Dans une tribune parue le 26 janvier 2016 et intitulée « Naissance du bipartisme », nous avons avancé l’idée de la mise en place du bipartisme en CENTRAFRIQUE. Ayant observé les nombreux ralliements qui se sont faits pour soutenir et encourager les deux candidats arrivés en tête du scrutin du 30 décembre dernier, nous en avons conclu qu’une très bonne occasion s’était offerte aux hommes politiques centrafricains, de donner la chance à leur pays pour sortir des sentiers battus de la politique familiale et ethnique, qui nous ont (ces sentiers battus) conduits dans le désordre que nous avons connu.
On ne peut pas faire de la politique sans le courage. Et le courage naît des bons choix que l’on fait, de l’objectivité qu’on a dans les décisions que l’on prend et par-dessus tout, des convictions qui sont les nôtres, lesquelles convictions doivent être de bon sens et familières de la vérité. Le courage politique suppose qu’on se débarrasse de toutes les tendances qui font qu’on se précipite très souvent sur les occasions qui offrent des avantages personnels indéniables, pour choisir de défendre les intérêts de l’ensemble, quand bien même on n’y gagnerait pas grand-chose, sauf la fierté du devoir accompli, la fierté d’avoir fait avancer, ne serait-ce que de quelques petits pas, le pays.
Le CENTRAFRIQUE a souvent manqué de saisir les bonnes occasions qui se sont offertes à lui à cause des mauvais choix de ces hommes hommes politiques, si ce n’est à cause du manque de sérieux dans leurs pratiques politiques, au service du pays et de son peuple.
L’idée de saisir l’occasion de l’élection présidentielle pour mettre en place le bipartisme ne nous est pas venue (en tête) comme un coup de baguette magique, mais elle est l’expression d’une évidence devant laquelle nous ne devons pas fermer les yeux.
Nos partis politiques, tout le monde le sait très bien, sont constitués de clans dont les éléments sont pour la plupart des ressortissants d’une même ville, d’un même village, d’une même région. Comment pouvons-nous continuer à fonctionner ainsi, en sachant que ce système crée inévitablement des injustices, des antagonismes mortels qui nous ont conduits et qui risquent de continuer à nous conduire encore aux troubles que nous avons essuyés à travers les coups d’Etat, les mutineries et autres organisations criminelles ?
Le bipartisme qui nous ouvre aujourd’hui les bras nous permettra de mettre un terme définitif au désordre politique.
En allant voter massivement au premier tour de l’élection présidentielle, en se ralliant spontanément derrière l’un ou l’autre des deux candidats admis au second tour, le peuple et les hommes politiques qui se sont ralliés n’ont fait que suivre et entendre la voie et la voix de l’évidence. Alors, pourquoi les hommes politiques n’iraient-ils pas jusqu’au bout de leur démarche ? Comme beaucoup se plaisent à le dire, le CENTRAFRIQUE est-il réellement condamné à n’être qu’un pays de paradoxes ?
Si TOUADERA ou DOLEGUE prenait la décision d’organiser demain le bipartisme en CENTRAFRIQUE, au vu de ce qui vient d’être énoncé à travers l’évocation du vote du peuple et les ralliements des hommes et des partis politiques pour soutenir l’un ou l’autre, il lui suffirait de passer par une proposition de loi émise par le gouvernement, dans laquelle il sera mentionné le financement de ces deux partis par l’Etat, à hauteur du pourcentage de voix obtenues au second tour de l’élection présidentielle.
Je sais que cet article fera grincer des dents à bon nombre de chefs de partis politiques qui ne voudraient pas lâcher si facilement ce qui pour eux est un bifteck, mais pour le bien du pays, ce n’est pas leur demander de se faire hara-kiri que de lâcher un peu de lest, car ils auront toujours la possibilité de faire exceller leurs talents politiques dans le camp où ils se retrouveront demain, pour un avenir meilleur de leur patrie.
Alors, ayant gardé ma neutralité et mon objectivité jusqu’alors, que je garderai aussi demain, je voterai et me rallierai au candidat qui dira oui au bipartisme, car nous aurons enfin la possibilité de supprimer définitivement les coups d’Etat chez nous, nous mettrons à bas la corruption généralisée, le tribalisme et le vagabondage politique.
Je me rallierai et voterai donc pour le candidat qui dira OUI au bipartisme.
Nous avons maintenant le choix et n’avons plus le droit à l’erreur.
Que Dieu bénisse notre pays et son peuple.
Adolphe PAKOUA