Au dernier virage d’une élection attendue depuis trois années de conflits armés, les résultats provisoires de l’ANE à l’issu des dépouillements, placent en tête de course, deux anciens Premiers Ministres. Dans les coulisses des préparatifs de l’ultime sprint vers la Présidence, des alliances, des négociations et des fronts se forment dans les rangs politiques.
Anicet Georges Dologuele, Faustin Archange Touadera, Désiré Bilal Nzanga Kolingba ou Martin Ziguele vraissemblablement attendus par l’opinion nationale et internationale dans le dernier carré des élections, confirment leurs statuts de favoris.
Alors que certains observateurs souhaitent un renouvellement de la classe politique centrafricaine, trois anciens Premiers Ministres issus des deux derniers régimes politiques, démocratiquement élus, se voient occuper les quatre premières places de ces élections dont le déroulement a été contesté dans un premier temps par une partie des candidats puis apprécié après la publication des résultats provisoires. Jean Serge Bokassa candidat indépendant, a félicité l’Autorité Nationale des Elections pour le travail abattu mais reste en attente d’une promesse faite par cette institution chargée de l’organisation des élections.
« Nous attendons un document que l’ANE s’était engagée à remettre à l’ensemble des candidats, relatant bureau de vote par bureau de vote, le suffrage qui s’était exprimé. Malheureusement après moults démarches, nous ne sommes toujours pas en possession de ces éléments qui nous permettront de comparer avec les procès verbaux que nous détenons», a-t-il dit.
A l’heure des alliances et des négociations politiques, certains candidats ne cachent pas leurs volontés de rejoindre l’un des deux candidats en tête de liste. Fidele Ngouandjika avance qu’il rallie Faustin Archange Touadera. « Je n’ai pas besoin qu’ils –les candidants- viennent vers moi. Je ne suis pas là pour marchander les voix qui sont derrières moi. J’ai toujours dis que la personne qu’il faut c’est Touadera, ça n’engage que moi », a-t-il avancé.
Dans la foulée et dans les mêmes circonstances, un front composé de 16 candidats, pour la plupart dépassant difficilement les 1% lors de l’exercice du premier tour, regagnent le camp de l’ancien Recteur de l’Université de Bangui et ancien Premier ministre Touadera. Dans cette alliance qualifiée de front anti-Bozizé par des observateurs, se retrouvent néanmoins des –anciens- proches du régime du 15 mars 2003. Jean Barkes Ngombet Ketté 1,70%, ancien Maire de Bangui, ou le Général Yangongo 0,58% ancien Haut Commissaire de la Jeunesse Pionnière Nationale, se rangent derrière celui que le KNK de Bozizé a renié lors de ces élections.
Au fonds des jeux d’alliances, chacun des candidats se vante de ses mérites et de son poids sur l’échiquier politique national. Charles Armel Doubane candidat indépendant, dans un entretien accordé au RJDH, se positionne comme la révélation de ces élections. « Je suis la surprise de ce scrutin. Je suis la révélation parce que si vous voyez bien, c’est d’abord l’affaire des Premiers Ministres suivi des enfants des anciens Présidents. A travers les 3,33% des centrafricains qui m’ont porté leur confiance, il faut que je les respecte. Je me positionne comme le garant d’un choix qui puisse aider la RCA», nous confie t-il. Il a finalement rallié au Candidat Touadera.
Cependant, d’autres candidats comme Kolingba 12,60% ou Ziguele 10,82% tardent à se trouver un camp et forment le duo arbitral décisif du second round qui se profile à l’horizon.
Anicet Georges Dologuele dont les résultats provisoires du 7 janvier ont placé à la tête de la course vers la présidence avec 23,78% des suffrages exprimés, a été Premier Minsistre sous le régime de feu Ange Félix Patassé de 1999 a 2001. Un des favoris de ces élections, le candidat de l’Union pour le Renouveau de Centrafrique URCA a signé un accord politique le 22 décembre 2015 avec le Kwa Na Kwa de François Bozizé. Dans ce face à face entre premiers ministres, Faustin Archange Touadera avec ces 5 ans en tant que chef du gouvernement sous le régime du même Bozizé, fini deuxième de ces élections avec 19,42%. Un duel de premiers ministres où se jouent les alliances les plus audacieuses de l’histoire de la politique centrafricaine.
Déjà sur les 30 candidats au premier tour, 16 font déjà front autour de Touadera. Les 12 autres n’ont pas encore annoncé leurs positions. Le second tour sera joué dans les jeux d’alliances politiques.
Selon le chronogramme électoral, les résultats définitifs de la Cour Constitutionnelle de Transition sont prévus le 21 janvier 2016 .