A quelques semaines de la fin de la transition, l’on peut faire sans sourciller ni bégayer le bilan de la gestion présidentielle de Dame Cathy. En accédant à la magistrature suprême le 24 Janvier 2014, Dame Cathy trouva un pays complètement dépravé. En ce temps-là, l’on ne pouvait décrire avec exactitude l’état de déliquescence du pays pour diverses raisons. Primo, les mécanismes de l’administration centrafricaine étaient tous détricotés. Aussi, l’autorité de l’Etat était, à tout moment, battue en brèche par les trublions de la République. Secundo, les protagonistes de la brume contemporaine s’adonnaient constamment à une foire d’empoigne désastreuse, au point de rendre délétère le climat social. On se souviendra tous qu’à cette époque , l’insécurité était très galopante. En plus, l’escalade de la violence était presque devenue la tasse de thé des Centrafricains. Inutile de rappeler que Bangui prenait, sans coup férir, l’allure d’une ville fantôme durant les pires moments de la crise centrafricaine. On se rappelle encore que des corps inertes, parfois en pleine putréfaction, jonchaient les bordures de la route de Bangui à chaque regain de tension. Tertio, la chasse aux sorcières, les rapts, les crimes odieux, les assassinats crapuleux obligeaient la plupart des Centrafricains à vivre dans la ghettoïsation. C’est dans ce climat de frayeur que Dame Cathy avait été élue présidente de la transition en Janvier 2014. Dès l’abord, elle devait restaurer très rapidement l’autorité de l’Etat, réconcilier les Centrafricains entre eux et, avec la Démocratie, relancer l’économie centrafricaine et favoriser la tenue des élections libres et transparentes dans un bref délai. Si l’on doit aujourd’hui dresser le bilan de la présidence de Dame Cathy, ce serait indéniablement sur la base de cette feuille de route. En scrutant à l’encre de la lucidité politique la gestion transitionnelle de Dame Cathy, on constate que son bilan est plus ou moins positif. Grosse modo, Dame Cathy a gagné le pari de l’instauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national. Elle a également réussi à pousser tous les Centrafricains sans exception à fumer le calumet de la paix. Mine de rien, elle a pu, sans difficulté, relancer la machine économique du pays et favoriser in fine la tenue des élections groupées. Au-delà de cette notation très objective, on sait tous qu’il y’a eu beaucoup de ratés sous la transition de Dame Cathy. Les nominations fantaisistes, l’ethnocentrisme, l’égotisme, le détournement des deniers publics, la corruption, le génocide économique, le népotisme, le clientélisme, le favoritisme et la « familiocratie » durant la transition de Dame Cathy ont, de fil en aiguille, tissé le tricot de la chienlit politique du système en place. En outre, l’histoire retiendra les différentes valses d’égo entre les plus hautes autorités de l’Etat qui ont parfois bloqué le fonctionnement du pays lors de l’actuelle transition. Maintes fois, le peuple a assisté, de façon médusée, à une série de passe d’armes entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Le manque de réalisme politique, l’impréparation, le couac institutionnel, l’amateurisme, la procrastination et parfois la reculade de la présidente devant les questions épineuses du pays ont contribué, dès les premières heures de la transition, à la faiblesse de l’appareil institutionnel du pays. A un moment donné , on avait même la faiblesse de penser que la transition de Dame Cathy n’existait qu’à travers les décrets. Sans en avoir l’air, l’ancien président Bozizé avait signé 1092 décrets pendant ses dix (10) années consécutives au pouvoir, Djotodjia en a signé 1206 en 6 mois, et Samba Panza, quant à elle, a signé 2017 en 2 ans. On rapporte même que la présidente a signé 323 décrets au cours du mois de Février dernier. Ces erreurs de casting citées ci-haut ont largement écorché la gestion de la présidente, alors qu’il n’y a pas eu que des ratés sous sa présidence. Même si la gestion de « Angolagate » , qui a fait couler beaucoup d’encre, continue encore de hanter les esprits, il faut admettre que le pouvoir de Dame Cathy s’est, au fur et à mesure, montré à la hauteur des attentes du pays. Au jour d’aujourd’hui, l’autorité de l’Etat est complètement restaurée, le climat des affaires a progressivement repris, les fonctionnaires Centrafricains ont repris le goût du travail et perçoivent surtout leurs salaires à terme échu, les routes sont refaites, les grands chantiers sont en phase de réalisation, etc…En somme, il est impérieux de reconnaître que le bilan de Dame Cathy est plus ou moins positif à la tête du pays. Quitte à Faustin-Archange Touadéra d’impulser la métamorphose radicale du pays. A travers les mots contre les maux, il y parviendra à coup sûr.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE