secrétaire général de l’organisation a formulé des menaces plus précises, demandant le retrait des troupes congolaises du contingent de la Minusca. Une demande restée pour l’heure lettre morte.
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