Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé, le 13 janvier 2016 en Centrafrique, une vaste campagne de vaccination pour environ 220 000 enfants centrafricains. Menée en collaboration avec le ministère de la Santé, la campagne a démarré mi-juillet dans le nord du pays et se déroulera jusq u’à fin 2016 dans 13 des sous-préfectures où MSF mène des projets médicaux. Actuellement, cette campagne est en œuvre, selon un communiqué du MSF parvenu ce mercredi à notre rédaction, dans la sous-préfecture de Berberati, au sud-ouest de la RCA.
Dans le cadre de cette campagne, MSF administrera également un vaccin conjugué contre le pneumocoque (PCV), dont l’utilisation à large échelle par les acteurs humanitaires a été jusqu’ici très limitée, notamment à cause de son prix prohibitif.
« Nous bénéficions actuellement d’une donation de la part du laboratoire pharmaceutique Pfizer, l’un des deux fabricants du PCV, donation sans laquelle nous aurions dû dépenser plusieurs millions de dollars rien que pour l’achat de ce vacci », a-t-elle poursuivi. Toutefois, elle souligne que les donations ne sont pas une solution viable. Pour elle, il faut que le vaccin soit disponible à un prix juste, pour qu’il puisse être utilisé là où il est nécessaire et au moment où les acteurs de santé l’estiment important.
Le pourcentage d’enfants immunisés en République centrafricaine (RCA), d’après MSF, s’est effondré depuis la crise de 2013. « Médecins Sans Frontières (MSF) prévoit de vacciner un quart de la totalité des enfants centrafricains contre les principales maladies meurtrières de l’enfance. La possibilité d’organiser ce type de campagnes reste malheureusement exceptionnelle, notamment à cause du prix trop élevé du vaccin contre le pneumocoque », lit-on dans le communiqué.
D’après les chiffres officiels du ministère de la Santé, la crise politico-militaire qui a débuté en 2013 a provoqué l’effondrement des taux de couverture vaccinale dans le pays. Entre 2012 et 2014, le nombre d’enfants ayant été complètement immunisés contre la rougeole est passé de 64% à 25% ; de 52% à 20% pour les infections respiratoires aigües. Ainsi fin 2013, seulement 13% des enfants étaient complètement vaccinés à l’âge d’un an.
«Cette campagne de vaccination préventive est la plus importante jamais lancée par MSF en RCA et est l’une des premières visant à protéger les enfants âgés de moins de cinq ans contre autant de maladies », a expliqué le Dr. Pauline Lechevalier, référent vaccination à MSF qui a ajouté que « dans le contexte qui prévaut aujourd’hui en RCA, le risque d’épidémies, ainsi que celui du nombre de décès liés aux maladies évitables par la vaccination, est très élevé. Il est urgent de protéger le plus grand nombre d’enfants contre ces maladies ».
En plus d’organiser des campagnes de vaccination de masse, MSF va renforcer et élargir les activités de vaccination dans les structures de soins où elle intervient déjà. Viaces deux stratégies, MSF proposera aux enfants âgés de moins de 5 ans n’ayant pas reçu toutes les vaccinations nécessaires auparavant, jusqu’à neuf antigène. En fonction des besoins spécifiques à chaque sous-préfecture, d’autres mesures de prévention seront associées à la vaccination : distribution de Vitamine A, de moustiquaires, d’antiparasitaire et dépistage de la malnutrition, entre autres.
Depuis décembre 2013, MSF a doublé son niveau d’assistance médicale en réponse à la crise en cours en RCA. L’association gère actuellement 15 projets, dont plusieurs sont destinés à aider les réfugiés centrafricains dans les pays voisins dont le Tchad, le Cameroun et la République démocratique du Congo. MSF travaille en RCA depuis 1996 et, compte actuellement plus de 300 personnels internationaux et plus de 2 000 personnels centrafricains dans le pays. Depuis décembre 2013, MSF a doublé son niveau d’assistance médicale en réponse à la crise. Ses équipes offrent des soins gratuits concernant entre autres la pédiatrie, la santé maternelle, la chirurgie, le VIH et tuberculose. MSF soutient également l’activité de vaccination de routine (PEV).
En avril 2015, MSF a lancé une campagne de mobilisation publique dont l’objectif est d’appeler les laboratoires GlaxoSmithKline (GSK) et Pfizer, les deux producteurs de vaccins contre le pneumocoque (PCV), à rendre public le prix de ce vaccin pour tous les pays et à en réduire le prix dans les pays en développement en le faisant passer à 5 dollars par enfant, soit 4,50 euros pour les trois doses nécessaires. Une pétition a également été lancée en novembre dernier à cet effet.
Bangui, Eric NGABA Pour CNC