Face à la passivité des forces internationales vis à vis des groupes armés centrafricains et étrangers qui se disputent actuellement le large territoire de la préfecture de l’Ouham Péndé, une solution centrafricano-centrafricaine doit s’imposer. Les autorités centrafricaines n’ont pas un autre choix que déployer les Forces Armées centrafricaines immédiatement comme le souhaite la population de cette préfecture. Centrafrique Libre est tombé sur une note écrite par le préfet de cette région qui crie au secours.
MINISTERE DE L’ADMINISTRATION DU TERRITOIRE, DE LA DECENTRALISATION
ET REGIONALISATION
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P R E FE C T U R E DE L’ O U H A M -P E N D E
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SECRETARIAT GENERAL
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N° /PUP/SG.- 16
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
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Unité – Dignité – Travail
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BOZOUM, le 18 Février 2016
MESSAGE ELECTRONIQUE
ORIGINE : PREFET DE L’OUHAM-PENDE…………………………………………………BOZOUM
DESTINATAIRES : MINISTRE ADMINISTRATION TERRITOIRE………………………………BANGUI
MINISTRE SECURITE PUBLIQUE…………………………………..BANGUI
MINISTRE DEFENSE NATIONALE…………………………………..BANGUI
MINISTRE D’ETAT DEVELOPPEMENT RURAL………………BANGUI
TEXTE
Le déploiement progressif des éléments peuhls du Général Sidiki puis des autres groupes d’ex-Selekas CPJP ralliés aux RJ tout le long de la bande frontalière centrafricano-camerounaise depuis leur fief dans la sous-préfecture de Koui jusque dans la sous-préfecture de Ngaoundaye - notamment dans la commune de Kodi (villages Mann et Mberé) et celle de Yeme (villages Kohone et ses environs) – constitue de plus en plus une menace certaine pour toute la Préfecture de l’Ouham-Pendé.
Il convient de rappeler que l’effectif des éléments du chef de guerre SIDIKI pré-positionnés dans la commune d’élevage de Koui depuis le mois d’Octobre 2015 est sensiblement passé de 350 hommes au départ à environ 1500 hommes aujourd’hui; d’où son récent grade de Général.
La nouvelle stratégie d’infiltration, contrairement à la méthode des ex-Selekas est plus souple pour éviter toute nouvelle confrontation brutale avec les autochtones. Aussi, leur leitmotiv invoqué est la lassitude d’une trop longue errance : après avoir perdu tous leurs biens et leur cheptel du fait des anti-Balakas, un temps considérés comme des apatrides, ces éleveurs ont donc décidé de regagner leur ancien territoire de vain pâturage et sont désormais plus que déterminés à protéger les autres éleveurs peuhls et le reste de leur bétail.
Même si la plupart d’entre eux ne sont pas manifestement originaires de Centrafrique, ces hommes armés prétendent toutefois attendre de la part du Gouvernement des propositions concrètes pour leur désarmement et leur réinsertion sociale (Programme de DDR).
Un tel discours lénifiant a bien vite trouvé écho auprès de certains gros éleveurs peuhls centrafricains spoliés ou ayant trouvé refuge dans les pays voisins ou encore ceux étrangers qui ont eu depuis toujours des gros intérêts dans la filière bétail et qui les soutiennent financièrement pour permettre à leurs bêtes d’avoir au moins accès cette année aux pâturages encore verdoyants de Centrafrique. C’est un secret de polichinelle que beaucoup de hauts dignitaires tchadiens et nord camerounais sont les véritables propriétaires des bétails qui paissent en RCA.
La question de l’eau et du pâturage est ainsi placée au cœur de la problématique sécuritaire du Nord Centrafrique où l’avancée du désert sous l’effet des changements climatiques, pousse de plus en plus les éleveurs du Sahel, depuis le Niger, le Mali, le Tchad et le Nord Cameroun à se descendre vers le massif du Yadé, véritable château d’eau de l’Ouest centrafricain.
La gestion de l’eau et des pâturages est devenue désormais source de conflit communautaire entre éleveurs allogènes et agriculteurs autochtones de l’Ouham-Pendé et est faussement interprétée comme un conflit interreligieux comme dans le reste du pays.
Si le futur Gouvernement ne prend pas de véritables mesures sécuritaires ou de prophylaxie qui s’imposent immédiatement tant au niveau de la règlementation nationale en matière de transhumance, qu’au plan communautaire au sein de la CEMAC (CEBEVIRHA) et au-delà, de l’Union Africaine (UA), les conséquences seront de plus en plus dramatiques pour la paix en Centrafrique.
Sur le plan sécuritaire, après l’invasion la semaine dernière des éleveurs tchadiens dans les champs de Ngaoundaye, on signale plus au sud, depuis 72 heures au village N’dim dans la commune de Dilouki, la présence d’une autre bande armée passant de 19 à 64 éléments.
Malgré la non-agressivité des nouveaux arrivés qui ont investi les locaux de l’ex-SOCOCA et réclament simplement leur désarmement, la population apeurée s’est réfugiée au sein de l’église catholique où un prêtre et quelques membres de la Délégation Spéciale tentent de faire la médiation.
Et pourtant la MINUSCA de Bocaranga, plus prompte à désarmer les Anti-Balakas, est située juste à une quarantaine de kilomètres de la ville de N’dim mais n’a pas encore jugé nécessaire d’intervenir. Et le haut commandement du contingent camerounais de Bossangoa solliciterait plutôt l’intervention des autorités administratives et la section civile de la MINUSCA de Paoua face à un groupe armé dont les intentions ne sont pas clairement définies.
De leur côté, les groupes Anti-Balakas se réorganisent depuis les villages de Tollé, Sangami, Bocaranga, Bohong, pour monter à l’attaque face à ce qu’ils appellent le laxisme du Gouvernement et sa complicité avec la Minusca.
Le scenario de Koui est de nouveau en marche et risque d’embraser une fois de plus la Préfecture de l’Ouham-Pendé
A l’analyse, tous ces mouvements suspects de bandes armées semblent bien confirmer les anciennes rumeurs et prétentions du Général Sidiki de passer à l’offensive après la jonction toutes ces forces négatives, si le Gouvernement n’accédait pas favorablement à leurs propres conditions de désarmement. Plus le temps passe, plus les groupes s’arment et s’agrandissent.
Devant la montée en puissance des menaces, je sollicite le déclenchement immédiat du projet de sécurisation de la zone de Paoua mais aussi des deux sous-préfectures frontalières (Koui, Ngaoundaye) par les FACA, promesse faite aux populations de Paoua par les Ministres concernés.
L’aide de la communauté internationale -qui n’attend tout simplement que ces situations deviennent plutôt conflictuelles pour intervenir et justifier son mandat – devra alors être sollicitée pour la prise en charge urgente de ces peuhls considérés comme des personnes déplacées et leur installation dans une zone protégée, de préférence une zone d’élevage où ils pourront bénéficier d’un projet de relance agropastorale pour reconstituer leur cheptel anciennement décimé par les Anti-Balakas.
Gabin-Serge NAKOMBO