«Il est nécessaire que la morale d’un peuple soit décidée par le peuple lui-même d’où le besoin d’une nouvelle forme de démocratie : la démocratie de l’éthique. » disait Albert Jacquard. De même, la morale du peuple se mesure aussi par l’éthique de ses dirigeants. Car, l’une des conditions essentielles de la démocratie se trouve être la morale de ses élus.
La politique sans l’éthique, c’est une cité sans l’humain, une société sans sujet, une vie sans valeur. L’éthique est critique de la politique. Elle commence avec le primat de l’intérêt général sur l’intérêt particulier. L’éthique n’est pas seulement une déontologie et des règles relatives à la morale, comme le respect de l’autre ou du bien commun, la proscription de la stigmatisation, de l’insulte ou de l’injure. Elle consiste à être un sujet pour un autre sujet.
D’aucuns me diront : « Mais pourquoi parler de la démocratie de l’éthique ? ». Les multiples scandales financiers qui ont émaillé la vie politique centrafricaine dans le passé sont la réponse à cet intérêt nouveau. Il est temps pour les centrafricains d’établir une nouvelle démocratie, celle de l’éthique.
Car, il faut savoir que la démocratie s’appuie essentiellement sur la notion de confiance qui doit s’installer et être ressentie fortement entre les citoyens et les personnes qui ont été choisies pour administrer la chose publique. Cette notion de confiance doit constituer un des ingrédients de base du bon fonctionnement de notre système politique à tous les niveaux et encore avec plus d’évidence au niveau du gouvernement où les politiciens sont en relation de proximité plus immédiate avec leurs citoyens. Et cette confiance ne peut se construire et se maintenir que si les politiciens, dans leur conduite publique et même dans leur conduite privée, se comportent de manière à la mériter et à la maintenir en tout temps. L’éthique n’est alors plus une simple bouée de sauvetage dans les situations de scandales, mais un élément nécessaire du fonctionnement démocratique.
Cela dit, voter Faustin Archange Touadéra est une opportunité d’instaurer cette nouvelle forme de la démocratie. Car, il a pu incarner une culture éthique. Son nom n’est apparu nulle part dans un scandale financier pendant ses cinq ans à la primature. Touadéra a toujours exprimé une attitude de sensibilité et de respect envers les valeurs de la société, auxquelles s’ajoutent ses convictions personnelles de droiture, d’intégrité, guidées par le jugement, la mesure, la prudence, la sagesse.
Du coup, l’on peut comprendre que diriger un pays ne se mesure pas seulement à des compétences politiques, professionnelles ou intellectuelles. Toute personne qui exerce une charge publique doit disposer d’une compétence éthique élevée qui sera critique dans les situations difficiles. Ainsi considérée, l’éthique donne de l’autonomie, de l’assurance dans la prise de décision et accroît l’aptitude à poser un regard critique sur les implications de ses choix, tout en permettant de les assumer pleinement et d’en être imputable.
PASSI KERUMA