En plus de bavures d’abus sexuels sur la population centrafricaine par les casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), sept nouvelles victimes d’exploitation et d’abus sexuels ont été identifiées à Bambari. Ces cas ont été signalés le 21 janvier 2016 par une équipe de chercheurs de Human Rights Watch dans le pays. Silence complice des autorités nationales est toujours observé malgré la gravité de ces actes considérés comme des crimes.
L’équipe de chercheurs de Human Rights Watch a communiqué cette information à la MINUSCA afin que des soins médicaux et psycho-sociaux soient prodigués aux victimes et afin que la Mission endosse toute sa responsabilité pour ces actes considérés comme crimes. Informée de cette situation, la MINUSCA a dépêché à Bambari un expert du Bureau des services de contrôle interne des Nations Unies (BSCI) pour une mission d’information. L’évaluation initiale du BSCI a fourni des preuves suffisantes qui confirment que cinq des victimes étaient mineures et avaient été victimes d’abus sexuels. Une adulte a été victime d’exploitation sexuelle.
Le bureau n’a pas pu interviewer la septième présumée victime, qui serait également mineure. Enfin, une des allégations portée à la connaissance de la MINUSCA par Human Rights Watch est actuellement à l’étude. Les soldats impliqués dans cette affaire sont de la République du Congo et de la République démocratique du Congo. Leurs gouvernements respectifs ont été informés de ces actes et ont été invités à mener des enquêtes.
Silence complice du gouvernement de la transition
Les autorités centrafricaines ont également été informées de ces nouvelles accusations. Mais c’est dans leur coutume, on observe depuis lors un silence radio de leur part. Malgré de multiples cas d’exploitation et d’abus sexuels signalés dans le pays, le gouvernement de transition ne cherche pas à prendre des mesures fermes vis-à-vis des forces internationales déployées dans le pays. En raison de la gravité de ces actes d’abus sexuels et compte tenu des informations recueillies par la mission d’enquête préliminaire, les Nations Unies ont décidé de prendre des mesures immédiates, y compris le rapatriement des 120 soldats congolais qui ont été déployés à Bambari du 17 septembre au 14 décembre 2015. Ce rapatriement sera effectif après la conclusion de l’enquête. Dans l’attente, les soldats seront confinés dans leurs casernes.
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine et chef de la MINUSCA, Parfait Onanga-Anyanga, s’est rendu le jeudi dernier à Bambari avec une délégation de haut niveau de la Mission. Dans un communiqué de presse le même jour, le Représentant spécial a exprimé son sentiment d’indignation et de honte, rappelant aux soldats que «l’exploitation et l’abus sexuel constituent une atteinte grave aux règles des Nations Unies et une violation des droits de l’Homme; un double crime qui affecte les femmes et les enfants vulnérables que vous ont êtes ici pour protéger ».
Il a également abordé les cas d’exploitation et d’abus sexuels avec les communautés touchées et a recommandé en urgence des mesures supplémentaires d’atténuation, d’après le communiqué. Face au bataillon de la RDC qui est dans ses dernières semaines avant son rapatriement, le Commandant de la Force de la MINUSCA, Général Balla Keita, lit-on dans le communiqué, a exhorté les soldats à «s’honorer eux-mêmes ainsi que leur pays et le drapeau de l’ONU en observant les normes les plus élevées de conduite et de la dignité ».
S’adressant à la presse à la fin de la visite, le Représentant spécial a déclaré que la MINUSCA est «en position de combat ». Il a ajouté «qu’il ne trouvera le repos que lorsque ces actes odieux seront révélés, les auteurs punis, et que ces cas cessent ».
Ces nouvelles accusations viennent s’ajouter à une vingtaine de cas dont sont impliqués les casques bleus de la MINUSCA.