« Brisons les chaines de la peur pour bâtir la paix en Centrafrique », c’est le thème de cette journée des Martyrs du 18 janvier 2016 organisée par le Conseil National de la Jeunesse sous l’impulsion de son nouveau président Francis Mongombé. La commémoration de la journée historique des Martyrs s’est passée tant bien que mal pour honorer la mémoire des disparus du 18 janvier 1979 sous le régime de Jean Bedel Bokassa, alors empereur de la République Centrafricaine. En dépit du sabotage à dessin par le gouvernement de la transition, le Conseil Nation de la Jeunesse (CNJ) a pu sauver cette journée des Martyrs qui s’est tenue le 18 janvier 2016, au rond-point des Martyrs à Bangui.
Puisque la transition est en train de tirer résolument à sa fin, on s’en fout du reste. C’est dans une ambiance peu enthousiasmante que la commémoration de la journée des Martyrs a eu lieu. La cérémonie s’est passée en présence du ministre de l’éducation nationale avec le corps universitaire, mais aussi du corps diplomatique et de quelques représentants des Nations Unies en Centrafrique. De façon méprisante, le ministre de la jeunesse et des sports, Nicaise Samedi Karno a boycotté cette cérémonie par son absence qui ne se justifie pas alors que le Conseil National de la Jeunesse et le département de la jeune sont habituellement les co-organisateurs de cette manifestation de la journée commémorative des Martyrs du 1979. Or, la cérémonie commémorative de la journée se passe habituellement en présence des hautes autorités du pays pour donner un sens à la mémoire des Martyrs du 1979. Raison pour laquelle, la journée est placée sous le haut patronage de la présidente de la transition pour rehausser cette cérémonie.
De surcroit, les fonds destinés à l’organisation de la cérémonie n’ont pas été décaissés pour permettre au CNJ de bien préparer les activités. Ce qui a fait dire les organisateurs que l’absence du Ministre de la jeunesse et des sports à la cérémonie est le fait d’un éventuel détournement des fonds alloués par le gouvernement pour l’organisation de ladite journée. Aussitôt à la fin de la cérémonie, les jeunes se sont soulevés prenant d’assaut l’enceinte du ministère de la Jeunesse et des sports. Car, d’après eux, la cérémonie a pu se tenir grâce aux efforts de membres du CNJ sans l’appui du gouvernement qui leur a promis de verser les fonds à la fin.
«Nous sommes sidérés parce qu’aujourd’hui la jeunesse n’est effectivement pas prise en compte malgré les efforts que les jeunes ont consenti pour le retour de la paix dans notre pays. Cette journée, on l’a commencée dans de nombreuses difficultés. Nous avons envoyé des correspondances au niveau de gouvernement pour pouvoir réaliser cette journée. Mais tout ce que nous avons élaboré dans le terme de référence n’est pas pris en compte par le gouvernement. Depuis trois jours, nous avons tenté en vain de rencontrer le ministre de la jeunesse qui a refusé de nous rencontrer. Or, le ministre nous a demandé d’organiser l’activité à crédit pour qu’à la fin, on aille nous décaisser les fonds. Mais aujourd’hui si le gouvernement veut compléter le nombre des Martyrs, nous sommes là », a expliqué Monsieur KPANGBA, Secrétaire général du CNJ.
Le département de la jeunesse cité dans ce sabotage, balaie d’un revers de la main ces accusations et parle plutôt d’une question de procédure. Selon les explications d’Héritier Doneng, le Chargé de mission au ministère de la jeunesse et des sports, le décaissement des fonds a rencontré une difficulté au niveau des finances où le personnel du département était en grève. D’après lui : « c’est la question de procédure administrative que les jeunes du CNJ n’ont pas compris et qu’ils doivent, prendre leur mal en patience ». Car de toute manière les fonds vont être décaissés, à en croire le Chargé de mission. La fin de la cérémonie de la journée des Martyrs a été marquée par une manifestation de revendication des fonds alloués à l’activité et jusque-là, le CNJ n’a encore reçu aucun rond de la part du gouvernement. L’Avenue des Martyrs a été barricadée par les manifestants en colère contre Samedi Carno, ministre de la jeunesse et des sports accusé par les manifestants de saboteur des activités de la jeunesse centrafricaine. « Le ministre de tutelle n’aime pas l’épanouissement de la jeunesse et nous allons le lui dire en face », a dit un des organisateurs des activités relatives à la commémoration de la journée des Martyrs, à Charles Malinas, ambassadeur de France accrédité à Bangui qui a pris part à la cérémonie.
Pour rappel, la journée des Martyrs est célébrée chaque 18 janvier en République centrafricaine en mémoire des élèves et étudiants assassinés sous le régime de l’ex empereur centrafricain Jean Bedel Bokassa en raison de leur opposition au port de la tenue scolaire exigé par le régime Bokassa alors que les fonctionnaires et agents de l’Etat totalisaient à l’époque 6 mois d’arriéré de salaire. En prélude à cette journée, le gouvernement centrafricain décaisse au CNJ, les fonds alloués pour l’organisation des activités marquant cette journée.