Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Centrafrique    Publicité
aBangui.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Kamoun: s’il y a la volonté même avec peu de moyens,on peut réaliser plein de choses
Publié le mardi 15 mars 2016  |  Centrafrique Libre
La
© AFP par PACOME PABANDJI
La présidente centrafricaine Catherine Samba-Panza reçoit le nouveau premier ministre Mahamat Kamoun
Lundi 11 aout 2014. Centrafrique. Photo : Le nouveau premier ministre de la Centrafrique Mahamat Kamoun
Comment




Dans la première partie de notre entretien avec le PM Mahamat Kamoun hier, nous avions annoncé au conditionnel l’arrivée du DG du Fonds saoudien. Selon des sources dignes, ce dernier est arrivé à Bangui le dimanche dernier. Il a effectué une tournée de travail en provinces en compagnie du PM centrafricain qui n’est plus que jamais décidé à laisser des traces plutôt que de penser à ses intérêts égoïstes et catégoriels comme on l’a souvent remarqué dans ce pays. Qu’il parte ou qu’il soit maintenu dans ses fonctions de premier ministre par le président Touadera, Kamoun aura réussi à marquer son passage à la tête du gouvernement: celui d’avoir réussi à rétablir la coopération entre le Fonds saoudien qui a déjà financé de nombreux chantiers dans le domaine des infrastructures en RCA. Nous vous proposons la suite de notre interview avec le PM Kamoun.

Bangui est en chantier, il y a des travaux un peu partout dans la ville. On sait que vous êtes le principal artisan de toutes ces actions positives. On a appris que vous avez obtenu un financement du Fonds islamique après d’âpres négociations. Ces fonds sont semblent-ils destinés à la réhabilitation des infrastructures routières et à la préservation des acquis sociaux. Pourquoi note –on une absence de communication sur toutes ces actions ? Qu’avez-vous réservé en contre partie au Fonds islamique ?

Écoutez la réhabilitation des infrastructures routières aussi bien dans la ville de Bangui qu’à l’intérieur du pays fait partie des priorités du gouvernement. Nous nous sommes dit que dans les perspectives de la fin de la transition au mois de décembre 2015, et même si c’est vrai que nous avons réussi à stabiliser le front social à travers le paiement des salaires, les pensions et les bourses, il fallait aussi faire quelque chose de tangible. On ne pouvait pas partir sans réaliser quelque chose et donc c’est pour cela que nous nous sommes dit que sur les financements propres de L’État il fallait faire des ponctions. Ponctionner sur les différents fonds, le compte d’affectation spéciale, et même sur le compte du trésor public; réunir un petit peu de moyen pour essayer de réhabiliter quelques axes dans la ville de Bangui. Nos compatriotes ont peut-être pensé que c’était l’arrivée du pape qui a permis de réhabiliter ces routes. Non, c’était une coïncidence. Coïncidence parce que c’est quelque chose que le gouvernement avait déjà planifié et programmé. Nous avons mis les entreprises centrafricaines à contribution donc l’ONM et l’entreprise GER pour réaliser plus de 12 km. Si vous voyez les axes autour de la cathédrale, l’axe qui mène de la cathédrale au rond-point Boganda, si vous regardez les alentours de l’hôtel du centre, vous avez la somme de ces 12 km. Nous nous sommes dit qu’on ne pouvait pas s’arrêter là. L’avenue de la CEMAC qui est une avenue très importante n’a pas été réhabilitée depuis 30 ans avec toutes les souffrances que nos compatriotes subissent, il fallait faire quelque chose. Et donc nous avons fait l’évaluation avec l’entreprise GER qui a la capacité de faire ces travaux,nous avons dégagé sur le budget de l’Etat 1 milliard de FCFA qui va servir au bitumage de cette importante avenue. Nous allons soulager nos compatriotes de la poussière et sans doute des maladies liées à cette dégradation. Cet axe présente un intérêt vital dans la mesure où le pont sapéké qui est cassé nécessite beaucoup de temps pour sa réhabilitation. Il fallait donc construire cette route rapidement pour que le trafic se fasse et soulager les forestiers, les taxis, le carburant, les bières de la brasserie MOCAF, enfin les usagers évalués à plusieurs milliers, qui passent quotidiennement sur cette avenue. Voilà pourquoi nous nous sommes dit qu’il fallait poser cet acte avant de partir même si les travaux prendront trois ou quatre mois avant de finir. Car il faut aussi construire les voies de dégagement de l’eau ou la canalisation. Tout ceci pour vous dire que si il y’ a la volonté même avec peu de moyens, on peut réaliser plein des choses.

