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Centrafrique : que nous aura appris l’organisation des élections ?
Publié le vendredi 15 janvier 2016  |  Les Plumes de RCA
Elections:
© Autre presse par DR
Elections: les Centrafricains votent pour élire un président de la République et les députés
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Après le chaos de la mauvaise gouvernance, après le chaos d’un pouvoir sauvage fait d’assassinats, d’enlèvements, de destructions de biens publics et privés, de viols, de vols et de détournements, le Centrafrique n’est pas mort, comme certains programmaient sa fin à travers la distinction faite entre les populations chrétiennes et musulmanes, sous la forme de la partition du pays.

La tempête passée, en laissant derrière elle les séquelles d’un traumatisme sournois et permanent, les centrafricains ont été amenés à aller aux urnes, pour doter leur pays d’institutions nouvelles et crédibles.

Cette accalmie sociale a permis à beaucoup de dévoiler au grand jour leurs ambitions, cachées ou rendues publiques depuis un certain, pour déclarer leur(s) candidature(s) aux élections présidentielle et législatives.

Cet engouement a été tel que l’institution chargée de conduire ces élections a dû procéder à une étude sérieuse des dossiers pour écarter les candidatures « farfelues », pour en fin de compte ne retenir qu’une trentaine. Une trentaine, c’est déjà trop pour un pays si vaste, mais avec à peine cinq millions d’âmes.

Si le nombre de candidatures à l’élection présidentielle a pu étonner plus d’un, le comportement général des centrafricains, à travers leur mobilisation lors des scrutions sera une surprise presque mondiale, pour ceux qui ont suivi de près l’évolution de ce pays.

Le déroulement du processus électoral, à travers les retards et les ratés provoqués par le manque de moyens, l’acheminement de ces moyens et autres aléas, ont conduit certains à vouloir repousser les échéances pour se donner la chance d’organiser des élections parfaites.

Aux moments les plus durs de ces tractations, le peuple s’est rangé du côté de ceux qui soutenaient coûte que coûte la tenue des élections pour retenir l’expression « Allons seulement » .

« Allons seulement » c’est le slogan à retenir pour de bon car à y voir de près, cela signifie que les choses ne seront plus comme avant. Un homme avisé en vaut deux, messieurs les hommes politiques.

La seconde chose à retenir est la naissance spontanée des « comités de soutien » aux candidats, lesquels comités disparaissent aussitôt que les candidats ont eu un parcours abrégé, quand les candidats malheureux procèdent immédiatement à des ralliements, sans avoir bien analysé les conditions de leur échec et les conséquences d’un ralliement hâtif et « aléatoire ».

La troisième leçon à tirer de ces élections est la puissance informatique qui peut permettre à un individu de parler au nom d’un collectif qui n’existe pas : c’est le cas de certains comités, de certains rassemblements où il est impossible d’identifier les différents membres qui composent ces ensembles.

Enfin, même s’il y a d’autres leçons à tirer, il convient de reconnaître le développement de « l’intox », qui a gagné ses mauvaises lettres de noblesse dans la naissance de la démocratie en Centrafrique. Dans cette gymnastique, les sportifs de l’information se livrent à créer des rumeurs, à profaner des mensonges, à colporter des créations nées de leur esprit, pour jeter la population « facebookeuse » dans des débats insensés et parfois indignes, au détriment d’échanges constructifs qui s’y trouvent amaigris.

Comme quoi la démocratie centrafricaine, si elle peut être mal partie comme dirait l’autre, devra bien veiller à se montrer assez lucide face à la déformation de l’information, sinon le Conseil Constitutionnel de Transition court le risque de se déjuger, de fouler aux pieds les textes constitutionnels à cause des lourdes pressions qu’on fait peser actuellement sur ses épaules frêles, pour accepter d’organiser un deuxième tour de l’élection présidentielle, avec les quatre candidats arrivés en tête au premier tour.

Que Dieu bénisse le Centrafrique et son peuple.

Adolphe PAKOUA
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