BANGUI — LNC a suivi avec intérêt le processus électoral du 14 février en Centrafrique, en déployant dans le pays, en tous cas, le plus qu’elle pouvait, de journalistes sur le terrain, afin de rapporter en direct, nonobstant les difficultés techniques, le plus d’informations possibles sur le déroulement des votes.
Nous avons été les seuls à être en capacité de le faire.
Constat final ?
On craignait, tout le monde craignait, non pas des agitations des Séléka, ex Séléka et affiliés, mais surtout celles des Anti-Balaka, que nous savions dans les provinces être assez incontrôlables.
Fort heureusement, dans le pays, les uns et les autres se sont tenus tranquille. Pour le moment.
Le danger qui est à redouter risquera d’être “l’après élections”. Car tôt ou tard, il faudra bien mettre à pied ces bandes armées sans contrôle, et justement, contrôlant des pans entiers du pays.
Plus globalement, pour une fois, ces élections générales, hormis le bug de l’A.N.E qui n’est pas à féliciter du coup, en changeant la donne des votes au dernier moment sans prévenir les potentiels électeurs, et causant la colère de nombreux électeurs, se sont bien passées.
Aucune violence majeure n’est à déplorer.
Maintenant, il faut pour l’extérieur, comprendre que les conditions de travail des agents de l’AN.E furent catastrophiques. A Bangui, pour ne citer qu’un exemple, mais valable partout. Sans électricité, car démarrant tôt dans la matinée, et à 6 heures du matin ici il fait encore quasiment nuit, ces courageux agents travaillaient à la “lampe tempête”, quand on sait que la majorité d’entre eux n’ont pas été payé depuis plus de 4 mois.
Ils durent par exemple de même essuyer les colères des votants expulsés pour manque de documents adéquats, comme ce fut le cas à Bangassou et ailleurs.
Enfin, depuis hier soir, tentant de recouper des chiffres, nous pensons que le taux de participation devrait tourner autour des 50%.
Maintenant, le problème de “fraudes” serait possible à Bangui, qui centralisent les documents et procès verbaux finaux.
Car c’est informatisé et mal. Sans protection anti hackers. Du coup, n’importe qui peut à loisir trafiquer les résultats, soit au sein de l’A.N.E soit au sein du C.C.T.
C’était déjà arrivé aux Etats Unis lors des élections voyons Bush fils élu. Alors en RCA, c’est encore plus facile.
De sources bien informées, mais à prendre très prudemment et avec des pincettes, une indiscrétion d’un membre de l’A.N.E parlant sous anonymat de nous déclarer que lors du premier tour des présidentielles, à Bangui notamment, les résultats auraient été manipulé informatiquement, et dit-on, pour favoriser Anicet Dologuélé. D’autres informations à propos ne sont que commérages sans fondement.
En tous cas, bien des partisans de Touadera y croient.
Ce qui par contre est fait certain, c’est qu’il y a eu des fraudes massives lors du premier tour, et essentiellement au détriment du candidat Martin Ziguélé. Et cela en amont, dans les bureaux de vote, où de nombreux agents de l’A.N.E furent soudoyé pour favoriser tel candidat ou défavoriser tel autre.
Le taux de fraude fut tel que normalement, ce premier tour, comme celui des législatives aurait dû être annulé.
Néanmoins, comme nous l’expliquions déjà, l’A.N.E a jugé bon de tout de même valider l’invalidable. Car le résultat du premier tour est COMPLETEMENT TRUQUE !!!
Maintenant, pourquoi faille-t’il attendre le mois de Mars pour avoir les résultats définitifs ?
En Occident, la chose se règle en quelques heures. Moins de 3 heures après un vote, une appréciation crédible des résultats est connue. Une promptitude qui déjà, évite passablement les tentatives de fraudes.
En Centrafrique, malheureusement, il faut du temps pour acheminer PHYSIQUEMENT les résultats, et non INFORMATIQUEMENT.
De même qu’il faut du temps PHYSIQUEMENT pour faire le contrôles et non “INFORMATIVEMENT”.
Ce qui explique le temps pris avant de déclarer les résultats officiels. Même si, une fois de plus, plus ça traîne, et plus on a la latitude de frauder.
Car les systèmes informatiques de l’A.N.E et du C.C.T n’ont aucune protection anti hackers. N’importe qui peut donc s’y immiscer et modifier les résultats réels.
Enfin, là encore, il y a risque de fraudes massives pour ce nouveau tour des législatives, car bien moins surveillé que les présidentielles.
Bref, comme nous disait un agent de l’A.N.E à Berbérati :
“Au moins ça change, on n’aura pas un président auto-proclammé arrivé par coup d’état comme d’habitude.”
On se rassure comme on peut !