M. le premier ministre pourriez-vous nous donner des éclaircissements sur les milliards que le fond saoudien va déverser et informer vos compatriotes qui sont devenus réticents depuis la grande crise sur ce qu’attend l’Arabie Saoudite en retour ?

Écoutez nous nous sommes inscrits dans une logique de diversification de nos partenaires financiers. Si vous voyez bien aujourd’hui la RCA est appuyée et soutenue par les institutions de Bretton Woods, la Banque Mondiale et le Fond Monétaire international. Vous avez la BAD, l’Union Européenne qui est le premier partenaire de la RCA et les partenaires bilatéraux tels que la France, les États unis et la Chine dans une certaine mesure. Pour un pays qui a des besoins énormes en matière de financement pour faire des investissements publics ce n’est pas assez. Donc, il fallait aussi rechercher d’autres sources de financement et par le passé nous avons beaucoup travaillé avec le fonds saoudien, le fond Kowétien, le fond Copec et la BADEA qui se trouve à Khartoum. En notre qualité d’ancien directeur de la dette nous savons plus ou moins que ce n’est pas pour la première fois que le Fonds saoudien et les autres fonds arabes interviennent dans notre pays. Si vous voyez bien l’aéroport Bangui M’poko c’est pas le fait du hasard. La piste de l’aéroport, la route Bangui-Bossembélé, Bangui-Sibut et même la construction du barrage de Mbali à Boali, ont été réhabilitées dans le passé grâce aux fonds arabes. Donc pour des raisons d’arriérés nos relations ont été suspendues. Et donc nous avons juste chercher à réactiver cette coopération et c’est dans ce cadre que nous étions à l’invitation de l’Arabie saoudite. Nous étions à Ryad et Djeddah pour visiter le siège de l’OCI qui est la branche politique des fonds arabes. Nous avons visité la Banque Islamique de Développement qui est une grande institution qui finance beaucoup de projets dans les pays d’Afrique de l’Ouest, même en Afrique centrale au Tchad, au Cameroun, au Gabon etc… Et donc au cours de cette visite nous avons été reçus par sa majesté le roi et on nous a présenté le Fonds saoudien qui est la branche économique et financière de ce pays. C’est une grande institution au même titre que la banque mondiale et les autres. Nous avons fait le point de la coopération et ils étaient disposés à nous aider parce les problèmes de la RCA qu’ils ont compris que toutes les crises humanitaires et communautaires soit disant sont liées par la pauvreté. Ils ont décidé de nous faire des dons et en même temps ils ont demandé aux Fonds saoudien d’intervenir ici. Et donc à l’époque on avait quelques arriérés et quand vous avez des arriérés en vers des institutions internationales, vous ne pouvez pas bénéficier des financements. Nous sommes rentrés au pays et nous avons décidé de payer cette dette qui s’élevait à 1,500 milliards de FCFA. Nous avons pris le risque d’éponger cette dette. C’est ce qui a ouvert la voie de la reprise de la coopération du fond saoudien. Donc ils sont venus prendre les projets d’urgence qui étaient évalués à 80 millions de dollars, soit 40 milliards de FCFA dans des