Le courage est une vertu en politique. Longtemps habitué à la mollesse et aux compromissions de leurs leaders, le jeune Jean serge Bokassa pourrait devenir une icône pour les centrafricains en cette période de changement.En attrapant en flagrant délit un membre influent des Nations unies en Centrafrique au domicile de son ami de longue date et candidat à la présidentielle Anicet Georges Dologuélé, JSB aurait pu se taire et marchander son entrée dans le cercle très fermé des affairistes du monde. Sage et patriote, il a dénoncé cette relation incestueuse sur les ondes de la Radio Ndeke Luka et est devenu depuis ce jour, le symbole du renouveau centrafricain.
Selon un article paru chez nos confrères de Centrafrique Presse le béninois Agbenonci aurait pris ses jambes à son cou après avoir fait le choux gras des médias centrafricains. « Aux dernières nouvelles, Aurélien AGBENONCI a précipitamment quitté la RCA pour ne plus y remettre pied. Que pense de cette affaire AGBENONCI du Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies à la tête de la MINUSCA, le Gabonais Parfait ONANGA ANYANGA ? »
Si cette information de Centrafrique presse se confirmait, il dévoilerait le caractère honteux de ce fonctionnaire onusien que les centrafricains qualifient de menteur patenté et d’affairiste. Agbenonci a déclaré selon les dires de Bokassa que sa visite dologuéliste se situait dans le cadre d’un contrôle des effectifs des éléments de sécurité affectés aux deux premiers candidats du 1er tour. Alors qu’il a tempéré se rendre chez le concurrent de son ami, l’outsider Touadera, des sources proches de ce dernier font état de ce qu’ Aurelien Agbenonci ne s’est jamais pointé à son domicile à Boyrabé. Nous vous publions l’intégralité de l’interview que Jean Serge Bokassa a accordée à nos confrères de radio Ndekè Luka
NL : Bonjour M. Jean Serge Bokassa, vous venez d’envoyer une correspondance au chef de la MINUSCA, est ce qu’on peut déjà avoir la primeur de cette correspondance?
Bonjour, je vous remercie. Cette correspondance porte sur un constat. Le contexte qui prévaut aujourd’hui comme tout le monde le sait, ce sont les élections. Au travers des résultats qui ont été donnés par l’ANE, nous penons que nous sommes dans une autre phase, celle du deuxième tour. Et dans ce cadre-là, il est évident que les candidats qui ont été donc retenus prennent contact avec un certain nombre de personnes, de personnalités. C’est comme ça que j’ai été contacté par Anicet Georges Dologuélé qui a souhaité que je puisse me rapprocher de lui.
Par éducation et par courtoisie je l’ai rencontré et pendant nos échanges j’ai été surpris de voir, de constater la visite de M Aurelien Agbenonci, je crois que c’est çà, j’espère ne pas écorcher son nom, à une heure assez particulière. Il était 19h. Cela m’a un petit peu interpellé. Il a situé sa visite dans le cadre d’une mission de contrôle des effectifs de sécurité alloués aux deux candidats en disant qu’il allait également se rendre chez le deuxième candidat afin de procéder au même exercice.
Alors je suis étonné parce que je pense que ça ne rentre pas dans ses prérogatives premièrement. Deuxièmement le faire nuitamment me semble incongru surtout dans une période où il y a quand même beaucoup de suspicions pas forcement à l’endroit du travail brillant que fait le système des Nations Unies, mais au travers notamment de quelques responsables qui appartiennent à ce système là, et qui par leur comportement peuvent jeter du discrédit sur cette institution.
Donc c’est en cela que je me suis interrogé. J’ai estimé…. Vous savez à l’heure où nous sommes, je le dis, je le répète, le combat que nous avons mené et qui nous a poussé d’ailleurs à nous présenter aux élections présidentielles, je pense que ce combat continue. Nous souhaitons tout mettre en œuvre pour que ce peuple qui a tellement souffert puisse renouer avec la paix, renouer avec la cohésion sociale. Et donc il y a des méthodes, il y a des manœuvres qui aujourd’hui ne sont pas censées favoriser cela.
Bien au contraire ce sont des manœuvres et les comportements qui peuvent porter atteinte à l’intégrité de ces institutions, jeter le discrédit sur cette institution-là donc nous voulons aujourd’hui interpeller le plus haut responsable des Nations Unies afin qu’ils puissent veiller, mais vraiment scrupuleusement. La période que nous traversons est trop sensible, extrêmement sensible donc il n’est pas convenable que ceux qui aujourd’hui jouent un rôle d’arbitrage extrêmement important puisse sacrifier la neutralité dont ils doivent faire preuve juste parce qu’ils ont des préférences. Voilà un tout petit peu mon point de vue sur la teneur du courrier que nous avons envoyé au représentant de du secrétaire général des Nations Unies.
C’est cela qui vous a fait changer d’avis pour suivre le candidat Touadera ?
