Le nouveau président centrafricain Faustin Archange Touadéra, déclaré officiellement élu par la Cour constitutionnelle mardi à Bangui avec 62,69% des voix au terme du second tour de l’élection présidentielle tenu du 14 février, contre 37,21% à son adversaire Georges Anicet Dologuelé, a promis d’être un dirigeant rassembleur, pour sortir son pays de la crise.
Ancien Premier ministre du régime de François Bozizé entre 2008 et 2013 avec un bilan jugé positif surtout en raison d’une bonne gestion des dossiers financiers et économiques tels le paiement des arriérés de salaires de 24 mois dus aux fonctionnaires, Faustin Archange Touadéra devient, à 58 ans, le deuxième chef de l’Etat démocratiquement élu de la République centrafricaine (RCA), après Ange-Félix Patassé, en 1993.
Trois ans après l’exercice de ces fonctions, il est porté à la tête d’un pays au tissu social et économique cependant détruit par un conflit civil d’une rare violence, aux relents d’affrontement intercommunautaire entre chrétiens et musulmans, ce qui rend sa mission ardue pour donner satisfaction aux fortes attentes des populations centrafricaines meurtries par cette crise.
"Mon premier devoir dès la prestation de serment sera d’œuvrer au rassemblement de toutes les Centrafricaines et de tous les Centrafricains autour des idéaux de paix et de tolérance", a-t-il promis dans une déclaration faite mardi soir à Bangui, après la validation de son élection par les résultats proclamés par la Cour constitutionnelle plus tôt en matinée.
La même promesse avait déjà faite pendant la campagne électorale puis le 21 février, au lendemain de la publication par l’Autorité nationale des élections (ANE) des résultats provisoires du second tour du scrutin présidentiel qui l’avaient plutôt crédité d’une victoire nette portant sur un score de 62,71% des voix, contre 37,29% à son rival Georges Anicet Dologuelé.
"Je serai le président de la réconciliation nationale, une réconciliation nationale sans laquelle rien ne sera possible. Oui, cette réconciliation nationale est nécessaire pour faire face aux exigences légitimes de notre peuple", a-t-il martelé.
Ce professeur de mathématiques pures et par ailleurs ancien recteur de l’Université de Bangui, qui jouit également de la sympathie de ses anciens étudiants qui reconnaissent en lui un bon dirigeant universitaire, a en outre annoncé s’engager pour son mandat de cinq ans au Palais de la renaissance de Bangui, pour "une démocratie vivante, apaisée, respectueuse des droits de chaque citoyen".
Il a exprimé sa gratitude à la communauté internationale pour "son soutien décisif" dans un "moment très difficile pour notre pays".
"Une communauté internationale qui a en outre permis le bon déroulement de ce second tour de l’élection présidentielle", a-t-il ajouté.
Piloté par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à travers la mise en place d’un Projet d’appui au cycle électoral centrafricain (PACEC), ce scrutin, précédé de la tenue d’un référendum constitutionnel le 13 décembre, a en effet été essentiellement financé par les partenaires extérieurs.
A peine sa victoire annoncée par les résultats provisoires publiés deux jours auparavant par l’ANE, Faustin Archange Touadéra s’est rendu en visite les 22 et 23 février à Malabo en Guinée équatoriale et le jour suivant à N’Djamena au Tchad pour témoigner sa reconnaissance aux dirigeants de ces deux pays d’Afrique centrale cités par certaines sources parmi ses soutiens lors de la campagne électorale.
D’après l’agenda officiel, l’investiture du nouveau président est programmée le 30 mars, mais cette cérémonie pourrait avoir lieu quelques jours plus tôt, selon son entourage contacté mardi à Bangui par Xinhua. Celui-ci, qui parle de discussions en cours avec les autorités de transition, évoque plutôt le 25 mars comme nouvelle date probable.
Cet événement marquera un nouveau départ après trois ans de violence pour la RCA et en même temps la fin de deux ans de transition dirigée par Catherine Samba-Panza, désignée après l’éviction sous la pression de la France de Michel Djotodia lors d’un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), tenu en janvier 2014 à N’Djamena (Tchad).
A la tête d’une coalition rebelle du nom de la Séléka, Djotodia avait pris le pouvoir le 24 mars 2013 à Bangui au terme de trois mois d’offensive armée contre le régime de François Bozizé, lui-même tombeur d’Ange-Félix Patassé dix ans auparavant.
La persistance des violences à Bangui et dans d’autres localités du pays avait fini par agacer l’ex-puissance colonisatrice et certains pays de la CEMAC comme le Tchad (qui venait déjà de lâcher Bozizé après l’avoir soutenu lors de sa prise du pouvoir en mars 2003) avec lequel l’ex-chef rebelle avait eu des démêlés sur le contrôle du pouvoir.
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