domaines divers. Nous nous sommes dit que la piste de l’aéroport Bangui M’poko est fortement dégradée et n’est pas aux normes internationales donc très peu de compagnie acceptent de venir ici à Bangui où s’ils le font, c’est avec tous les risques possible. Ils ont accepté de nous financer la construction de cette piste et comme vous le savez l’aéroport de Bangui est le seul dont nous disposons pour les dessertes internationales et ensuite il faut aussi construire l’avenue des martyrs qui fait 10 km depuis l’aéroport jusqu’au Pk au centre-ville. C’est une route avec des trottoirs et des systèmes d’évacuation des eaux pluviales et l’électrification solaire qui va être réalisée. Ensuite dans les domaines sociaux, il y a la construction de deux amphithéâtres pour augmenter la capacité d’accueil au niveau de l’université de Bangui à 3000 étudiants, il y a aussi la clôture de l’université de Bangui parce que c’est la promesse de la présidente Cathérine Samba-Panza. Et toujours dans le domaine de l’éducation, il y a le lycée Caron qui va être réhabilité et clôturé. C’est aussi un projet qui tient à cœur la présidente de la république. Au niveau de l’électricité nous avons des problèmes avec le démarrage des chantiers de Mbali, de Boali 1, Boali 2 on va se diriger vers une rupture d’électricité au niveau de Bangui, c’est pour cela que nous avons dit qu’il fallait très rapidement acquérir une centrale thermique. Donc là aussi il est prévu d’acquérir l’équivalent de 10 millions de Mégawats, et des groupes électrogènes qui vont être mis à disposition pour solutionner ou pour parier aux problèmes de délestages le jour où ces barrages seront mis en exploitation, et donc on pourra utiliser cette centrale thermique pour alimenter certaines villes de provinces Bossangoa, Bangassou, Bambari ou bien Berberati. Au niveau des autres infrastructures, nous avons l’eau. Dans les 40 milliards il y a un financement pour la construction d’un château d’alimentation d’eau vers la sortie nord de Bangui. Il va pratiquement prendre 8000 mètres cube d’eau et la réhabilitation de 50 km de canalisation d’eau. Il faut remplacer les tuyaux en plomb par les PVC suivant les nouvelles normes internationales pour permettre une desserte en eau dans la ville de Bangui. Et pour finir, il y a un projet de construction de 66 centres de santé à l’intérieur du pays. Nous savons que c’est difficile de réaliser ce projet actuellement, c’est pour cela que nous sommes en train de voir avec le DG du Fonds saoudien pour transformer ce financement par la construction d’un grand centre d’analyses ici à Bangui.On a identifié un terrain au niveau de Lakouanga pour qu’on puisse mettre tout ce qui est plateau technique ici. Comme vous le savez, L’État dépense beaucoup d’argent dans les évacuations sanitaires. Et 66% de ces évacuations, c’est pour aller faire des examens : dialyses, les IRM etc. Nous avons pensé qu’il faut créer un grand centre pour que les centrafricains puissent avoir de la chance d’aller faire leur diagnostic de la manière la plus poussée sur place plutôt que de se faire soigner à l’étranger.

