Par Paul-Crescent BENINGA
Nul doute, l’élection de
sieur TOUADERA marque la fin d’une transition trébuchante, mais combien efficace pour la simple raison qu’elle a atteint le principal résultat figuré dans son cahier de charge : organiser les élections afin de faciliter le retour à l’ordre constitutionnel.
Aujourd’hui, les centrafricains sont fondés à jubiler ce retour tant attendu, d’autant plus qu’il laisse préjuger, selon nombre d’observateurs politiques, une gouvernance susceptible de poser les bases d’un véritablement développement en Centrafrique. Cet avis, bien que motivé et justifié, me paraît chargé d’optimisme exagéré que d’un avis coloré d’objectivité et de la neutralité axiologique. Contrairement à ceux qui sont optimistes, loin de baigner dans le pessimiste, je reste très réservé et mesuré. Sans doute, me diriez-vous, quels sont les mobiles de ma prise de position ? Ils sont, en effet, nombreux, mais dans le cadre de cette analyse, je délimite ma réflexion autour des accords politiques signés par l’équipe de la campagne de FAT avec de nombreuses personnalités politiques.
Précisons d’entrée de jeu qu’un soutien politique apporté par une personnalité politique ou un parti politique à un candidat aux élections ne conduit pas inexorablement à la signature des accords politiques. Ainsi, s’agit-il en réalité d’une option et non pas d’une obligation. D’ailleurs, dans le cas centrafricain, certains partis politiques, à l’instar du PUR, ont apporté un soutien à FAT sans que cela soit précédé d’un accord politique explicite. Toutefois, très peu de partis politiques ont apporté leur soutien sans accord politique. En revanche, la règle dans le cas de nombreux soutiens observés est que ces derniers viennent à la suite des accords politiques. Alors, que se cache derrière ces accords dont les contenus restent un secret pour l’opinion aussi bien nationale qu’internationale ?
Il m’est fondamentalement impossible de révéler le contenu desdits accords, en revanche puis-je me permettre d’analyser ce que peuvent apporter ces accords politique en termes des résultats pour le nouveau gouvernement. Déjà, notons qu’à l’actif de ces accords, il faut ranger la victoire de FAT. Cependant, cette victoire rentrera définitivement dans l’histoire politique de la R.C.A lorsqu’elle aboutira à la mise en place d’un gouvernement efficace, efficient et pertinent. Or, le profil des acteurs signataires des accords politiques pourrait entrainer la formation d’un gouvernement bourré de personnalités politiques en quête d’un « retour sur investissement ». L’expression « retour sur investissement » semble inadaptée, mais c’est celle qui convient de mon modeste avis.
En réalité, nombre de personnalités politiques n’ont pas soutenu FAT de façon désintéressée ou encore dans le but de barrer la route à son adversaire du second tour. Les partis et personnalités politiques apportant leurs soutiens attendent au retour leur nomination à des postes ministériels ou à des hautes fonctions de l’Etat. Une fois accédé au pouvoir, il devient, dès lors, « logique » de chercher à récupérer les dépenses effectuées pendant la campagne électorale avec des « bénéfices » qui sont qualifiés à tort ou à raison de « retour sur investissement ».
Un autre aspect qui attire mon attention est la problématique du renouvellement de la classe politique centrafricaine. Tout porte à croire que la classe politique centrafricaine est confrontée à un véritable problème de renouvellement au point que les mêmes reviennent presque tous les temps. J’ai fort à parier que très peu de nouveaux visages apparaitront dans le premier gouvernement qui se mettra en place dans les jours prochains. Au regard du passé de nombreux soutiens à FAT, peut-on accorder une présomption de bonne foi à nos futurs ministres ? A chacun de faire sa propre opinion.
Paul-Crescent BENINGA
Analyste Sociopolitique