Comment peut-on diriger un pays en lambeaux comme la RCA, lorsque l’on n’est pas capable de gagner une élection intermédiaire? C’est la question que devait se poser le candidat de l’URCA, l’ancien premier ministre de Patassé, Anicet George Dologuélé qui est arrivé en tête de la présidentielle grâce à une alliance de partage de pouvoir avec le KNK de François Bozizé.
Son challenger pour le deuxième tour, l’outsider et le très intègre Faustin Archange est en ballotage favorable aux législatives à Damara dans l’Ombella M’poko. Ce dernier a brillamment obtenu 43,36% contre son adversaire Alagbi Marc Modeste (12,83%). Grâce à cette confortable avance, FAT est presque assuré de siéger à l’assemblée nationale tandis qu’ AGD devra continuer son apprentissage en politique avec son jeune parti l’URCA s’il échouait à la présidentielle.
L’ex banquier de Brazzaville a été malaxé au premier tour des législatives à Bocaranga 1 dans l’Ouham Péndé. AGD s’est en effet classé parmi les derniers dans cette ville. En le boycottant les bocarangois à l’instar de tous les centrafricains, signent une nouvelle ère de la politique centrafricaine.
Martin Ziguélé l’ex favori de la présidentielle selon certains médias et président du MLPC est encore en course pour une place à l’assemblée nationale. Il a obtenu 33,26% contre42, 26% pour Timba Levy à Bocaranga 3.
Les candidats indépendants Karim Meckassoua (3è arrondissement de Bangui) et Timoléon Mbaïkoua( Paoua 2) ainsi que Marcel Dimassé ( Kouango 1) du parti socialiste centrafricain sont également qualifiés pour le second tour des législatives.
Autre fait à signaler: l’application de cette sanction Dologuéenne sur de nombreuses personnalités politiques, voire des hommes d’affaires estampillés URCA( Union des Riches Centrafricains) pardon Union pour le Renouveau Centrafricain.
A Bangui l’homme d’affaires controversé Serge Psimis considéré comme un des pourvoyeurs des fonds de l’URCA et principal lieutenant de Dologuélé n’a pas senti l’odeur du 2è tour. Il a été rejeté par les habitants du premier arrondissement de Bangui qui le jugent très éloigné de leurs problèmes quotidiens. Vice-président de l’URCA, ce chef de plusieurs entreprises déficitaires dont l’une spécialisée dans le domaine de BTP ne paie plus son personnel depuis 12 mois n’a plus qu’un espoir pour se refaire une santé financière : Porter son ami de longue date et complice Dologuélé au pouvoir.
A Berbérati dans la Mambéré Kadéï, la famille Kamach a subi une double défaite : Thierry kamach président de l’association politique MOUNI alliée à l’URCA de Dologuélé n’a pas franchi le seuil du premier tour. Sa mère Thérèse Sekpe Kamach a subi le même sort.
Thierry Kamach est Co-PDG de K-Group jadis deuxième employeur en Centrafrique après L’État. Victime des conflits répétitifs comme de nombreuses entreprises centrafricaines, et d’une mauvaise gestion depuis le décès de son président fondateur Joseph Kamach, K Group est au bord de la faillite. Son association MOUNI a signé un pacte de gouvernance commune avec l’URCA de Dologuélé. On affirme déjà à Bangui que ce mariage n’aurait en réalité pour but que, d’effacer les dizaines de milliards que K-group doit à l’État centrafricain.
Théophile Sony Cole l’ex éternel député du 2è arrondissement de Bangui qui siège actuellement au Conseil National de Transition au nom des travailleurs qu’il ne défend plus, est en train de perdre son fief. Le transitaire attitré des commerçants libanais qui a récolté moins de 5000 voix à la présidentielle a été sévèrement corrigé aux législatives en dépit de sa fortune estimée à plusieurs millions. Son tombeur, le jeune Massikini Mathurin propriétaire du bar dancing La Sélection a frôlé la victoire dès le premier tour en obtenant 49%50.
Avec 15,40% Théophile Sony Colé commence sans doute à réfléchir qu’être député ne veut pas dire, protéger les intérêts d’un petit groupe de commerçants étrangers qui tiennent déjà l’économie de son pays. C’est contrôler l’exécutif dans sa mission de service public. C’est voter des lois républicaines pour améliorer les conditions de vie de ces concitoyens ou défendre les intérêts de son pays.
Les habitants du deuxième arrondissement dominés par des jeunes souhaitent avoir du travail. Les élus de ce peuple meurtri doivent privilégier l’exploitation des richesses de leur pays en obligeant le gouvernement à être à la hauteur de ce grand défi. Le temps de la distribution des poissons avariés ou de la fourniture des cercueils aux familles éprouvées est peut être désormais révolue dans cet arrondissement. Les centrafricains veulent apprendre à pêcher que d’attendre éternellement des poissons pourris des mains de leurs députés.
La page sombre de l’histoire de ce pays est en train de s’effacer même si cette grande crise est loin de se terminer. Les centrafricains ont en marre des magouilles et de la trahison. Ils ne supportent plus que les prometteurs de la culture de l’ignorance et du maintien des couches pauvres au bas de l’échelle au bénéfice de leurs intérêts égoïstes et catégoriels ne viennent plus défiler dans leurs villes et villages qu’au moment des élections.
L’échec de Dologuélé à Bocaranga est la parfaite illustration du rejet des castes et des lobbies dont le seul credo est de se faire de l’argent au détriment du peuple centrafricain. Cette leçon du premier tour des législatives du 30 décembre 2015 vaut sans doute un fromage est un signal pour tous ceux qui confondent politique et business.
A Bangui Wilfried Maurice SEBIRO pour Centrafrique Libre