L’impunité est le ventre mou des institutions africaines, a déclaré, mercredi, à Abidjan Alioune Tine, Directeur régional d’Amnesty International, estimant qu’il y a ‘’peu d’efforts pour poursuivre les auteurs des crimes’’.
Tine qui présidait le lancement régional du Rapport annuel 2015/2016 d'Amnesty International sur la situation des droits humains dans le monde, a relevé que ‘' l'impunité reste de mise pour les graves violations des droits humains en Afrique'' où elle a encore ‘'empêché des victimes de connaître la vérité et d'obtenir justice''.
‘'Les efforts du Cameroun, du Nigéria, de la République centrafricaine ont été insuffisants pour s'attaquer à ce problème bien ancré, les auteurs présumés de crimes de droit international étant rarement conduits à rendre des comptes'', a déploré Alioune Tine.
Il a dénoncé les ‘'l'adoption des lois restrictives de liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique'' en Mauritanie, au Burkina Faso, au Tchad, au Togo, au Congo et en Guinée.
‘'Dans ces pays aussi, les forces de sécurité ont utilisé de manière excessive la force contre des manifestants pacifiques, en particulier dans le contexte d'élections et de transitions'', a relevé M. Tine soulignant ‘'les violations des droits des femmes et des filles à l'éducation et aux services de santé sexuelle et reproductive''.
Selon lui, la sous-région Afrique de l'Ouest et du Centre est confrontée à de nombreux défis créés et entretenus par des gouvernements qui placent les intérêts politiques avant la vie des gens et des réfugiés sont plongés dans la souffrance alors que les groupes armés s'en prennent ‘'délibérément'' aux civils et commettent de ‘'graves violations'' des droits humains.
‘'Face à la violence des groupes armés et aux mesures restrictives imposées par les autorités dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la sécurité et les libertés de millions de personne en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale ont été mises en danger durant l'année 2015'', a fait remarquer Alioune Tine.
Au Cameroun, au Niger, au Nigéria et au Tchad, a-t-il cité en exemple, des centaines de civils ont été tués, torturés ou violés lors d'attaques menées par Boko Haram contre la population civile tandis que les forces de sécurité ont incendié des biens, procédé à des arrestations arbitraires et exécuté de manière extrajudiciaire des membres présumés du groupe armé.
Pour M. Tine, les dirigeants africains ont le pouvoir ‘'d'empêcher que toutes ces violations ne s'aggravent davantage et n'échappent alors à tout contrôle''.
Les Etats, a-t-il conclu, doivent cesser leurs attaques contre ‘'nos droits'' car ‘'ils ne sont pas un accessoire mais ils sont indispensables''.
Amnesty International est un mouvement mondial réunissant plus de sept millions de personnes qui agissent pour que les droits fondamentaux de chaque individu soient respectés.
La vision d'Amnesty International est celle d'un monde où chacun peut se prévaloir de tous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et dans d'autres textes internationaux relatifs aux droits humains.