Voilà tous les projets d’urgences qui vont être financés dans les 40 milliards déjà disponibles. Maintenant il y a aussi les grands projets structurants qui sont aussi derrière : la construction de la nouvelle aérogare de la ville de Bangui, le directeur général du Fonds saoudien est arrivé ce lundi à Bangui. Il est là pour dérouler les grands projets, c’est-à-dire la construction d’une nouvelle deuxième piste de 3600 mètres pour prendre les gros porteurs, ce serait même une des premières infrastructures en Afrique centrale. Pour l’instant la piste fait 2600 mètres. La deuxième comportera 3600m pour accueillir les gros porteurs comme je l’ai déjà dit. L’objectif est de moderniser notre unique aéroport . Ensuite il y aura le désenclavement du pays la construction des routes pour permettre le désenclavement du pays à partir de Sibut pour aller jusqu’à Birao et de Sibut à Obo via Bambari. Tous ces projets ont été discutés et ils sont prêts à les financer.

Si vous voulez il y a une partie qui sera des dons et une autre qui sera consenti en prêt à L’État centrafricain.

Ces projets seront réalisés dans un bref délai ?

La construction de la piste plus la route depuis l’aéroport jusqu’au PK0 c’est-à-dire l’avenue des martyrs, l’avenue de l’aéroport jusqu’à la place Marabena, l’avenue des martyrs, l’avenue du docteur Conjugo, l’avenue Boganda ont été déjà attribuées à l’entreprise DEC qui est une entreprise sud-africaine. Ils ont commencé déjà à déployer leurs matériels à partir de Douala. La piste va être construite durant 45 à 60 jours. Ils vont travailler de 18 heures à 6 heures du matin et leurs expertises, ils l’ont faite sur l’aéroport de Johannesburg, donc çà leur posera pas beaucoup de problèmes et c’est eux qui vont réaliser aussi cette route. Les autres projets d’urgence comme l’université et les autres, nous sommes en train de faire des appels d’offre. On a choisi une entreprise française pour le contrôle légiste. Cette entreprise travaille avec l’AFD. Ils sont là pour la clôture de l’aéroport, donc le gouvernement centrafricain les a sollicités pour nous aider à procéder aux appels d’offre. Je crois que c’est déjà fait et le directeur général du Fond Saoudien qui est là va nous permettre de vite nous situer.

M. le premier ministre, on sent que vous avez de la volonté pour marquer votre passage au gouvernement mais nous sommes à un mois de la fin de transition. Pensez-vous que ces projets pourront être réalisés si vous n’étiez plus en fonction ? Seriez-vous prêt à accompagner le président Touadera dans les œuvres de la reconstruction de la RCA s’il vous faisait un appel ?

Écoutez moi je ne vois pas la transition comme une fin en soi. Nous sommes avant tout des fonctionnaires, nous avons travaillé pour notre pays pendant la transition et nous continuerons à travailler après. Il y a une continuité dans l’action gouvernementale ; Donc on ne fait pas les choses pour soi, on le fait pour son pays.

Vous êtes comme un soldat vous serez toujours prêt à servir votre pays ?

Que çà soit mon successeur ou quelque soit l’endroit où je serai, je vais contribuer à ce que ces projets se réalisent dans l’intérêt de notre pays. Je ne vois pas les choses en termes de fin de transition, je tiens seulement à ce que ces projets se réalisent. Le Fonds saoudien est une grande institution fiable et stable

Qui intervient partout dans le monde ?

Oui, le monde entier. C’est pour cela que je profite de l’opportunité que vous m’offrez pour saluer le directeur du Fonds saoudien qui a pris les problèmes des centrafricains à cœur. Parce que les procédures d’approbation et de financement au niveau de cette institution prend généralement beaucoup de temps mais en ce qui nous concerne, ils ont utilisé la procédure d’urgence pour mettre en chantier tous ces projets dont je vous ai parlés.

Vous avez l’air posé, serein à quelques jours de la fin de la transition alors qu’un bon nombre de vos compatriotes souhaitent un audit sur votre gestion, notamment le dossier du don angolais dont votre nom y avait été associé ? Seriez-vous prêt à coopérer avec le nouveau gouvernement au nom de la transparence pour lever toutes les suspicions qui pèsent sur cette affaire ?

J’ai entendu certaines personnes ou certains candidats ou certaines autorités qui pensaient qu’ils allaient être aux commandes de l’État à la fin de la transition, procéder à un audit. Nous n’avons pas peur d’un audit et c’est quelque chose de normal. C’est une occasion pour faire un État de lieu, de savoir ce qui a été fait et connaitre sur quelle base repartir. Il n’y a pas de problème.

Le don angolais je l’ai déjà dit à plusieurs reprises. Vous savez si y a des institutions qui doivent dénoncer les malversations , la mauvaise gestion financière d’un pays, ce sont les institutions de Bretton Woods, le Fond Monétaire International et la Banque mondiale. Nous sommes en relation avec le FMI et la Banque M. Nous avons même renforcé ces relations. Donc si la banque ou le fond n’ont rien dit cela veut dire qu’il n’y a pas eu de détournement. Les gens ont voulu s’en servir comme un instrument de manipulation politique pour juste salir les autorités de la transition, notamment la présidente et le premier ministre et aussi il y a quelque chose derrière, c’est fait à dessein pour brouiller les bonnes relations qui existent entre notre pays et le pays frère l’Angola. C’est tout, et Dieu merci cette stratégie n’a pas marché.Le peuple centrafricain a compris que ces fonds ont été correctement utilisés. Jamais dans aucun pays au monde on a demandé aux autorités de justifier les caisses noires et les fonds spéciaux.

Interview réalisée par Wilfried Maurice SEBIRO
Commentaires


Comment