Non, je pense que cet élément n’a fait que confirmer un certain nombre de suspicions. Cela n’a fait que confirmer des faits qui ont été révélés à l’avance préalablement à cet incident-là. Je pense qu’il est très important d’attirer l’attention simplement de tous ces responsables-là. Aujourd’hui ce sont des acteurs très engagés en RCA. Engagés pour qu’il y ait notamment la paix en Centrafrique. Ma démarche consiste à interpeller premièrement. A dire faites attention à ce genre de comportement et qu’ il ne faudrait pas que ça puisse se répéter. Nous avons un regard vigilant sur ce processus là et je me fais le devoir de révéler cela parce que j’estime que c’est une atteinte extrêmement grave au processus lui-même. Et je peux aujourd’hui me faire toute sorte d’interprétation sur le comportement de Monsieur Aurelien Agbonenci qui se permet de rendre visite à certains candidats, mais pas à d’autres à des heures tardives,.
Vous en avez discuté avec le candidat Dologuélé ?
Non, parce que nous nous sommes séparés après. J’en ai fait part au candidat Touadera. Les raisons qui m’ont plutôt motivé à soutenir Touadera ne sont pas de cet ordre-là. Je pense que nous avons été au gouvernement sous la direction de ce dernier. Nous avons la chance aujourd’hui d’avoir deux candidats qui, tous les deux ont occupé le même portefeuille. Ils ont été premier ministre. Il y a un bilan que chaque centrafricain peut apprécier.
Alors vous en avez un qui est parti avec des arriérés de salaires. Vous en avez un autre qui a un bilan qui pour moi est plus élogieux et çà c’est le premier aspect. Monsieur Touadéra me semble être un monsieur qui est proche du peuple. Un monsieur qui fait preuve de beaucoup de simplicité, de beaucoup d’humilité, de beaucoup d’ouverture. Et le peuple centrafricain meurtri a besoin de ces valeurs. Ces valeurs humanistes pour panser ses plaies, pour se reconstruire, pour reconstruire son unité.
Nous avons des craintes, parce que nous pensons que Monsieur Dologuélé, qui pour moi est un monsieur brillant, qui a des mérites, qui a une carrière internationale qui force l’admiration. A ce niveau-là, il n’y a pas de problème. Mais concernant les responsabilités auxquelles il aspire, à savoir diriger l’État centrafricain, j’estime pour ma part, qu’il n’incarne pas les valeurs qui me convainc, moi personnellement, de pouvoir aujourd’hui souscrire à une adhésion à son endroit. Et je pense que son entourage pour moi, confirme d’ailleurs les doutes que nous avons. Le pays ne peut pas être pris en otage par un groupe d’individus, qui ont je pense comme dénominateur commun, un trop plein de leur personnalité.
Je pense que le peuple centrafricain a besoin d’avoir à la tête de ce pays des serviteurs, des gens humbles. Et vous savez, il y a aussi la ligne idéologique de ces individus-là. Certains font souscrire à un ultralibéralisme, un capitalisme, je ne suis pas partisan de cette ligne politique.
Avez-vous posé des conditions à Touadera avant de le soutenir ?
Les conditions qui sont les nôtres s’inscrivent dans les valeurs que nous avons toujours défendues. Nous luttons contre l’impunité sous toutes ses formes. Nous luttons contre la discrimination, nous sommes preneurs de tout ce qui va dans le sens de rassembler les centrafricains de façon extrêmement large. Et là ce sont nos principes sur le plan politique. Lorsqu’ils ne seront pas respectés, nous nous réserverons le droit de prendre position par rapport à cela. Donc notre soutien n’est pas un soutien aveugle. C’est un soutien intelligent et nous pensons dans tous les cas qu’en mettant les deux candidats sur la même balance que c’est Touadera qui est le candidat dont le peuple centrafricain a besoin aujourd’hui. Il est ouvert à toutes les couches de la société. Je pense qu’il a fait ses preuves. Personne ne nous dira qu’il ne connait pas M.Touadera. Les fonctionnaires en gardent de très bon souvenirs contrairement à certains.
C’est une manière pour vous de valider les résultats publiés par l’ANE ?
Non pas du tout. Moi personnellement, j’avais pris des positions concernant ces élections. Je n’étais pas pour une mauvaise élection à défaut d’avoir une transition chancelante comme certains l’ont dit. Je ne partageais pas cela. Mais j’ai estimé qu’à un moment donné de notre histoire, il était important de faire des compromissions utiles pour que le pays puisse avancé. Puisque le consensus est dégagé pour l’organisation de ces élections, nous avons accepté d’y aller. Je ne me contenterai pas des résultats donnés par l’ANE. Il y a eu beaucoup de problèmes. Je pense que tout centrafricain soucieux du devenir de son pays se doit de consentir un certain nombre de sacrifice. Fermons les yeux sur ce qui nous divise inutilement et rassemblons-nous autour de ce qui nous unit. Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise.
Interview réalisée par Radio Ndèkè Luka et retranscrite par WMS de Centrafrique Libre