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L’élection présidentielle du 14 février, une équation à plusieurs inconnues
Publié le mardi 9 fevrier 2016  |  Les Plumes de RCA
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© Autre presse par DR
Election en Afrique
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« À l’égard des élections du prince et des magistrats (dans une république), il y a deux voies pour y procéder, savoir le choix et le sort« , disait Jean-Jacques ROUSSEAU(1).

La Cour Constitutionnelle de Transition, dans sa décision du 25 janvier 2016 à validé l’élection présidentielle en estimant que, bien que des irrégularités soient constatées, ces irrégularités n’étaient pas de nature à inverser le résultat du vote. Cette juridiction suprême a retenu deux candidats, Anicet Georges DOLOGUELE (AGD pour ses sympathisants) et Faustin Archange TOUADERA (FAT pour ses sympathisants) qui vont devoir s’affronter pour le second tour, prévu le 14 février 2016. Cette élection présidentielle sera couplée avec le nouveau premier tour des législatives; le premier tour des législatives ayant été invalidées. Conformément au Code électoral, le second tour de la présidentielle devrait avoir lieu le deuxième dimanche suivant la proclamation définitive par la Cour Constitutionnelle de Transition, soit le 7 février, et le nouveau premier tour des législatives, dans un délai de soixante (60) jours. Le temps n’est plus au respect des dates prévues par le Code électoral, car la communauté internationale est déterminée à donner le coup de sifflet final de la transition, qui a si duré, le 31 mars 2016. Les choses ont commencé à se dessiner dans ce sens puisque le glas de la présence de la SANGARIS et des contingents congolais de la MINUSCA a déjà sonné.

En effet, le 14 février, les Centrafricains iront aux urnes pour choisir entre Anicet Georges DOLOGUELE et Faustin Archange TOUADERA, deux anciens Premiers ministres qui ont passé toutes ces périodes de campagnes électorales à promettre ciel et terre aux Centrafricains. Les deux candidats étant en ballotage, chacun d’eux est appuyés, pour ce second tour par un ensemble de partis politiques ainsi que des associations de la société civile. Est-il que ce ne sera pas forcément le candidat ayant plusieurs partis politiques et associations à son actif qui remportera cette élection présidentielle, plusieurs facteurs devant être pris en compte. C’est pourquoi il convient de savoir ici: quels sont les différents facteurs faisant figure d’inconnus pouvant déterminer les résultats de ces élections ?

1- Les électeurs tombés dans l’indécision suite à l’échec de leur candidat au premier tour

Les candidats étaient au nombre de trente (30) au départ. Suite à un mauvais score enregistré par vingt et huit (28) d’entre eux au premier tour, ces derniers sont obligés de se ranger derrière l’un ou l’autre des deux finalistes. Ce qui a, du coup, fait plonger plusieurs de leurs électeurs dans l’indécision.

Ces électeurs, il faut le rappeler, ne sont pas obligés de respecter les consignes de vote donnés par leurs responsables politiques. Les récentes dissensions au sein du KNK de l’ex-président François BOZIZE et le PNCN de Cyriaque GONDA (pour ne citer que ces deux partis politiques) en est une parfaite illustration. Et c’est ce qui constitue l’un des grands inconnus de cette élection. C’est pourquoi il importe de savoir, d’emblée, qu’être soutenu par plusieurs bureaux politiques ne signifient pas nécessairement gagner les élections.

2- Les personnes averties

Les personnes averties sont celles qui, bien qu’apparemment à l’un ou l’autre camp, préfèreront le jour du vote utiliser leur conscience pour choisir un président pour le pays plutôt tôt que de suivre un homme comme des moutons de Panurge. Ceci s’apparente en fait à une sorte de malhonnêteté, d’infidélité; car comment peut-on défendre mordicus une idéologie et ne pas la vivre? Mais ça vaut la peine car, comme le disait Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau (communément appelé Mirabeau), « S’il est contraire à la morale d’agir contre sa conscience, il ne l’est pas moins de se faire une conscience d’après des principes faux et arbitraires ; l’obligation de faire sa conscience est antérieure à l’obligation de suivre sa conscience » (2).

Un homme averti ne vote pas avec son cœur (sur la base des sentiments), mais avec sa tête. Un homme averti est celui qui a la capacité et le courage de prendre les projets des deux candidats pour les comparer. Après comparaison, une analyse minutieuse doit être opérée sur le passé et la personnalité de chacun des deux candidats.

