Le premier tour des législatives en Centrafrique a été annulé lundi en raison de «nombreuses irrégularités» par la Cour constitutionnelle, qui a confirmé l’affrontement au second tour de la présidentielle de deux anciens Premiers ministres, Anicet Georges Dologuélé et Faustin Archange Touadéra.
Ces deux scrutins, destinés à permettre à ce pays pauvre de sortir de trois ans de conflit armé et d’affrontements intercommunautaires, ont eu lieu le 30 décembre dernier dans un calme notable. Ils ont été marqués par une forte participation des électeurs malgré de nombreux problèmes logistiques.
«Les élections (législatives) du 30 décembre 2015 sont annulées et seront reprises (...) à cause de nombreuses irrégularités et l’implication des candidats dans ces irrégularités», a déclaré le président de la Cour constitutionnelle de transition, Zacharie Ndouba, au cours d’une séance publique à Bangui.
«Le Conseil national de transition (CNT, assemblée législative) reste en place jusqu’à l’installation de l’assemblée nationale élue», a-t-il poursuivi, précisant que la Cour «a reçu 414 requêtes» de candidats mécontents.
Les législatives avaient été organisées dans les 140 circonscriptions du pays mais le matériel électoral et les nombreux bulletins de vote, acheminés souvent au dernier moment, n’avaient pas toujours pu atteindre les zones les plus reculées.
«Dans certaines localités, des compatriotes ont voté uniquement pour la présidentielle parce que les bulletins de vote pour les législatives ne sont pas parvenus à temps», avait reconnu le rapporteur général de l’Autorité nationale des élections (ANE), Julius Ngouadé Baba.
Concernant le traitement des résultats des législatives, auxquelles s’étaient présentés plus d’un millier de candidats, «les procès-verbaux ne sont pas parvenus à 100% à l’ANE pour toutes les circonscriptions électorales». Et quand ils y sont parvenus, «certaines données n’ont pas pu être prises en compte, parce que les procès-verbaux et feuilles des résultats sont tout simplement inexploitables», avait-il déploré.
Les nouvelles législatives doivent être organisées dans un délai de 60 jours. Cependant, ces délais dans le processus électoral sont régulièrement dépassés et les échéances souvent reportées.
Ainsi, le second tour de la présidentielle prévu le 31 janvier devrait être reporté au moins d’une semaine, selon des sources proches de l’ANE qui devrait très prochainement en confirmer la date.
Deux anciens Premiers ministres, Anicet Georges Dologuélé et Faustin Archange Touadéra, s’affronteront après être arrivés en tête du premier tour, a confirmé lundi à Bangui la Cour constitutionnelle.
- Touadéra en sérieux outsider -
Dologuélé a obtenu 268.952 voix, soit 23,74% des suffrages exprimés, et Faustin Archange Touadéra 215.000 voix (19,05%).
Au total, sur près de 2 millions d’électeurs inscrits, 1.362.886 suffrages valides ont été exprimés.
La Cour, auprès de laquelle les candidats mécontents ont pu déposer des recours, a confirmé les résultats précédemment donnés par l’ANE.
Désiré Kolingba, fils d’un ex-chef de l’Etat, arrive troisième avec 135.198 voix (12,04%). Martin Ziguélé, ancien Premier ministre, est quatrième avec 129.474 voix (11,43 %) et Jean-Serge Bokassa, autre fils de chef d’Etat, cinquième avec 68.705 voix (6,06 %).
Au total, 30 candidats étaient en lice au premier tour.
Dologuélé faisait figure de favori de la présidentielle, surtout après le ralliement en sa faveur du parti KNK de l’ex-chef de l’Etat François Bozizé, renversé en 2013 par la rébellion Séléka. M. Bozizé ne pouvait se présenter en raison de sanctions internationales et d’un mandat d’arrêt à son encontre émis par les autorités de transition.
Touadéra, qui disposait de moins de moyens que son futur rival, s’est révélé comme la grande surprise du premier tour et est désormais un sérieux outsider.
Le dernier Premier ministre de M. Bozizé (2008-2013) a réalisé de très bons scores dans les fiefs de l’ex-président dans l’ouest du pays, bénéficiant d’une partie importante de l’électorat traditionnel du KNK, malgré les directives du parti.
La Centrafrique est plongée dans le chaos depuis le renversement du président Bozizé par la Séléka, elle-même finalement chassée du pouvoir par une intervention internationale menée début 2014 par la France dans son ancienne colonie.