Des casques bleus du bataillon congolais engagé en Centrafrique, sont accusés de violence sexuelle sur des civils.L’ONU est décidé à les sanctionner
La scène est forte et rare. Du jamais vu en République centrafricaine (RCA). Parfait Onanga Anyanga, le chef de la mission onusienne en RCA (Minusca), aussitôt arrivé sur le petit aéroport de Bambari (centre du pays), jeudi 4 février, tançait les Casques bleus de la République du Congo déployés dans la ville. De nouvelles accusations d’exploitation et d’abus sexuels étaient portées contre les Casques bleus: sept victimes à Bambari, dont au moins cinq mineurs. "Nous allons traquer jusqu’au dernier, ceux qui salissent la réputation des Nations unies", leur lança-t-il.
Sanction immédiate
Dans le même temps, l’ONU a annoncé que le bataillon congolais visé par ces accusations était immédiatement cantonné jusqu’à la fin de l’enquête, avant d’être probablement rapatrié au Congo: soit 120 hommes en tout.
C’est la deuxième fois, en l’espace d’un mois, qu’un contingent africain de la Minusca est collectivement sanctionné. Au début du mois de janvier, les Nations Unis avaient déjà décidé de retirer les quelque 800 soldats et policiers du contingent de Casques bleus de la République démocratique du Congo (RDC). Elles avaient expliqué qu’ils "ne répondent que partiellement aux exigences de l’ONU en matière d’équipement, de contrôle du recrutement et de niveau de préparation au combat". Aujourd’hui, ce sont des Mauritaniens qui ont remplacé, en partie, les Congolais de RDC.
Volonté de transparence
L’ONU a également décidé de rendre public, désormais, le nom des pays d’où viennent les soldats accusés d’abus sexuels. C’est une nouveauté. Anthony Banbury, secrétaire général adjoint chargé de la logistique des missions, a fait valoir une «volonté de transparence», devant la presse, vendredi 5 février. Il a évoqué cinq affaires d’abus sexuel sur mineurs parmi les plus récentes impliquant dix membres de la Minusca: deux soldats du Bangladesh, un soldat de RD-Congo, un soldat marocain, quatre soldats nigériens et deux policiers sénégalais.
Obligation de juger
Dans la législation actuelle, les personnels de l’ONU soupçonnés de viols doivent être jugés par leur pays. Ce qui se produit très rarement. Pour les forcer à le faire, l’ONU menace de prendre des sanctions financières contre les récalcitrants: "Nous prendrons des mesures de rétention de remboursement aux pays, par exemple, dont les enquêtes n’auraient pas abouti", a développé Anthony Banbury.
Des abus en cascades
Ce n’est pas la première fois que les soldats du Congo-Brazzaville sont impliqués dans ce type d’affaire. Mais Brazzaville n’a jamais ouvert de procès contre ceux accusés de viols. En tout, l’ONU a recensé l’an dernier 22 cas d’accusations d’abus sexuels portées contre ses Casques bleus en RCA, sur un total de 69 pour l’ensemble de ses 16 missions dans le monde.