La communauté musulmane et non-musulmane s’est engagée à reprendre le chemin de vivre-ensemble dans la société. Pour renforcer le lien de la cohésion sociale entre les musulmans et les chrétiens en République centrafricaine, un pacte de non-agression a été signé le 11 février 2016 entre les deux communautés à Boeing, la commune de Bimbo. Ce pacte est signé par le représentant des Antibalaka et du groupe d’autodéfense du km5, ainsi que par de certains acteurs impliqués dans le processus.
La signature de ce pacte de non-agression a permis d’ouvrir la voie au cimetière des musulmans du 3ème arrondissement de Bangui, se trouvant à Boeing dans la commune de Bimbo. De nombreuses personnalités dont les membres du gouvernement, les Représentants des missions diplomatiques et organisations internationales, la plateforme religieuse, les autorités locales du 3ème et de la commune de Bimbo ont pris part à la a cérémonie officielle de la signature dudit pacte qui s’est tenue sur le terrain du marché de Boeing. Cette signature est le fruit de plusieurs tractations entre les acteurs impliqués dans le processus, dont la population des deux communautés, la plateforme religieuse, le gouvernement de transition, et la communauté internationale, de l’ouverture du cimetière appartenant à la communauté musulmane du 3ème arrondissement de Bangui.
Le passage entre le 3ème arrondissement et la localité de Boeing pour atteint ce cimetière a été depuis longtemps le théâtre de combats et de violences entre les deux communautés. Après tout, la population aspire aujourd’hui à la paix pour vivre ensemble. Car c’est dans la paix que la République Centrafricaine se développe, comme l’a si dit la Maire de la commune de Bimbo dans son mots de bienvenu.
« Dans toute chose, il y a un début et une fin. La population de Boeing et du 3ème arrondissement, comme vous l’avez décidé d’enterrer la hache de guerre, c’est maintenant ou jamais d’adopter un comportement responsable. La communauté internationale présente à cette cérémonie de signature du pacte de non-agression est témoins de votre engagement, il ne faut pas que demain elle soit déçue », a martelé…, Maire de Bimbo.
A travers la signature de ce pacte, la population de la sous-préfecture et celle de la commune a soif de se consacrer à ses activités génératrices de revenus. Et donc, les deux communautés ont saisi cette opportunité pour mettre définitivement fin aux agressions, aux violences pour prôner la réconciliation.
En dépit de tous obstacles, les populations centrafricaines victimes de cette crise ont su les surmonter en bravant tous les dangers afin de mettre un terme à cette crise de plusieurs années. Fort de ce constat, la Coordination des Organisations Musulmanes de Centrafrique (COMUC) a saisi officiellement la Cheffe de l’Etat de transition et la communauté internationale, à travers une lettre de demande d’accès au cimetière le 24 juin 2015, pour demander l’ouverture de façon pacifique et amiable de ce cimetière musulman de Boeing permettant à la communauté d’enterrer dignement ses morts. Elle a initié un pacte de non-agression qui a été par la suite accepté par les deux communautés.
« C’est avec beaucoup de d’amertume et de tristesse que notre pays a vu ses fils et ses filles déchirés par une crise absurde et sans issue, limitant les déplacements et les activités des uns et des autres », a déploré Mahamat Youssouf, le Secrétaire général de COMUC.
Plusieurs mécanismes d’accompagnement pour la consolidation de la cohésion entre les deux communautés sont envisagés. Pour ce processus, les Travaux à Haute intensité de Main d’œuvre (THIMO) et la construction du nouveau marché, la réhabilitation de la mairie, et du commissariat de police de Boeing sont entre autres des mesures d’accompagnement recommandées dans le pacte signé. Sur place, la première pierre de la construction du marché a été posée par le ministre des transports, Abazen Djoubaye, représentant la présidente de transition à la cérémonie de la signature du pacte. Cette pose de pierre a rencontré l’agrément de la population de Boeing qui sera dotée d’un marché moderne.
Dans son intervention, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la MINUSCA, Parfait ONANGA-ANYANGA a souligné que la Mission onusienne remplira ses engagements tels que contenus dans le Pacte de non-agression, à savoir, la poursuite des activités d’accompagnement cités ci-haut. Ces activités profitent à la jeunesse des deux communautés. Aussi, la poursuite de la facilitation du processus de réconciliation communautaire, la réalisation de projets de paix et de développement, la mise en place d’un dispositif sécuritaire et d’alerte dans les points stratégiques du Kilomètre 5 et de Boeing, la poursuite d’appui à la restauration de l’autorité de l’Etat avec sont les des actions que va appuyer la MINUSCA avec ses projets à Impact Rapide (QIPs).
«Cette journée du 11 février 2016 restera à jamais gravée dans la mémoire collective comme celle où deux communautés d’une seule et même Nation, que tout semblait jadis diviser, ont décidé de s’extraire de l’abime dans lequel des mois de conflits les avaient plongés, en se donnant la main pour revivre ensemble » a déclaré Parfait ONANGA-ANYANGA.
C’est en effet à l’initiative de la Cheffe de l’Etat de transition que le Comité de Coordination des Activités de Réouverture du Cimetière (CCARC) a vu le jour. Ce mécanisme de concertation d’inspiration nationale a permis de rassembler les deux communautés, musulmane et chrétienne, vers un projet commun pour vivre en paix.
Ce Pacte de non-agression est vu par les représentants de la communauté internationale comme l’expression forte et annonciatrice de la concorde et de l’harmonie retrouvées entre les deux communautés. Comme l’a si dit le chef de la MINUSCA, le Pacte de non-agression est surtout un acte de justice. Il répare et rétablit la communauté musulmane dans son droit inaliénable d’accès libre au cimetière municipal de BOEING. Ce pacte honore aussi les membres de la communauté chrétienne qui ont cru en sa pertinence et travaillé à son adoption. Mais, « le Pacte de non-agression, n’est pas une fin en soi » a-t-il souligné. Ce pacte marque le début d’un processus de normalisation des rapports inter communautaires appelés à se renforcer avec le temps.
Dans ce même esprit, le PNUD et les Agences des Nations Unies prendront le relais de la MINUSCA pour la mise en œuvre des activités de création d’emplois d’urgence THIMO, mais aussi, selon monsieur ONANGA-ANYANGA, pour le financement d’activités génératrices de revenus dans les domaines du maraichage, de la pisciculture, de l’élevage et de la transformation. «Une attention toute particulière sera accordée à la formation des jeunes déscolarisés» a-t-il ajouté.
Il convient de dire que le pacte de non-agression signé entre les deux communautés est dans sa troisième signature mais par la suite foulé à pied par les parties signataires au regard des derniers évènements malheureux qui se sont produits dans la localité.