Dans l’espèce de nos deux candidats, à y voir de près, c’est le candidat DOLOGUELE qui a la meilleure profession de foi, un projet sérieusement élaboré. Il n’a pas été aux affaires depuis un bon moment, il a suffisamment eu le temps de se préparer. Dans presque tous les domaines, il a fait des propositions concrètes: sécurité, dialogue vérité et réconciliation, promesse des chemins de fer pour relier les villes lointaines et désenclaver le pays, une politique éducative sérieuse, …

Par contre TOUADERA qui est perçu comme le candidat du peuple, assurément n’a pas eu le temps de se préparer; car occupé, d’aucuns le diraient, à s’occuper des affaires du peuple. C’est évidemment lui qui détient le record de longévité des Premiers ministre en Centrafrique, de 2008 jusqu’au début de la période de désolation du peuple centrafricain en 2013. Dans son projet, le candidat TOUADERA, dans le domaine de l’éducation n’a rien prévu ni pour le fondamental 2 ni pour l’enseignement supérieur. L’on ne peut dire qu’il a la ferme volonté de procéder à un pilotage à vue dans ce domaine. Il s’agit là d’une faute grave pour quelqu’un qui a déjà officié comme Recteur de l’unique et vétuste université de Bangui. Apparemment, son projet avait été élaboré à la hâte, car dans beaucoup d’autres domaines, il ne démontre pas comment il compte s’y prendre pour parvenir à tel ou tel résultat escompté. Comme un adage mondialement connu dit que « les grands diseurs ne sont pas de grands faiseurs« , je peut ajouter que ce n’est pas parce qu’un projet est mieux élaboré ou non qu’il sera effectivement mise en application. Cependant, il est clair que « les paroles s’envolent, mais les écrits restent« ; étant donné que c’est sur la base de cet écrit qu’un programme suivi-évaluation pourra être mis en place.

En ce qui concerne la personnalité et le passé des deux prétendants à la Renaissance, tous deux sont des anciens Premiers ministres. D’une part, le candidat DOLOGUELE, President de la Banque de développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) de 2001 à 2010, fut Premier ministre de janvier 1999 à avril 2001. Sous le président PATASSÉ, il a procédé à des réformes courageuses imposées par les bailleurs de fonds pour que la RCA puisse prétendre à des aides (c’est évidemment ce que la Grèce, un pays européen, a subi les conséquences jusqu’aujourd’hui).

Ces réformes entreprises sous le premier ministre d’alors ne peut qu’être incompréhensible des citoyens plus ou moins mal éclairés, pour ne pas dire analphabètes. Ce qui risque de jouer en défaveur dudit candidat. L’Etat étant caractérisé par le principe de continuité, il est incontestable que tout ceux qui l’ont succédé se sont réjouis des fruits de ces réformes douloureuses.

Cependant, ses détracteurs le surnomme « Monsieur 10% » du fait qu’il aurait exigé des rétrocommissions de 10% sur les contrats publics et parapublics. A cela s’ajoutent les arriérés de salaires, les privatisations abusives (Pétroca, Socada devenu Sococa, l’UBAC), l’affaire ZONGO OIL.

D’autre part, le candidat TOUADERA, Recteur de l’Université de Bangui de 2005 à 2008, fut Premier ministre du président BOZIZE de janvier 2008 à janvier 2013. Entre autres, il a assuré une sécurité financière aux fonctionnaires et agents de l’Etat qui doivent désormais procéder à des opérations bancaires (grâce à la fameuse « bancarisation » des salaires), chose jusque là inconnue du grand public. Aussi, les fonctionnaires percevaient régulièrement leurs salaires jusqu’à son départ de là Primature.

