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Centrafrique Les témoignages qui accusent des casques bleus marocains
Publié le mardi 1 mars 2016  |  yabiladi.com
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© Autre presse par DR
Une vingtaine de casques bleus rapatriés pour mauvais traitement sur des personnes arrêtées
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Le Washington Post est allé à la rencontre des victimes d’abus ou d’exploitations sexuelles des troupes de l’ONU en République centrafricaine. Des témoignages accusent des casques bleus marocains et l’une des victimes raconte comment elle doit aujourd’hui élever seule son fils, sans véritable moyen de subsistance.

« Il n'y avait aucun moyen d'obtenir de la nourriture ou de l'argent à l'époque, et ils promettaient de nous aider si nous passions la nuit avec eux », déclare au Washington Post Rosine Mengue. Aujourd’hui âgée de 18 ans, cette centrafricaine en avait 16 au moment des faits, en 2014, lors du lancement de la mission de maintien de la paix des Nations Unies en République centrafricaine.

La jeune femme explique avoir reçu l'équivalent de 4 dollars US (environ 40 dirhams) à chacune de ses deux rencontres avec un casque bleu marocain à Bangui. Suite à ces relations, Rosine s’est retrouvée enceinte et est aujourd’hui mère d’un garçon de 1 an qu’elle élève dans des conditions très précaires aux côtés de sa propre maman. Comme elle, de nombreuses jeunes filles -parfois même adolescentes- se sont retrouvées enceintes suite à des abus ou exploitations sexuelles par les troupes de l’ONU en République centrafricaine. Les Nations Unies les appellent « Peacekeeper babies » ou « bébés des pacificateurs ».

Un rapport de l'ONU appelle à la responsabilité des pères

Selon le Washington Post, le quartier Castors est le principal lieu de quête des casques bleus. Les habitants disent que les troupes rôdaient furtivement autour du quartier à la recherche des filles pendant la journée et sortaient la nuit pour les rencontrer dans des chambres louées ou des maisons abandonnées, ou pour les emmener dans les casernes. Selon les témoins, les troupes marocaines auraient fait des trous dans le mur d'enceinte de leurs bases, afin de passer inaperçues.

Une fois leur mission terminée ou sur décision hiérarchique, ces soldats retournent dans leurs pays d’origine, sans jamais reconnaître les enfants nés de leurs relations avec les jeunes centrafricaines, qui en dépit de leurs difficiles conditions de vie, reçoivent très peu de soutien de l’ONU. Ce serait le cas du géniteur du fils de Rosine Mengue. Il serait retourné au Maroc.

Les Nations Unies étant confrontées à ce type de scandales depuis plus de deux décennies, un rapport interne de 2005 reconnaissant le problème des « peacekeeper babies » estime qu’ « il est nécessaire de faire en sorte que les pères, qui peuvent être identifiés -par le biais notamment d’analyses de sang ou d'ADN- portent une certaine responsabilité financière de leurs actions ».

Mission impossible ?

Selon des responsables onusiens cependant, il serait difficile d’identifier les soldats hors-la-loi une fois retournés dans leurs pays d’origine. Et même si les victimes connaissent leurs noms, les armées dans de nombreux pays se sont révélées non coopératives pour la réalisation des tests ADN, indiquent les responsables au sein de l’ONU.

Les soldats de 10 pays au total sont concernés par les cas d’abus et d’exploitation sexuels en Centrafrique, d’après les mêmes sources. Mais seule une accusation criminelle a été déposée sur les 42 cas d'abus ou d'exploitation sexuels officiellement enregistrées par l’ONU.

L’implication de soldats marocains dans ces actes est évoquée depuis l’année dernière. La pression d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU a même poussé les Forces armées royales à ouvrir une enquête sur plusieurs soldats. Le nouveau chef de la mission de l'ONU, Parfait Onanga-Anyanga, estime que les cas découverts à ce jour peuvent n’être que la « pointe de l'iceberg ». « Nous allons être inondés par les revendications de paternité », a-t-il déclaré.
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