L’élection du Pr Touadéra à la magistrature suprême n’a été possible que grâce à un éveil de conscience populaire après plusieurs décennies de crises en RCA. L’ampleur de cette victoire aux allures de plébiscite, exprime l’énorme espoir et les grandes attentes des Centrafricains.
Au-delà de l’euphorie générale ayant suivi sa désignation comme celui qui conduira la destinée des Centrafricain pour les cinq prochaines années, il y a lieu de savoir que le chantier qui attend Touadéra est immense
Nul n’ignore que de nos jours la misère est effroyable, et les Centrafricains ont fini par perdre tout espoir. Cette misère généralisée a malheureusement contraint une bonne frange des jeunes femmes centrafricaines à exercer le plus vieux métier du monde pour survivre. Avec toutes les conséquences récurrentes où la RCA se passe pour l’un des pays de la sous-région où le taux de prévalence du SIDA est parmi les plus élevé. Le clientélisme et la corruption sont érigés en système de gestion.
Bref la déliquescence du tissu économique et social est à un point où on peut craindre la disparition de la RCA du continent africain si les nouvelles autorités qui seront bientôt investies ne rompraient pas avec les mauvaises mœurs du passé . Car la pourriture de la situation est à son comble. Mais à l’orée de cette future mandature du Pr Touadéra, l’une des préoccupations de l’heure reste celle de la grande muette.
Il suffit de parcourir les armées dépêchées par leur pays respectif en Centrafrique pour se rendre à l’évidence du dénuement de l’armée centrafricaine. Une armée qui pleure comme un poisson à l’air libre suffoquant sous la chaleur. Du Congo-Brazzaville en passant par le Tchad, le Cameroun, le Gabon et l’Afrique du Sud, il n’y a pas de comparaison possible. Tout porte à croire que l’État centrafricain est totalement en faillite. Et la RCA en avait fait le frais de cette faillite de l’armée à l’arrivée des rebelles de la Séléka en 2013.
Mais avec le recul, il ne fait aucun doute que la cause de cette déliquescence de l’armée n’était autre que l’interminable problème de PGA (Prime Globale d’Alimentation) la logistique en dent de scie et le florilège accordé à la garde présidentielle au détriment des autres corps.
Par-dessus tout, beaucoup de nos soldats ayant pris part au combat et blessés, se sont souvent fait soigner par leurs parents. La RCA couvre 623.000Km2 avec une population d’environ 4 millions d’habitants, totalement ouverts aux attaques des virus de tous bords. De sorte que la LRA de Joseph Kony et les délinquants de tout poils trouvent en RCA un terrain de prédilection.
La RCA n’a plus d’anticorps puisque souvent les autorités fondent leur espoir sur des bras armés étrangers. Il est un secret de polichinelle que l’armé centrafricaine était toujours l’ombre d’elle-même, gesticulant bon gré mal gré parmi leurs frères d’armes d’autres nations, bien équipés, bien entretenus, bien habillés, ayant une haute idée de leur mission. Une armée qui ne s’entraine pas, qui ne fait pas d’exercice de tirs, n’en est pas une. Et c’est la situation dans laquelle vivotent les FACA.
D’ici quelques semaines, le président centrafricain nouvellement élu va prêter serment pour garantir l’intégrité du territoire national. Il serait souhaitable que la question de remise en scelle de l’armée centrafricaine mise au placard et de la levée de l’embargo sur les armes en destination de la RCA puisse être l’un des premiers points que Touadéra aura à débattre avec ses partenaires, notamment le Conseil de sécurité des Nations -unies. Car un pays sans son armée n’est pas un pays souverain.
Dans l’état actuel de la situation sécuritaire en RCA, on estime à plus de cinq milliers d’âmes, le nombre des victimes de la seule LRA. Le souhait de tous, aujourd’hui est de voir les FACA en activité et que le nouveau président puisse veiller strictement à leur dotation. Puisqu’il est clair que la grande muette n’échappe pas à la déconfiture généralisée du pays.
Freddy MASSENGUE