Ses détracteurs l’accusent d’avoir abusé des heures de vacations et heures supplémentaires à l’Université de Bangui où il pouvait totaliser chaque année plus de mille (1000) heures en dehors de ses activités en tant que Recteur ou Premier ministre. Aussi, il n’a pas su maintenir un dialogue constructif avec les rebellions qui se sont développées sous son nez pour donner naissance à la SELEKA, cet ouragan qui va frapper le Centrafrique de plein fouet. A cela s’ajoutent les dernières révélations de WikiLeaks (de Julian Assange) relatives à l’exploitation pétrolière par deux sociétés chinoises. D’après ces révélations, « un bonus de 2 millions et demi de dollars devait être versé à l’Etat, en février 2013, ainsi qu’un crédit de 3,4 millions de dollars en équipements. Cependant, il n’y en aurait aucune trace. L’autre société, PTI-AL, dispose d’un permis de recherche daté de 2011 pour un bloc de 25 000 km carrés, au nord de Ndélé, le long de la frontière tchadienne. Selon la note, là non plus, pas de trace du bonus de signature. L’Etat aurait dû percevoir 10 000 000 de dollars ainsi qu’un prêt de plus de 45 000 000 de dollars sur trois ans« (3)

Il est clair que le candidat TOUADERA doit des explications au peuple centrafricain et quelque soit celui qui sera élu, d’entre les deux, des lumières doivent être faites sur cette affaire. Il s’agit là d’un véritable crime économique contre le peuple centrafricain. Le temps n’étant plus à l’impunité, des responsabilités devront être engagées.

En effet, un homme averti constatera que ce sont les Centrafricains eux-mêmes qui sont à l’origine de la descente aux enfers de ce pays où coule le lait et le miel. Finalement, à qui faire confiance ? C’est vrai que chaque homme à sa faiblesse, ses passions et ses imperfections. Mais, c’est se résoudre à y demeurer qui constitue la fatalité. J’ose espérer que ces événements, qui ont failli faire disparaître la RCA de la carte du monde, ont pu présidé la détermination des uns et des autres et surtout de tous ceux qui se sont engagés dans cette course à la magistrature suprême de l’État. Que chacun puisse dire « plus jamais ça« , « plus jamais mes intérêts égoïstes« .

3- Les analphabètes traditionnels et modernes

Le pays compte plus d’analphabètes que d’intellectuels. Ce qui explique en partie l’extrême violence dans laquelle le pays était plongé du point de vue dignité de la personne humaine où les SELEKA et ANTIBALAKA, des analphabètes traditionnels n’en avaient aucun respect. Parmi les intellectuels, il y a ceux que je pourrais qualifier d’analphabètes-modernes. Il s’agit là des personnes qui, bien qu’ayant mis pieds à l’école et étant sorties avec un ou plusieurs diplômes, continuent de se comporter sans un esprit critique. Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux (Facebook par exemple) pour constater les énormités qui se racontent et le manque de respect à l’égard de ceux qui prétendent à la magistrature suprême de l’État. Ils le font dans l’ignorance totale du fait que quelque soit celui qui sera élu, tous les Centrafricains s’en réclameront demain comme leur President à travers le monde. Ces énormités proviennent évidemment de la part de ceux qui savent lire et écrire; mais juste parce qu’ils sont, d’une manière ou d’une autre, rongés par la haine, ou ne partagent pas la même idéologie que leurs adversaires politiques, ou encore le font pour le plaisir ou par suivisme.

Toutes ces catégories d’analphabètes soutiennent des candidats pour des raisons subjectives (région, ethnie, cadeaux, suivisme, …). Ce sont des personnes qui n’ont nullement cette volonté de confronter judicieusement les projets de société des candidats. En effet, en Centrafrique comme dans certains pays africains, ce sont les critères ethnique et régional qui déterminent le résultat des élections.

Seulement, presque tous les Centrafricains ont subi de plein fouet l’ouragan SELEKA. C’est pourquoi l’engouement des électeurs pour ces élections dans un extrême climat d’insécurité démontre que les Centrafricains ont décidé de changer les choses. La preuve: bien que le MLPC de Martin ZIGUELE soit le parti politique le mieux représenté sur l’ensemble du territoire, il a subi un échec sans précédent, car accusé par la majorité des Centrafricains d’être de connivence avec la SELEKA. Une accusation à raison puisque Martin ZIGUELE qui n’avait jamais sa langue dans la poche au temps de BOZIZE à brusquement brillé par un mutisme total au temps de la SELEKA; allant même jusqu’à qualifier Djotodja de l’homme de la situation pendant que les gens croupissaient dans les camps des déplacés et les brousses sur presque toute l’étendue du territoire (sans oublier les réfugiés dans les pays voisins bien sûr). C’est ce qui lui a valu le surnom de « zigzag« .

