S’il fallait demander à la cheffe d’Etat de la transition, Catherine Samba Panza de dresser le bilan de sa gestion à la tête de la nation centrafricaine, beaucoup d’âmes vont sourciller et scruter le ciel. Le mandat de trois années, la transition a vacillé et les programmes de développement sont occultés simplement parce que le pays paralysé était sous tutelle de la communauté internationale à cause de la crise qui l’a frappé de plein fouet. Les gens se perdent en conjectures au sujet de cette transition dont le bilan est mitigé. Cette situation exceptionnelle nécessite une politique hardie pour restaurer l’autorité de L’État, engager un mécanisme d’un retour à la paix tout en privilégiant la cohésion sociale pour que les communautés en conflit puissent enfin fumer le calumet de la paix.
On assiste à un prêche à ceux qui, incrédules, pensent que les discours oiseux peuvent apporter une solution apaisée afin de remettre tout le monde au travail en attendant d’enclencher le processus électoral dont l’issue devait clore la transition qui n’a que trop durer. Les consultations populaires à la base qui ont précédé la tenue du Forum de Bangui furent une occasion de bavardage puisque dans ce pays; les recommandations et résolutions issues des foras ne sont jamais appliquées. Pour être plus précis, il y avait eu les accords de cessation d’hostilité sur le terrain signés par les différents belligérants sans exclusive à Brazzaville sous les auspices du président Congolais Denis Sassou Nguesso, médiateur international dans la crise centrafricaine, initiateur de cette rencontre au sommet.
On s’attendait à un pari tenu et défi relevé et cela sans compter avec la réaction épidermique des leaders de certains groupes armés réfractaires pourtant signataires dudit accord qui, au lendemain, se sont déjugés, pour reconsidérer l’acte posé. C’est ainsi que sur le plan sécuritaire, la violence a repris de plus bel dans la préfecture de la Ouaka (centre-est du pays) où les antibalaka et les peulhs de l’Union du Peuple Centrafricain (UPC) du « Général » autoproclamé nigérien Ali Dharas, s’affrontaient .
Par ailleurs, l’ancien N° 2 de Michel Djotodia, Nourredine Adam qui installe sa base à Kaga Bandoro a lu toutes ces démarches à l’envers pour pouvoir reprendre les armes sous la barbe des forces internationales de la MINUSCA Adeptes de la partition de la Centrafrique, profitant de la passivité des forces internationales, ses éléments sécessionnistes ont érigé le drapeau de la nouvelle république fantoche du nom Logone créée de toutes pièces. La cérémonie d’érection des couleurs s’est déroulée à la mairie de Ndélé en présence des forces de la MINUSCA et ont flotté pendant des heures avant d’être retirées. Cette balkanisation de la Centrafrique n’émeut personne. Tout le monde émet le même son de cloche, l’embargo imposé par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies sur la vente des armes à la RCA et l’inopérationnalité des Forces Armées Centrafricaines (FACA) mises à l’écart depuis la crise.
Nécessité de commettre un audit
A la lumière de ce qui précède ajoutant aux exactions commises par les extrémistes musulmans de Km5, véritables épines sous les pieds d’un gouvernement amorphe, incapable d’engager des actions rigoureuses pour cesser les tueries de la population civile et libérer cette zone commerciale à la circulation. A ce sujet, on note le plus souvent la variation dans les propos des dirigeants qui estiment que les désarmer aura des conséquences désastreuses c’est-à-dire que cette communauté sera exterminée. Revigorés par ce raisonnement stupide, puéril et saugrenu, les extrémistes pratiquent la politique de terre brûlée. Des centaines de maisons sont incendiées et les propriétaires en cavale sans aucune assistance du gouvernement qui a mis le feu à la poudre.
A ce jour, la priorité des centrafricains reste et demeure la sécurité et la paix, afin de permettre la reprise des activités dans tous les domaines de développement. Cette équation semble échappée aux autorités de la transition au besoin d’abandonner le sort des infortunés déplacés entre les mains des organisations humanitaires internationales dont la mission se limite dans le temps et dans l’espace. Pendant la période de la transition, l’aspect de l’assistance humanitaire a manqué du punch alors qu’il existe bel et bien un ministère des affaires sociales et de l’action humanitaire.
Le social s’effrite au fur et à mesure à cause de l’immobilisme des autorités de la transition. Sur ce plan, l’assistance accrue de la communauté internationale ne suffit pas de résoudre à la fois tous les problèmes. La curiosité viendra du fait du fait que ladite communauté assiste ce pays sur le plan budgétaire, les régies financières généraient des recettes publiques de susceptibles de constituer un fonds d’investissement. Avant d’être limogé du département des finances et du budget; l’ancien ministre Abdallah Kadre déclarait à qui voulait l’entendre au début de l’année que les caisses de L’État sont suffisamment garnies et que le Trésor Public pouvait valablement verser trois mois de salaires aux fonctionnaires et agents de L’État, les bourses aux étudiants, les pensions aux retraités, payer les dettes intérieures etc. Catherine Samba Panza juge inopportune cette déclaration en public. Bien entendu, cela lui a valu son poste.
Soit! Au plus fort de la crise, des enquêtes sont ouvertes et aucune conclusion n’est rendue publique pour poursuivre les auteurs présumés des crimes odieux et autres crapuleries sur le plan économique. Justement, en ce qui concerne les crimes économiques, il ya lieu de rappeler l’affaire des fonds angolais détournés qui a fait de l’interpellation du chef du gouvernement Mahamat Kamoun qui n’a pas pu convaincre le Conseil National de Transition qui renvoie l’affaire devant la Cour des Comptes pour une enquête approfondie. Malheureusement l’enquête piétine et Catherine Samba Panza est sur le point de partir.
Donc, selon certains esprits clairvoyants, pour baliser le terrain aux nouvelles autorités démocratiquement élues, il faudrait nécessairement commettre un audit.
Freddy MASSENGUE