Après avoir suivi avec attention la publication des résultats des élections présidentielle et législatives du 30 décembre 2015 par l’Autorité Nationale des Elections (ANE), le Bureau Politique du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) décide de rendre publique sa position.
En effet, le 30 décembre 2015 le peuple centrafricain a été appelé à choisir par les urnes son Président de la République et ses Représentants à l'Assemblée Nationale. Le Bureau politique du MLPC n’ignore pas les difficultés qui ont jalonné cette étape, et salue le peuple centrafricain pour sa forte mobilisation partout sur le territoire national et à l'étranger. Il saisit également cette occasion pour saluer et remercier toute la communauté internationale pour ses appuis multiformes qui ont rendu possible cette élection tant attendue par le peuple centrafricain.
Cependant, au vu des résultats partiels et provisoires rendus publics par l’ANE, le Bureau politique du MLPC se fait le devoir de faire la mise au point suivante :
- Dès le début de la publication des résultats partiels et provisoires de ce scrutin, le MLPC et l'opinion publique ont fait le constat de la violation systématique de l’article 124 nouveau du Code électoral qui dispose : « L’ANE procède au recensement général des votes en présence des représentants des candidats dûment mandatés et des observateurs. Elle les rend publics, au fur et à mesure, circonscription par circonscription et bureau de vote par bureau de vote, dans les six (6) jours suivant la date du scrutin ».
Nonobstant cette disposition légale, l'ANE a continué à publier des résultats globaux, mélangeant tous les jours différentes préfectures à des taux divers de dépouillement, rendant impossible tout suivi et tout contrôle. L' objectif de transparence visé par la loi et qui devait se matérialiser - comme pour les scrutins tenus dans notre pays de 1981 à 2005 - par la comparaison et la vérification des résultats rendus publics par rapport aux relevés des résultats par bureau de vote remis aux représentants des candidats à la clôture des opérations de vote, étaient donc devenus impossible, d'où l'absence de lisibilité et de fiabilité de ces résultats.
- En conséquence de ce qui précède, il est impossible pour chaque candidat de vérifier que tous les suffrages portés sur sa personne, circonscription par circonscription, bureau de vote par bureau de vote, ont été effectivement et intégralement comptabilisés.
- Par ailleurs, le Bureau politique du MLPC a noté une chute brutale et non justifiée à ce jour du nombre des votants de 1.509.565 le 6 janvier 2016 à 1.281.053 le 7 janvier 2016 soit une différence de 228.512 voix non comptabilisés et donc non affectés aux candidats.
En considération des éléments ci-dessus évoqués, le Bureau Politique du MLPC exige :
L’audit de la chaîne de collecte et de traitement de données électorales;
Le recomptage manuel des bulletins des candidats ;
La publication dudit décompte dans le strict respect des dispositions de l’article 124, alinéa 1 du code électoral ;
Le Bureau Politique tient à porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale que conformément à la loi, le MLPC exerce son droit de recours devant la Cour Constitutionnelle de Transition, afin que l'intégrité et la sincérité du vote du peuple centrafricain souverain soient respectées.
Il rappelle que la manipulation et la confiscation de l'expression de la souveraineté du peuple ont chaque fois été par le passé le facteur principal de l'instabilité et de la régression de notre pays.
Enfin, le Bureau Politique demande à tous ses militants de garder leur calme tout en restant mobilisés et vigilants, en attendant la proclamation des résultats définitifs par la Cour Constitutionnelle de Transition.
Fait à Bangui, le 10 Janvier 2016
Le Président
Martin ZIGUELE