Ce changement de comportement des Centrafricains aura sûrement son mot à dire lors de ce second tour de la présidentielle; car depuis le début de ces élections, le mot d’ordre des Centrafricains se résume en ces mots : « lors des campagnes électorales, soutenons les candidats et mangeons ce qu’ils nous offrent ; mais lors du vote, votons librement et consciencieusement pour le pays« . En toute évidence, Martin ZIGUELE en a déjà fait les frais.

4- Fraudes massives orchestrées par les QG des campagnes des candidats

L’un des inconnus de ce scrutin constitue les fraudes massives qui pourraient être orchestrées par les quartiers généraux des campagnes des candidats ou leurs cellules de soutien. Le premier tour avait subi des irrégularités qui, heureusement n’était pas de nature à inverser les résultats du vote. Comme je l’ai dit dans un article auparavant (4), la sincérité des élections dépend en grande partie des candidats ainsi que de leurs quartiers généraux (QG) de campagne. Comment imaginer que se soient ceux qui se disent vouloir changer les choses qui se trouvent être plonger dans des fraudes inimaginables en vue de parvenir au sommet? Et demain, comment pourront-ils dénoncer et lutter contre la fraude et la corruption qui gangrènent notre pays? Cette fois-ci, si l’ANE et ses partenaires (FACA, Gendarmerie et Police nationales, MINUSCA) ne mettent pas les bouchées doubles, le cas de ce second tour sera pire. Il faut que les fraudeurs soient arrêtés et traduits devant la justice. Toutefois, il revient à chaque candidat de s’imposer d’abord la sincérité du vote avant de conscientiser ses sympathisants.

5- Les magouilles de la SANGARIS et de la MINUSCA lors des transports des urnes

Eu égard au passé sombre de la France dans les opérations électorales en Afrique et plus précisément en Centrafrique, il est question de soulever cette problématique. L’histoire de la RCA est jalonnée de coup d’État depuis 1959 jusqu’à ces élections de 2016. Tous les présidents qui se sont succédés à la magistrature suprême de l’Etat après Barthélemy BOGANDA ont sont parvenus suite à un coup d’Etat orchestré par la France.

Pour rappel, en 1959, la France a assassiné le Président fondateur Barthélemy BOGANDA, dans un accident d’avion où le contenu des boîtes noires n’ont jamais été rendus publics jusqu’à ce jour. David DACKO avait été imposé face à Abel GOUMBA suite à des élections truquées par la France ; en 1965, la France a renversé David DACKO pour imposer son cousin Jean-Bédel BOKASSA; en 1979, la France dans son opération Barracuda a renversé Jean-Bedel BOKASSA pour ramener David DACKO; en 1981, la France a renversé à nouveau David DACKO pour imposer son Chef d’Etat-Major le Général d’armée André KOLINGBA qui finira par organiser des élections en 1993 permettant à nouveau le retour de la démocratie avec l’élection de Ange Félix PATASSÉ.

En 1999, comme l’a affirmé Fidèle NGOUANDJIKA, l’un des candidats malheureux à la présidentielle de décembre 2015 en présence de l’ambassadeur de France et des journalistes juste avant les élections du 30 décembre 2015, c’est la France qui a imposé le deuxième mandat de PATASSÉ lors des élections de 1999 face à Abel GOUMBA, qualifiant GOUMBA de « communiste » et PATASSÉ, de « mal nécessaire« . Le candidat NGOUANDJIKA á même fait état de ce qu’une somme de cinquante (50) millions de francs CFA (soit un peu plus de 76 000 €) avait été versée par la France à chacun des candidats à l’élection présidentielle pour laisser PATASSÉ remporter l’élection dès le premier tour. Ce qui fut fait Grâce à l’immaturité politique et l’esprit d’égoïsme de nos dirigeants politiques.

En 2001, la France revient encore avec une tentative de coup d’Etat pour imposer le Général André KOLINGBA, mais elle échoua de justesse et finalement en 2003, la France finira par renverser Ange Félix PATASSÉ au profit du Général d’armée autoproclamé François BOZIZE. En 2013, la France revient encore renverser François BOZIZE pour installer Michel DJOTODJA et la SELEKA qui va déferler les vagues de violences de tout genre sur toute l’étendue du territoire. Même l’élection de SAMBA-PANZA avait été imposée par la France. Finalement, ça craint!

Cette fois-ci, la France et ses médias ont échoué à imposer un candidat au peuple centrafricain, car il était clair que c’est Martin ZIGUELE qui était le candidat de la France. Comme dans toute situation il faut un bouc émissaire, c’est évidemment Charles MALINAS, l’ambassadeur de la France qui en fera les frais à la fin de ces élections. La SANGARIS et la MINUSCA, c’est blanc bonnet, bonnet blanc. Ils n’ont pas hésiter à laisser des voyous en armes régner sur la population afin d’assurer la pérennité de leurs intérêts en Centrafrique; tentés vainement de dissuader le pape de venir en Centrafrique pour continuer à alimenter le climat des violences; n’ont pas hésité à distribuer des munitions et armes aux deux belligérants afin de pérenniser les violences; n’ont pas hésité à abuser sexuellement des enfants en extrême état de nécessité contre des biscuits et boîtes de conserves. La France et SANGARIS reste capable de tout, même dans le transport des urnes, sauf bien sûr à imposer Martin ZIGUELE; peut-être bien lors d’un prochain coup d’Etat.

6- Dieu créateur

Le dernier inconnu de ces élections reste, de toute évidence, le Dieu Tout-puissant prié par une grande majorité des Centrafricains. Nul n’ignore aujourd’hui l’influence de la religion en Centrafrique; d’ailleurs, si ces élections ont réussi, c’est grâce à la visite du Papa François à Bangui, dans un climat de recrudescence de violences, pendant que la France a tenté en vain de l’en dissuader. Depuis cette visite ecclésiastique, les choses se sont nettement améliorés.

Par ailleurs, il faut noter que si un espoir de cohésion sociale a subsisté pendant toute cette période sombre de l’histoire de la RCA, c’est grâce à la collaboration et aux efforts des leaders religieux (Monseigneur Dieudonné NZAPALAÏNGA de l’église catholique, le Révérend pasteur Nicolas GUEREKOYAME de l’Alliance des Évangéliques en Centrafrique et l’Imam Kobine LAYAMA du Comité islamique). Ces responsables religieux se sont réunis pour créer la plateforme religieuse afin de faire face à l’instrumentalisation de la religion dans le conflit prôné par les hommes politiques.

Il est clair que l’église en Centrafrique s’est fortement mobilisée pour encadrer ses élections par des séances de prières à la chaîne. À cela s’ajoutent les prières des Chrétiens à travers le monde en soutien au rétablissement du Centrafrique. Après ces crises, les élections ne sont plus considérées comme un sujet tabou dans les églises et les mosquées en Centrafrique. Les responsables des églises et des mosquées se sont endosser cette responsabilité d’enseigner les fidèles dans ce domaine afin de parvenir à un choix judicieux. Vu l’environnement spirituel maintenu par les églises sur cette période électorale, il est incontestable que Dieu aura son mot à dire.

En somme, il est du devoir de chacun des deux prétendants à la Renaissance de surprendre le monde entier, le jour de la proclamation des résultats en faisant preuve de maturité et de patriotisme, en acceptant le résultat des élections sans histoire de manifestations. Appeler son adversaire pour le féliciter revient à savoir conserver la considération de soi-même et des autres. C’est pourquoi, MOLIERE, dans Le Festin de pierre (Dom Juan), disait que « Lorsque l’injure a une fois éclaté, notre honneur ne va point à vouloir cacher notre honte, mais à faire éclater notre vengeance« (5). Mais, Qu’est-ce que l’honneur ? SAINT-FOIX disait: « c’est la force de l’âme animée ou réveillée par le devoir, et qui, quelquefois même, nous porte au delà de ce qu’il prescrit » (6).

Aujourd’hui, ces deux prétendants ont fait savoir que les Centrafricains sont comblé car, pour la première fois de son histoire, la RCA va être dirigé par un intellectuel de haut rang, soit Anicet Georges DOLOGUELE titulaire d’un DESS en Gestion des entreprises et d’un DEA en Economie, soit Faustin Archange TOUADERA Professeur de Mathématiques. Espérons que si c’est Anicet Georges DOLOGUELE qui est élu, il ne foulera pas aux pieds ses engagements contenus dans son projet de société; et si c’est Faustin Archange TOUADERA qui est élu, il ne faussera pas l’espoir que les Centrafricains ont placé en lui, le gros outsider.

Que Dieu bénisse le Centrafrique !

Mario AZOU-PASSONDA
Enseignant-Chercheur à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques
De l’Université de Bangui
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